Pompiers en colère à Paris : tensions avec la police, au moins 6 interpellations

La manifestation a donné lieu à quelques confrontations entre les soldats du feu et les forces de l’ordre.

    Des canons à eau pour calmer la hargne des soldats du feu… La scène est inhabituelle et un peu déconcertante. Mais ce mardi, des milliers de pompiers étaient déterminés à exprimer leur colère dans les rues de Paris, face aux forces de l'ordre chargées de contenir leur grande manifestation. Par endroits, la mobilisation a donné lieu à des affrontements et des blocages de circulation. Dans la soirée, la préfecture de police a précisé avoir enregistré trois blessés parmi les forces de l'ordre et six interpellations pour violences et jets de projectiles.

    LP / Aurélie Ladet
    LP / Aurélie Ladet Aurélie Rossignol

    Parti peu après 14 heures de la place de la République, le cortège a d'abord défilé bruyamment - à coups de sifflet et sirènes - mais dans une ambiance bon enfant en direction de la place de la Nation.

    LP/Aurélie Ladet
    LP/Aurélie Ladet Aurélie Rossignol

    Plusieurs dizaines d'entre eux ont toutefois rapidement dévié vers l'Assemblée nationale, où ils ont bloqué la circulation et enfumé les alentours du Palais Bourbon avec des fumigènes.

    AFP/Thomas Samson
    AFP/Thomas Samson Aurélie Rossignol

    Face à cette « manifestation sauvage », les CRS ont fait usage des gaz lacrymogènes et canons à eau. Tout comme plus tôt, vers la place de la République, pour empêcher les tentatives de déviations de cortège.

    Aux alentours de 18 heures, une partie des manifestants s'est ensuite retrouvée sur le périphérique parisien, provoquant de gros ralentissements de circulation au niveau de la Porte de Vincennes.

    « Malgré les engagements pris et en dépit des nombreux ordres de dispersion, certains manifestants refusent de quitter les lieux et s'en prennent aux forces de l'ordre », a ainsi tweeté vers 19h30 la préfecture de police de Paris. Et de dénoncer « l'irresponsabilité de certains manifestants ».

    Selon les neufs syndicats de la profession, le gros de la troupe, resté sur le parcours initial, était composé de 7 à 10 000 pompiers venus des quatre coins de la France. Tous avaient à cœur de dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail, avec notamment une hausse des agressions et des tensions sur le terrain, mais aussi le manque de moyens et la menace qui pèse sur leur retraite à 57 ans. « Faire plus avec moins, bienvenue chez les pompiers », pouvait-on notamment lire sur une pancarte. « Stop au mépris du politique » ou « RIC », était-il également écrit sur d'autres, faisant penser aux revendications des Gilets jaunes - dont certains s'étaient d'ailleurs mêlés à la foule - avec des références au Référendum d'initiative citoyenne ou le manque d'écoute d'Emmanuel Macron.

    Plusieurs élus en soutien

    Plusieurs représentants politiques ont par ailleurs exprimé leur soutien aux soldats du feu, se rendant parfois à leurs côtés. « La répression dont ils sont l'objet, avec gaz et canons à eau, alors qu'ils ne font que revendiquer leurs droits est un non-sens », a notamment dénoncé la députée Mathilde Panot, venue les soutenir devant l'Assemblée avec plusieurs autres élus de la France insoumise.

    La présidente du rassemblement national s'était fendue d'une vidéo dans la matinée : « Ils risquent leur vie pour nous, ils travaillent dans des conditions difficiles, et ni le gouvernement ni la Commission européenne ne leur facilite la tâche ! » Et de s'offusquer dans l'après-midi, avant de se rendre également sur place : « Donc en France, le pouvoir politique donne ordre aux policiers de disperser à coups de canon à eau et de bombes lacrymogènes… la manifestation de pompiers !! On marche sur la tête !! » La manifestation est « évidente face à l'absence de réponses et d'actions de la part du gouvernement pour défendre leur profession », avait plus tôt écrit son parti dans un communiqué.

    Le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a également dénoncé « l'inaction du gouvernement qui laisse pourrir un quotidien devenu insoutenable » pour les pompiers. Et d'appeler à une « augmentation des indemnisations et de la prime de feu » ainsi que la « préservation de la spécificité du régime de retraite » de cette profession.

    « Soutien total aux pompiers (...) je travaillerai pour les défendre au Parlement européen, comme nous nous y sommes engagés pendant la campagne », a aussi fait savoir François-Xavier Bellamy, chef de file des eurodéputés Les Républicains.

    Interrogé sur la mobilisation lors des questions au gouvernement, le secrétaire d'Etat à l'Intérieur Laurent Nuñez a assuré que les problèmes des sapeurs-pompiers étaient pris à « bras-le-corps » par le gouvernement et a annoncé l'expérimentation d'un « numéro unique » d'urgence - le 112 - qui permettrait de mieux orienter les appels.

    VIDEO. Pompiers en colère à Paris : des tensions en fin de cortège