À Paris, rénover sans démolir : comment ce garage des années 1930 va se transformer en immeuble d’habitation

Paris Habitat va transformer les six niveaux d’un ancien parking aérien de 2 006 m2 du VIIIe arrondissement en 18 logements sociaux et intermédiaires. Un exercice répondant à la logique écologique de convertir le vieux bâti au lieu de systématiquement le détruire.

A Paris, rue Laborde (VIIIe), ce mercredi. Construit en 1939, le "Grand garage Haussmann" est sur le point de démarrer une deuxième vie, sans voitures. LP/Philippe Baverel
A Paris, rue Laborde (VIIIe), ce mercredi. Construit en 1939, le "Grand garage Haussmann" est sur le point de démarrer une deuxième vie, sans voitures. LP/Philippe Baverel

    Avec sa grande verrière industrielle à bow-window intégré, la façade de l’ancien garage des 43-45, rue Laborde (VIIIe) est tellement cinématographique que l’on s’attendrait presque à voir Lino Ventura en sortir au volant d’une 504. Orné de carreaux de faïence rouge et blanc, le « Grand garage Haussmann », comme il est écrit en lettres majuscules rouges au-dessus du rideau de fer, a toujours fière allure, mais il n’aura bientôt plus rien d’un garage.

    Vestige de l’époque du tout voiture, ce parking aérien désaffecté, de 120 places réparties sur six niveaux reliés les uns aux autres par une rampe en spirale, présente une architecture si singulière qu’il ne sera pas détruit. Il a vocation à devenir un immeuble d’habitation renfermant dix logements sociaux et huit appartements intermédiaires.



    « Avec des loyers à 7,50 €/m2 pour les logements sociaux, soit un tarif quatre fois moins élevé que dans le parc privé, nous logerons à cette belle adresse des vendeurs, des serveurs, des caissières… Qui travaillent dans le quartier », annonce Hélène Schwoerer, directrice générale adjointe chargée de la maîtrise d’ouvrage à Paris Habitat.

    Pour éviter de polluer en détruisant et limiter les coûts d'une reconstruction, le parti a été pris de conserver la structure du bâti pour le faire évoluer en logements modernes.
    Pour éviter de polluer en détruisant et limiter les coûts d'une reconstruction, le parti a été pris de conserver la structure du bâti pour le faire évoluer en logements modernes.

    Racheté en janvier 2022 par la Foncière de transformation immobilière (NDLR, FTI, filiale du groupe Action logement, qui collecte le 1 % patronal auprès des entreprises pour construire des logements sociaux), cet immeuble de style industriel construit en 1939 a aussitôt été cédé à Paris Habitat via un bail emphytéotique à construction de 55 ans. Charge au bailleur de financer les travaux de transformation.

    Subventionnée à hauteur de 3,6 % par l’État et de 11 % par la ville de Paris, la facture du chantier s’élève à 9,9 millions d’euros. « Le permis de construire devrait être délivré cet automne. Les travaux démarreront au premier semestre 2024 pour une livraison fin 2025 », prévoit Hélène Schwoerer.

    Une démolition a minima

    Pour transformer l’ancien parking en immeuble d’habitation, Paris Habitat a choisi, parmi quatre candidats, Guillaume Eckly, associé de l’agence Gens Architectes. « C’est lui qui est allé le plus loin dans l’analyse patrimoniale du lieu, plaidant pour une démolition a minima tout en faisant des logements de qualité », justifie Hélène Schwoerer.



    « Nous allons conserver la structure, la matière c’est-à-dire le béton, et la façade industrielle en verre », énumère Guillaume Eckly, partisan d’une « démolition radieuse pour retrouver l’esprit du lieu ». Démolie, la rampe qui permettait aux voitures de passer d’un niveau à l’autre, sera remplacée par un escalier avec ascenseur pourvu d’une cage en verre pour faire entrer la lumière sur les six plateaux d’une surface totale de 2 006 m2.

    « Nous créerons une cour-jardin plantée en pleine terre de 100 m2 au centre du bâtiment », poursuit l’architecte. Son ambition : que « le béton compose avec l’approche environnementale d’aujourd’hui ». Les eaux pluviales seront par exemple toutes récupérées, et canalisées vers le jardin.