Conseil de Paris : Anne Hidalgo accusée d’avoir trop bétonné Paris

A l’occasion du débat sur la stratégie de rafraîchissement de la ville pour diminuer les effets des épisodes de canicule, la politique d’urbanisation d’Anne Hidalgo a été attaquée de toutes parts, ce lundi.

 Sur le terrain de l'ancien TEP Ménilmontant, les opposants au projet immobilier programmé par la mairie de Paris se sont mobilisés. En mai dernier, le projet a été suspendu.
Sur le terrain de l'ancien TEP Ménilmontant, les opposants au projet immobilier programmé par la mairie de Paris se sont mobilisés. En mai dernier, le projet a été suspendu. LP/M.-A. G.

    Sur un sujet aussi consensuel, on aurait pu s'attendre à une certaine unanimité du Conseil de Paris. Mais en période préélectorale, la stratégie de rafraîchissement engagée par la mairie de Paris pour diminuer les effets des épisodes caniculaires a donné lieu à un réquisitoire assez sévère de l'action municipale, ce lundi au Conseil de Paris. A droite et… à gauche.

    « Qui peut croire qu'on va planter une forêt en ville ! »

    « Vous avez beaucoup communiqué sur les "cours d'école oasis". Trois ont été aménagées. Pourquoi ne pas avoir lancé ce plan plus tôt ? La ville de Paris n'a en fait rien fait depuis la grande canicule de 2003 », attaque bille en tête Marie-Laure Harel, élue LREM du groupe PPCI.

    « Il ne s'agit pas de lutter contre les pics de chaleur mais de revoir la configuration de la ville et notamment dans les quartiers les plus dépourvus d'espaces verts : les quartiers populaires », insiste Julien Bargeton, président du groupe Démocrates et Progressistes. « Qui peut croire qu'on va planter une forêt en ville ! », tacle l'élu Génération.s Yves Contassot en évoquant les projets de « forêts urbaines », présentés par Anne Hidalgo un mois plus tôt.

    Plusieurs intervenants ont dénoncé des « incohérences » de la part de la mairie de Paris. « Vous parlez de remettre les fontaines d'ornement en service mais vous allez déclasser le réservoir d'eau de Grenelle pour le remplacer par des serres en plastique qui seront de vrais îlots de chaleur », souligne ainsi Claire de Clermont-Tonnerre, élue LRI du XVe.

    Des projets d'urbanisation critiqués

    Mais au-delà de ces « incohérences », l'équipe d'Anne Hidalgo est surtout accusée de faire étouffer la ville sous ses projets d'urbanisation. « Le TEP Ménilmontant, la tour triangle, la ZAC Bercy-Charenton : ce sont des projets de bétonnage que vous avez portés. L'hyperdensification c'est la marque de votre mandature » martèle Pierre-Yves Bournazel, candidat Agir à la mairie de Paris. « Des forêts urbaines? C'est l'arbre qui cache la forêt! Préservez nos arbres : le meilleur végétal est celui qu'on ne détruit pas! Hors vous poursuivez les constructions sur les espaces non construits », dénonce le centriste Yann Wehrling.

    « La question climatique est au coeur des préoccupations depuis 2014 »

    « Fake news ! » lui répond dans l'hémicycle Jean-Louis Missika, adjoint chargé de l'urbanisme qui trépigne sur sa chaise en entendant les critiques des intervenants.

    « La question climatique est au cœur des politiques municipales depuis 2014 (...) il y a l'écologie de l'incantation et l'écologie de l'action, celle que nous pratiquons », rétorque Célia Blauel, adjointe chargée du développement durable.

    « Quand on parle de forêts urbaines, c'est en référence à la densité et la hauteur des arbres qu'il y aura sur ces sites », répond pour sa part Jean-Louis Missika. Quant aux accusations croisées de bétonisation de la ville, l'adjoint dénonce « un bobard » et assure que le Plan local d'urbanisme modifié en 2016 préserve mieux les espaces de pleine terre.

    Insuffisamment aux yeux du candidat écologiste David Belliard. « Le Plan local d'urbanisme, il faudra le revoir de fond en comble et il ne sera pas favorable aux promoteurs. Le prochain maire ne peut pas être un maire bâtisseur. Ce sera un des enjeux de la prochaine mandature : il va falloir supprimer du béton et remettre de la nature en ville », insiste le président du groupe EELV au Conseil de Paris.