Paris : le camp de migrants du Millénaire sera bientôt évacué

Pendant de nombreuses semaines, l’Etat a semblé tergiverser mais jeudi soir et ce vendredi matin, deux réunions ont permis d’entériner le principe d’une évacuation la semaine prochaine.

 Le camp du Millénaire ne cesse de grossir au fil des jours et des semaines. Deux migrants sont déjà morts noyés et les riverains n’en peuvent plus.
Le camp du Millénaire ne cesse de grossir au fil des jours et des semaines. Deux migrants sont déjà morts noyés et les riverains n’en peuvent plus. LP/J.D.

    Après la guerre des mots et des postures entre Gérard Collomb et Anne Hidalgo, place aux actes. L'évacuation des migrants du Millénaire n'est plus qu'une question de jours. Si la maire de Paris réclame depuis des semaines la mise à l'abri des migrants installés sur les bords du canal Saint-Martin au Millénaire (XIX e ) — et ce rend tous les vendredis sur place avec des personnalités pour attirer l'attention de l'Etat — le ministre de l'Intérieur semblait vouloir attendre un dépôt de plainte pour occupation illicite du domaine public d'Anne Hidalgo, et donc une décision de justice, pour intervenir comme nous le révélions la semaine dernière après avoir pu consulter une lettre envoyée par Beauvau à l'Hôtel de Ville.

    La sécurité en question avec la proximité du canal

    Mais depuis deux jours tout s'accélère. Jeudi, lors d'une première réunion au ministère de l'Intérieur deux scénarios étaient envisagés : une évacuation au compte-gouttes en vérifiant les identités des migrants et la recevabilité de leur présence en centre d'accueil et une groupée sans tri préalable. Tout s'est finalement emballé ce vendredi matin. Gérard Collomb et Michel Cadot, le préfet de région, se sont retrouvés dès huit heures du matin. L'ancien maire de Lyon (Rhône) était favorable à une évacuation dite « policière » avec contrôle de la situation administrative des migrants avant d'embarquer dans des bus pour une mise à l'abri. Ceux dont les demandes étaient recevables seraient allés dans les structures régionales ouvertes dans plusieurs départements d'Ile-de-France, les dublinés (NDLR : les migrants qui ont déjà déposé une demande d'asile dans un pays de l'Union européenne) auraient été « invités » à regagner le lieu de leur demande et ceux qui n'entrent dans aucune de ses deux catégories reconduits vers leur pays d'origine à plus ou moins brève échéance. Michel Cadot, lui, était partisan d'une évacuation « classique ». Tout le monde dans un bus et les migrants en sécurité, on examine leur situation.

    C'est cette dernière option qui aurait été retenue pour une raison principale selon nos informations : la sécurité. Le camp du Millénaire étant au bord du canal et la très très grande majorité des migrants ne sachant pas nager, une mise à l'abri « policière » aurait pu entraîner des mouvements de foule et représentait un risque d'accidents graves comme ces dernières semaines ou deux migrants sont morts noyés.

    Au final, l'intervention aura lieu courant de semaine prochaine. Deux gymnases ont d'ailleurs déjà été réquisitionnés en Essonne et six lieux dans la capitale. D'autres départements devaient également être concernés car on parle de 1500 à 2000 migrants a minima.