Paris : l’inquiétante flambée des actes de délinquance

Plus de cambriolages, d’agressions, de bagarres ou de violences sexuelles… La quasi-totalité des indicateurs statistiques de la délinquance parisienne virent au rouge. Etat des lieux.

 Après deux années de hausse consécutive, les cambriolages continuent à progresser dans la capitale s.
Après deux années de hausse consécutive, les cambriolages continuent à progresser dans la capitale s. LP/Thomas Samson

    Les pourcentages de hausse (à deux chiffres pour la plupart) donnent le tournis. Les bilans de la délinquance, dressés par la Préfecture de police de Paris sur les 5 premiers mois de l'année pour chaque arrondissement de la capitale mettent en lumière de fortes augmentations du nombre de délits constatés par rapport à la même période en 2018. Et ces documents — que le Canard Enchaîné a évoqués dans sa dernière édition — montrent que presque tous les secteurs de la capitale sont concernés par le phénomène. Seul le XXe arrondissement a enregistré une baisse de 5,18 % du nombre de faits commis, tous types de délits confondus.

    Paris, encore capitale des cambriolages. 2018 s'était achevée sur un mauvais résultat avec une augmentation de 16 % des cambriolages d'habitation par rapport à 2017. La tendance s'est accentuée début 2019. Avec de fortes disparités selon les quartiers. Si dans les XIV e, XIX e ou XV e arrondissement on enregistre une baisse (respectivement de 31, 16 et 8 %), le VIII e, lui, a connu une hausse des cambriolages de 49 %. Le riche arrondissement de la rive droite n'est pourtant que deuxième au palmarès des cambrioleurs; loin derrière le XII e et ses 52 % de progression. Pas moins de 605 cambriolages y ont été recensés en 5 mois… soit en moyenne 4 par jour.

    Les plaintes pour violences sexuelles toujours en hausse. Ce n'est pas une spécificité parisienne. Mais la libération de la parole et la meilleure prise en compte des plaintes en matière d'agressions sexuelles continuent à tirer les statistiques de l'ensemble des « atteintes volontaires à l'intégrité physique » (+ 10,7 % en cinq mois) vers le haut… C'est le VIIe arrondissement qui a enregistré la plus forte progression de ce type de violence (avec 40 % de hausse et 21 faits recensés). Le XVIIIe arrondissement est en 2e position de ce triste palmarès avec 32,9 % de hausse et 113 plaintes enregistrées.

    Les chiffres de la délinquance à Paris

    Davantage de « tranquillité publique » dans 2 arrondissements sur 3. C'est l'un des seuls motifs de satisfaction du bilan de la délinquance sur les 5 premiers mois de 2019 : le nombre de faits « portant atteinte à la tranquillité publique » (vandalisme, rixes dans les lieux publics, troubles de voisinage, ventes à la sauvette…) a baissé dans 14 des 20 arrondissements. De - 29 % dans le VIIe à - 1,34 % dans le XIVe. Mais il s'agit de baisse en trompe l'œil. Ainsi, dans le très festif IIIe arrondissement, le nombre « d'atteintes à la tranquillité » a baissé globalement mais celui des plaintes pour tapages nocturnes ou diurnes (compris dans cette catégorie de faits) a, lui, bondit de 91 % !

    L'effet Gilets jaunes ? Difficile d'expliquer par un seul facteur cette inquiétante hausse continue de la délinquance parisienne. Mais les différents observateurs de la sécurité dans la capitale évoquent l'influence du mouvement des Gilets jaunes. Il a eu des conséquences directes sur la hausse de certains types de faits… comme la hausse de 173 % des « destructions, dégradations et incendies volontaires » enregistrées dans le VIIIe, l'arrondissement des Champs-Élysées. Mais il pourrait également avoir eu un effet indirect sur d'autres indicateurs en raison de la très forte mobilisation des fonctionnaires sur les manifestations… au détriment de leurs missions de police de proximité dans les quartiers.

    La Ville demande des renforts policiers à l'Etat. Le sujet avait donné lieu à une passe d'arme entre la maire de la capitale, Anne Hidalgo, et le Préfet de police, Didier Lallement, il y a un mois au Conseil de Paris. « Notre coup de colère a porté ses fruits pour ce qui est des statistiques que la Préfecture de police a recommencé depuis à nous transmettre », note Colombe Brossel, l'adjointe à la maire chargée de la sécurité q ui avait envoyé une lettre ouverte au ministre de l'Intérieur pour réclamer des renforts de police. « Le nouveau préfet refuse en revanche toujours de nous communiquer les vrais effectifs des commissariats », ajoute l'élue qui redoute les vagues de départs et les mutations policières qui vont intervenir durant l'été.

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