Redressement judiciaire d’Alinéa, quelles conséquences dans l’Oise ?

L’enseigne, avec son entrepôt de Nanteuil-le-Haudouin et ses magasins d’Allonne et de Saint-Maximin, emploie près de 200 salariés dans le département.

 Beauvais, ce lundi. Le placement en redressement judiciaire d’Alinéa n’inquiète pas outre mesure les salariés du site beauvaisien.
Beauvais, ce lundi. Le placement en redressement judiciaire d’Alinéa n’inquiète pas outre mesure les salariés du site beauvaisien. LP/Patrick CAFFIN

    Vendredi dernier, Alinéa, spécialiste du meuble et de la décoration, propriété du groupe Auchan, a été placé en redressement judiciaire. Le futur de l'enseigne se jouera le 16 juin, date limite pour que les actionnaires présentent un plan de continuation ou que d'éventuels repreneurs déposent leur offre au tribunal de commerce de Marseille (Bouches-du-Rhône).

    Même si l'activité se poursuit, l'avenir de l'enseigne et de ses 30 points de vente s'annonce pour le moins incertain, surtout dans le contexte sanitaire actuel. Dans l'Oise, il existe deux magasins Alinéa, situés dans les zones commerciales de Saint-Maximin et de Beauvais-Allonne, et un entrepôt, quasiment neuf, installé à Nanteuil-le-Haudouin.

    « Il n'y aura aucune incidence sur nos magasins »

    Marcel Robillard, président de la société SBM, qui possède les deux magasins oisiens, se veut rassurant et compare cette crise à « un simple incident de parcours ». « Notre société est indépendante et il n'y aura aucune incidence sur nos magasins qui sont excédentaires, affirme-t-il. L'entrepôt de Nanteuil est rempli, les livraisons seront assurées sans problème pendant plusieurs mois. Nos équipes - une trentaine de salariés par magasin - sont motivées pour relancer l'enseigne. »

    Cette crise n'est pourtant pas sans rappeler celle de Fly en 2015. A l'époque, le même Marcel Robillard explique alors avec des termes identiques que « les magasins Fly, excédentaires et indépendants, ne sont pas menacés. » Cela ne l'avait pas empêché de fermer les deux sites en avril 2015 pour les remplacer par… Alinéa.

    « Nous avons confiance en notre président »

    « La situation est différente, assure-t-il aujourd'hui. Fly était en crise depuis longtemps et nous avions rompu le contrat avec eux avant de trouver Alinéa. La continuité d'activité a été assurée à l'époque et tous les salariés avaient été repris. » Ces derniers ne semblent en effet pas être très inquiets par la situation actuelle. « Nous avons confiance en notre président qui saura trouver des solutions comme il l'a prouvé en 2015 », déclare un salarié.

    Si Alinéa dépose le bilan mi-juin, les contrats de franchise ne permettront pas de conserver le nom de l'enseigne et de vendre des produits au nom de cette marque. « Le groupe auquel appartient Alinéa est solide, souligne-t-il. Plusieurs repreneurs sont intéressés. L'enseigne connaît des problèmes avec certains magasins de plus de 3000 m² qui doivent être réorganisés. Nous, nous savons gérer. Et à l'exception de quelques produits, nous achetons directement auprès des fournisseurs. »

    Les clients, eux, ne sont pas vraiment surpris. « Alinea reste beaucoup plus cher que des sites de vente en ligne, soulignent Renaud et Sabrina, croisés ce lundi à Beauvais. Ce n'est pas la seule entreprise menacée de fermeture après la crise sanitaire. »

    Un maire très inquiet

    A Nanteuil-le-Haudouin, où Alinéa loue une plateforme logistique de 70 000 m², le maire (SE) de la commune, Gilles Sellier, est lui très inquiet. « Je me sentais mal, ce week-end, lorsque j'ai appris la nouvelle. On s'est battus pour les faire venir ici. J'ai déjeuné avec le directeur France du groupe, fin janvier, et il ne m'a pas parlé de difficulté. »

    L'élu pense aux conséquences sur l'emploi. « Ce serait très décevant, même si sur la centaine de salariés, seuls 40 % sont locaux et beaucoup en intérim, alors qu'on nous en avait promis 300… » regrette encore Gilles Sellier.

    La plateforme approvisionne les 30 magasins du groupe. « Les salariés des magasins que j'ai livrés ce matin n'étaient pas trop inquiets, ils ne croient pas à une fermeture », souffle un chauffeur routier de la base de Nanteuil. S'il se dit « un peu inquiet » car directement impacté, celui-ci ne doute pas « de l'attractivité du site ». En effet, en cas de scénario catastrophe, les lieux, flambant neufs et idéalement situés, ne devraient pas avoir de difficulté à trouver preneur. Contactée, la direction du site n'a pas donné suite à nos sollicitations.