La Foire Saint-Germain ouvre dans la discorde

Malgré l'avis défavorable du maire du VI e , les organisateurs de la foire maintiennent leur manifestation. La mairie de Paris devra trancher.

La Foire Saint-Germain ouvre dans la discorde

    C'est une foire artistique qui a viré à la foire d'empoigne. Alors que s'ouvre aujourd'hui sa 32 e édition, la Foire Saint-Germain, manifestation théâtrale, littéraire et artistique installée place Saint-Sulpice (VI e ), fait l'objet d'un violent conflit. D'un côté, ses organisateurs, Jacqueline Ouy (à la tête de l'événement depuis sa création) et son fils Alain ; de l'autre, Jean-Pierre Lecoq, le maire (UMP) de l'arrondissement.

    Pour la deuxième année d'affilée, le second a donné un avis défavorable à la manifestation. La mairie du VI e a consacré l'éditorial du dernier numéro de son magazine à la foire : elle y dénonce « l'organisation, la vétusté et la dangerosité des baraques, ainsi que la saturation inacceptable de la place Saint-Sulpice ».

    « On monte nos baraques sous surveillance »

    « Je ne suis pas contre le contenu de la manifestation, précise le maire du VI e . Mais l'association est devenue une société commerciale, gérée comme une entreprise personnelle. » S'il refuse de donner davantage de détails, Jean-Pierre Lecoq évoque des « notes de frais sans justificatif » et des « tarifs prohibitifs »â?¦ Des « dérives » qui ont conduit l'édile à demander à la mairie de Paris qui subventionne l'association à hauteur de 20 000 â?¬ par an de procéder à une inspection. En janvier, le maire du VI e a par ailleurs présenté à l'Hôtel de Ville un projet pour « reprendre l'événement » avec une autre association.

    Selon les organisateurs de la Foire Saint-Germain, les accusations du maire sont infondées et résultent de sa volonté de coordonner lui-même l'événement. « Il y a deux ans, le maire m'a demandé de remplacer ma mère par un de ses proches, raconte Alain Ouy. Depuis que j'ai refusé, l'association a été obligée de quitter les locaux de la mairie et les rapports se sont envenimés. » La guerre s'est même déplacée sur le terrain judiciaire, puisqu'Alain Ouy a déposé contre Jean-Pierre Lecoq une plainte classée sans suite pour entrave à la liberté d'association et atteinte à la liberté individuelle.

    Aujourd'hui, Jacqueline et Alain Ouy se disent « harcelés » par la mairie du VI e . « On monte nos baraques sous surveillance policière, on doit refaire nos plans au dernier moment et notre terrasse vient d'être amputée de 40 couvertsâ?¦ », soupirent-ils. Tout en assurant qu'ils préfèrent « plier pour ne pas rompre ». Leur sort sera fixé par le rapport de l'inspection de l'Hôtel de Ville, qui devrait être rendu prochainement. En attendant, Jean-Pierre Lecoq se rendra-t-il à la plus grande manifestation culturelle du VI e ? L'intéressé répond par une pirouette : « J'irai à l'église, je serai bien obligé de traverser la Foire Saint-Germain. » VENDREDI 22 MAI 2009