Paris : onze sans-abri ont perdu la vie dans la capitale depuis le 1er janvier

Le chiffre fait peur. En l’espace d’un mois et demi, une dizaine de personnes vivant dans la rue sont décédées. En France, ils sont 500 par an.

 Illustration. Dans la nuit de dimanche à lundi, une femme sans-abri est décidée dans le IXe arrondissement.
Illustration. Dans la nuit de dimanche à lundi, une femme sans-abri est décidée dans le IXe arrondissement. LP/Jean-Baptiste Quentin

    Ils s'appelaient Gérard, Paul, Roger, Serge, Sergio, Josef ou Suzanne. Certains n'ont même pas été identifiés et apparaissent sous le qualificatif « homme » ou « femme ». Mais ils sont tous un point commun : ils vivaient dans la rue à Paris et sont décédés entre le 1 er janvier dernier et le 12 février. Tous les arrondissements sont touchés du XX e au X e, en passant par le XII e, le XIV e et le XV e. La dernière victime est une femme de 52 ans, dans la nuit de ce dimanche à lundi, rue La Fayette (IX e ). Elle vivait dans la rue depuis trois ans. Malgré l'intervention des secours au cœur de la nuit elle n'a pas pu être ranimée portant ainsi le nombre de décès à 11 en six semaines. Les 16000 places d'hébergement d'urgence parisiennes ouvertes toute l'année sont-elles suffisantes? A quelques jours de la Nuit de la Solidarité, organisée par la Ville de Paris, et qui a pour but de compter les SDF dans la capitale (NDLR : 1800 Parisiens sont inscrits), cette mort sonne comme un cruel rappel à l'ordre sur la nécessité d'agir.

    « Plus que le nombre de places ce que met en évidence le décès de cette femme, ce sont les propositions qui sont faites aux sans-abri, souligne Dominique Bordin, responsable de la mission sans-abri à l'Hôtel de Ville. Il ne s'agit pas là de la quantité des places disponibles, nous en avons ouvert 2700 en plus dans le cadre du plan hiver, mais d'avoir une réponse adpatée aux besoins de ces personnes. Nous devons mieux les convaincre, mieux dépister la vulnérabilité et trouver des solutions plus individualisées. Dans ce cadre la Nuit de la Solidarité, nous permettra d'avoir une meilleure photopgraphie des invisibles, ceux qui n'appellent pas le 115 ou qui ne sont pas dans les radars des services sociaux. Nous devons avoir une éponse adpatée à leurs problèmes. »

    « Il n'y a que 1 % de décès pour cause d'hypothermie », explique de son côté Cécile Rocca coordinatrice du collectif les Morts de la Rue. Cette association recense à Paris et dans toute la France les sans-abri morts. « Depuis 2012, nous sommes sur une moyenne de 500 décès par an pour l'Hexagone. C'est relativement constant. Ce sont essentiellement des hommes autour de 53 ans. Les femmes ne représentent que 10 % des décès. » Et Cécile Rocca de préciser : « Nous comptabilisons dans nos chiffres tous les SDF même s'ils meurent ensuite à l'hôpital ou dans un centre d'hébergement car avant, ils vivaient bel et bien dans la rue. » Les chiffres parlent d'eux-mêmes pour les « sans chez soi » (NDLR : regroupant seulement ceux dont l'association sait qu'ils vivaient dans la rue ou dans des endroits non prévus pour habitation comme des cabanes, bidonvilles, sous des ponts, tentes etc…) comme les Morts de la rue les nomment. Entre 2012 et 2016 (les données 2017 ne sont pas encore arrêtées), chaque mois 6 sans-abri périssent dans la capitale. Deux périodes apparaissent plus « faibles » juin et août.

    Pour rendre hommage à ces personnes parties anonymement, le collectif organise tous les ans un rassemblement. Le prochain se tiendra le 4 avril dans un lieu à déterminer à Paris. Les noms des disparus seront égrainés à haute voix en présence parfois de leurs familles ou de leurs proches.