Oroër : il avait commandité le cambriolage et l’incendie de la maison de son ex

Trois hommes ont été condamnés mardi par le tribunal de Beauvais à des peines allant de 10 mois à 3 ans de prison ferme.

 Oroër, le 13 juillet 2013. La maison avait été entièrement détruite par les flammes.
Oroër, le 13 juillet 2013. La maison avait été entièrement détruite par les flammes. LP/Sophie Roussel

    « C'est un homme qui est capable de tout ». Sept ans après, Christine* n'est pas encore tout à fait remise de l'incendie criminel qui a ravagé sa maison, une nuit d'été 2013 alors qu'elle passait quelques jours à Chambéry (Savoie). « Désormais, je n'ose plus quitter mon domicile plus de trois jours », souffle-t-elle. Derrière le traumatisme : Jean-Claude Bernard, un ancien braqueur avec qui elle a entretenu une relation.

    Cet homme de 71 ans a été condamné ce mardi, en son absence, à trois ans de prison ferme par le tribunal de Beauvais qui l'a reconnu coupable d'avoir commandité le cambriolage et la destruction dans les flammes du domicile de Christine.

    Ses deux complices, David Alpande et Eric Coeffard, ont écopé de douze mois de prison dont deux avec sursis pour le premier, et de deux ans ferme pour le second.

    Mais après avoir déjà effectué plusieurs mois de détention provisoire, tous trois n'ont pas été incarcérés.

    Jean-Claude Bernard harcelait sa victime

    Cette nuit du 12 au 13 juillet 2013, une voiture se gare à proximité de la maison de Christine. À son bord, côté conducteur, David Alpande qui attend son beau-frère, Eric Coeffard. Au bout de quelques minutes, ce dernier revient avec un téléviseur et plusieurs documents administratifs et bancaires. La voiture chargée, les deux hommes disparaissent dans la nuit, direction Sarcelles (Val-d'Oise). Après leur départ, le domicile de la victime s'embrase.

    Dans les jours qui suivent, les enquêteurs démontrent que les flammes sont d'origine criminelle et que la maison a été cambriolée. Revenue de vacances, Christine donne un nom aux gendarmes : celui de Jean-Claude Bernard, un ancien malfrat qui la harcèle depuis la fin de leur relation en 2011.

    Mais impossible de trouver des preuves qui le relient au cambriolage ou à l'incendie. « Le bornage de son téléphone nous montre qu'il est dans l'Aisne au moment des faits », rappelle la présidente du tribunal, Tania Moulin.

    Des appels téléphoniques au sujet d'un « barbecue »

    En juillet 2014, l'interpellation d'Eric Coeffard et David Alpande, dans une affaire de recel de pièces d'automobiles, relance pourtant le dossier. Lors des perquisitions, plusieurs documents appartenant à Christine sont retrouvés au domicile du premier.

    Grâce aux écoutes effectuées dans le cadre cette procédure, les enquêteurs font le lien entre Eric Coeffard et Jean-Paul Bernard. On y apprend que les deux hommes se sont entretenus à plusieurs reprises, avant et après l'incendie, à propos d'un « barbecue ».

    Le 13 juillet vers 11 heures, Eric Coeffard contactait son interlocuteur pour lui dire que c'était « nickel », qu'ils avaient « un peu forcé sur la cuisson » et qu'il y avait même « des trucs un peu carbonisés ». Un langage codé mais sans équivoque pour le juge d'instruction qui met les trois hommes en examen.

    Les prévenus nient toujours les faits

    Sept ans après les faits, Jean-Paul Bernard continue de nier. « Il s'agit d'une machination. Je n'ai jamais commandité quoi que ce soit », se défend-il dans une lettre lue par son avocate, Domitille Risbourg. David Alpande expliquera avoir « rendu service » à son beau-frère en le conduisant à Oroër.

    De son côté, Eric Coeffard maintient la même version : il a bien cambriolé le domicile de Christine mais ne l'a pas incendié. Mais pour le procureur Edouard Bergougnous, pas de doute : « M. Bernard a trouvé deux mercenaires prêts à tout par appât du gain ».