Oise : écolos depuis plus de 20 ans, les Amis du Bochet repartent au combat

Après avoir lutté en 2000 contre l’extension de la décharge de Liancourt-Saint-Pierre, puis en 2001 contre des épandages de boues, l’association reprend du service. Dans son viseur, les décharges sauvages, les méthaniseurs et la terre du Grand Paris.

Fresnes-Léguillon, ce mardi. Jacques Léraillé et Pierre Chataigné, président et secrétaire de l'association les Amis du Bochet, déplore un dépôt de déchets sauvages dans un bois. LP/P.C.
Fresnes-Léguillon, ce mardi. Jacques Léraillé et Pierre Chataigné, président et secrétaire de l'association les Amis du Bochet, déplore un dépôt de déchets sauvages dans un bois. LP/P.C.

    Entre Senots et Fresnes-Léguillon, un vieux pneu est abandonné à l’orée d’un bois. En suivant sous les arbres Jacques Léraillé et Pierre Chataigné, président et secrétaire de l’association écologiste les Amis du Bochet, on en découvre des centaines. Il y a aussi des déchets divers, de la tuyauterie, des gravats et des plaques de fibrociment.

    « On envisage de déposer une plainte officielle, annonce Jacques Léraillé. Nous avons prévenu le maire de Fresnes-Léguillon en septembre dernier mais rien n’a bougé. Il doit faire nettoyer le site et envoyer la facture au propriétaire, sinon, on risque de se retrouver avec une décharge sauvage. Les déchets appellent les déchets car ils incitent les pollueurs à revenir. »

    Des batailles perdues, d’autres gagnées

    Créée en 2000, l’association les Amis du Bochet se fait d’abord remarquer pour sa lutte contre l’extension du centre d’enfouissement technique (CET) de Liancourt-Saint-Pierre. « Malheureusement, comme nous l’avions dénoncé, c’est devenu une décharge de l’île-de-France, regrette Jacques Lérailler. Le tonnage des déchets d’origine hors Oise est de 83,4 % en 2020. » En 2001, l’association avait pris la tête de la mobilisation contre l’épandage des boues de la station d’épuration d’Achères.



    Et 21 ans plus tard, elle est toujours là, même si moins médiatique que le Regroupement des organismes de sauvegardes de l’Oise (Roso). « C’est vrai que l’on traite moins de dossiers qu’à une certaine époque », concède Pierre Chataigné. Mais face à plusieurs problématiques qui les inquiètent, les bénévoles ont décidé de reprendre la lutte. Et dans le viseur de l’association, il y a donc notamment les dépôts de déchets sauvages.

    Un a été identifié à l’entrée de Chaumont-en-Vexin. « C’est un dépôt de plaques fibrociment peut être amiantées, explique Jacques Lérailler. Ce lieu de dépôt est régulier. Le propriétaire du champ, qui devient de fait propriétaire de ces déchets, s’est contenté de les repousser contre le bois. » À Fresnes-Léguillon, elle a obtenu la remise en état de l’ancien site de l’usine Dyona.

    Fresne Léguillon, ce mardi. Jacques Léraillé et Pierre Chataigné.
    Fresne Léguillon, ce mardi. Jacques Léraillé et Pierre Chataigné.

    « La municipalité utilisait l’énorme trou résultant de la démolition pour y déposer des branches d’arbres, des gravats et blocs de béton ainsi que des câbles et gaines, raconte Jacques Léraillé. Par lettre recommandée, nous avons rappelé la réglementation au maire de la commune qui a fini par évacuer les déchets vers les installations d’élimination agréées. » Il ne nous a pas été possible de contacter l’élu, Christian Legros.

    Autre dossier : un projet d’unité de méthanisation à Lierville. « Nous l’avons appris presque par hasard et la méthode nous a déplu, indique Jacques Léraillé. Le projet prévoyait 29,8 tonnes de déchets entrant chaque jour. À 200 kg près, les agriculteurs porteurs du projet pouvaient ainsi se passer d’une enquête publique. » L’association dépose alors un recours.

    « Nous avons fini par les rencontrer et ils ont entendu nos reproches et nos craintes, explique Pierre Chataigné. Ils se sont engagés à nous inviter annuellement pour un suivi du site et sont ouverts à des propositions de communication vers la population par des réunions publiques. »



    Un engagement qui a incité l’association à retirer son recours. « C’est la preuve que les écologistes peuvent être ouverts, souligne en souriant Jacques Léraillé. Mais ce n’est pas pour autant que nous serons favorables à n’importe quel projet de méthaniseur. Idem pour les éoliennes. »

    Dernier sujet de préoccupation : l’arrivée des terres des travaux du Grand Paris. « Il est fort probable que la décharge de Lierville en reçoive, déplore Jacques Léraillé. Par ailleurs, un agriculteur de Bléquencourt, un hameau de Senots, a conclu un marché pour accueillir 330 000 tonnes de terres inertes, ce qui représente 40 à 50 camions par jour. Nous allons être très vigilants sur ce dossier. »