Les quatre hommes à la 406 étaient signalés depuis vendredi

Les quatre hommes à la 406 étaient signalés depuis vendredi

    Les trois fuyards qui ont abandonné leur complice mort samedi soir, près de l'aire de Bussy-Saint-Georges sur l'A 4, sont toujours recherchés par la direction régionale de la police judiciaire de Versailles. On en sait un peu plus sur le scénario de cette soirée agitée et dramatique, qui s'est soldée par un mort du côté des fuyards

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    Repérés vendredi à la limite de l'Aisne. La Peugeot 406 avait été repérée dès le vendredi dans le village de Nanteuil-sur-Marne, à la limite de l'Aisne. Un habitant avait téléphoné à la brigade de gendarmerie de La Ferté-sous-Jouarre pour signaler plusieurs personnes encagoulées, circulant dans une 406. Plus tard dans la journée, ces mêmes gendarmes reçoivent la plainte d'un autre habitant. Il vient de constater que les plaques d'immatriculation de sa 307 ont été volées à Luzancy.

    La Peugeot réapparaît samedi. Le lendemain, la 406 ressurgit. Une patrouille de la brigade fertoise est arrêtée au feu rouge à la sortie de Sammeron, sur la N 3 en direction de Meaux. Il est environ 22 h 30. Les militaires voient arriver une voiture qui roule comme un bolide. Le conducteur tente de dépasser tous les usagers arrêtés au feu, mais le terre-plein central, dont il ne connaissait visiblement pas l'existence, l'oblige à piler. Se voyant bloqué, il lance la Peugeot à droite, en direction d'Ussy-sur-Marne. Il passe en trombe le pont sur la Marne, tourne à gauche, traverse Ussy. La patrouille des gendarmes s'est engouffrée dans son sillage. Les deux voitures traversent Changis-sur-Marne, repassent la Marne pour entrer dans Saint-Jean-les-Deux-Jumeaux. Pendant qu'ils roulent, les gendarmes donnent l'alerte.

    Neuf coups de feu au péage de Coutevroult. Une patrouille de la BAC (brigade anticriminalité) départementale est prête à intervenir. La course-poursuite se déroule à travers les bois de Montceaux sur la N 3. Les fuyards sèment les gendarmes, mais sont repris en chasse dans Meaux par la police. La course-poursuite continue sur l'A 140, en direction de Paris. Quelques mètres avant le péage de Coutevroult, la Peugeot fait demi-tour et file sur 1 km à contre-sens. Puis demi-tour : retour vers le péage. La voiture de la BAC fait face à la 406 qui lui fonce dessus et l'emboutit. Deux policiers sont sortis du véhicule. La Peugeot se dégage de l'accident et se dirige vers les deux agents debout. Le troisième policier tire à neuf reprises sur le côté droit de la 406.

    Un homme est touché au thorax. Cinq balles se logent dans la carrosserie, une sixième dans le thorax d'Hakim, originaire de la cité des Musiciens, aux Mureaux, dans les Yvelines. L'homme de 29 ans, marié, père de deux enfants, succombe à sa blessure. Il était connu pour des vols, des rébellions et des outrages. Il était employé depuis dix-huit mois à la mairie des Mureaux comme agent de médiation.

    L'auto stoppe avant l'aire de Bussy-Saint-Georges. Quelques minutes plus tard, la Peugeot, avec deux pneus crevés, poursuit sa course en direction de Paris. Elle accidente deux autres voitures. Sept kilomètres plus loin, 500 m avant l'aire de repos de Bussy-Saint-Georges, la 406 pile. Trois occupants s'enfuient en abandonnant leur complice agonisant. Il est 22 h 39, les pompiers sont mis en alerte. A bord de la 406, les policiers retrouveront une cagoule et un pistolet automatique de calibre 22.

    La nuit n'empêche pas les recherches. Plusieurs dizaines de policiers sont déployés autour de l'autoroute, patrouillant sur les petites routes entre Jossigny au nord et la forêt de Ferrières au sud ou guettant, tous feux éteints, la réapparition des fugitifs. Pendant plus de deux heures, un hélicoptère EC 145 de la Sécurité civile équipé d'un dispositif de vision nocturne permettant de voir à 1 km en pleine nuit scrutera en vain les environs de l'autoroute. Vers 1 heure du matin, des maîtres-chiens de la gendarmerie commencent leurs recherches au sol. En vain. Les fuyards resteront introuvables. Dans la 406, les experts de la police scientifiques relèveront empreintes digitales, traces d'ADN et tout indice menant aux fuyards.

    Restent des questions sans réponses. Que venait faire ce quatuor à 120 km des Mureaux ? L'équipe projetait-elle un braquage dans le secteur de La Ferté-sous-Jouarre ou de Coulommiers ? Venait-elle régler des comptes ? La crim enquête sur ces quatre hommes, tandis que l'Inspection générale de la police nationale doit déterminer si le tireur a agi dans le cadre de la légitime défense.