Emeutes en Seine-et-Marne : 50 communes touchées, 18 blessés et 27 interpellations

La nuit de jeudi à vendredi a été particulièrement mouvementée en Seine-et-Marne. Bâtiments publics attaqués, commerces pillés et incendiés, une cinquantaine de communes ont été impactées par les violences urbaines.

Le Mée-sur-Seine, 30 juin 2023. Le centre commercial de la Croix blanche qui comptait vingt commerces dont un Carrefour City a été totalement ravagé par les flammes dans la nuit du 29 au 30 juin. LP/Sophie Bordier
Le Mée-sur-Seine, 30 juin 2023. Le centre commercial de la Croix blanche qui comptait vingt commerces dont un Carrefour City a été totalement ravagé par les flammes dans la nuit du 29 au 30 juin. LP/Sophie Bordier

    Après la mort de Nahel à Nanterre (Hauts-de-Seine), la Seine-et-Marne vient de connaître une nouvelle nuit de violences. Si le début de la soirée était plutôt calme, c’est aux alentours de minuit que les premières violences ont débuté. La caserne des pompiers de Saint-Fargeau-Ponthierry a ainsi été prise à partie, tout comme le commissariat de Nemours, qui a reçu des jets de projectiles.

    Ce qui caractérise le plus cette nouvelle nuit de violences, ce sont les pillages auxquels les casseurs se sont livrés. Au Mée-sur-Seine, le centre commercial de la Croix blanche — qui comptait vingt commerces dont un Carrefour City — a été incendié. Il ne reste rien des différents magasins, dont les décombres fument encore ce matin. Vers 8 heures, de nombreux habitants constataient les dégâts, filmant ce paysage d’apocalypse avec leur téléphone. « C’est catastrophique », s’émeut une femme à son interlocutrice au bout du fil. Premier adjoint en charge de la sécurité, Serge Durand se dit « anéanti ».



    Une habitante arrive, en sanglots. « Ils ont tout cramé. Mais on est où vraiment ? Cette nuit, j’ai dû quitter mon appartement avec mes enfants. Je voyais dehors une cinquantaine de jeunes cagoulés… La France n’a jamais atteint un tel niveau de violences… » Parmi les pompiers encore nombreux sur place à 8 heures ce matin, on aperçoit une équipe des sapeurs-pompiers de Paris, venus avec un robot spécifique pour assurer les reconnaissances, notamment dans les sous-sols. Un engin déjà utilisé après l’incendie de Notre-Dame de Paris.

    D’autres magasins ont été pillés, comme à Montereau, Vaires-sur-Marne, Lieusaint, Meaux ou encore Pontault-Combault. A Chelles, un gymnase a commencé à prendre feu, mais le sinistre a été vite maîtrisé par les pompiers. Si des incendies se sont déclenchés çà et là dans la ville, les dégâts sont moins importants comparé à d’autres communes du département. Plusieurs commerces ont été également dégradés à Villeparisis.

    Le Mée-sur-Seine, 30 juin 2023. Paysage de désolation après l'incendie criminel du centre commercial de la Croix blanche qui comptait vingt commerces dont un Carrefour City. LP/Sophie Bordier
    Le Mée-sur-Seine, 30 juin 2023. Paysage de désolation après l'incendie criminel du centre commercial de la Croix blanche qui comptait vingt commerces dont un Carrefour City. LP/Sophie Bordier

    Deux élus de Lieusaint légèrement brûlés

    Au total, « une cinquantaine de communes a subi des dégâts matériels (incendie de bâtiments, de commerces, de véhicules, pillages de commerces), dont 19 ont subi des dégâts majeurs », indique ce vendredi la préfecture de Seine-et-Marne, dans un communiqué. Quelque 18 personnes ont été blessées, dont 11 parmi les forces de l’ordre et deux élus de Lieusaint, légèrement brûlés par des tirs de mortiers. Par ailleurs, 27 émeutiers ont été interpellés.

    A Noisiel, l’ancien commissariat de police a été attaqué avec des mortiers et des cocktails Molotov. Le poste de la police municipale, la mairie annexe et le Carrefour City ont également été visés et de nombreux dégâts ont été relevés dans différents quartiers de la ville. « J’en appelle à présent à l’apaisement. La colère est mauvaise conseillère et les dégradations commises dans notre ville sont scandaleuses, inqualifiables et inexcusables. Il revient à chacun de prendre ses responsabilités. Je demande aux parents, qui doivent veiller sur leurs enfants, de jouer pleinement leur rôle dans ce contexte », indique le maire (PS) Mathieu Viskovic, dans un communiqué.

    En zone gendarmerie, des violences ont également eu lieu. Notamment à Dammartin-en-Goële, où les militaires ont dû faire face à des tirs de mortiers, à plusieurs reprises. La brigade territoriale a également été visée. Des barricades de poubelles en feu ont surgi dans le quartier du Petit Prince. Un gendarme a été légèrement blessé. Deux personnes ont été placées en garde à vue. A Monthyon, des tirs de mortiers ont également retenti dans le centre de la commune, atteignant l’église. Deux jeunes sont actuellement en garde à vue à la brigade de Saint-Soupplets. A La Ferté-sous-Jouarre, même tableau, avec des feux de poubelles et des barricades. Une école a subi des dégradations. Un mortier a atterri dans une voiture de gendarmerie, cinq militaires souffrent d’un traumatisme sonore. Une garde à vue est en cours.

    Un centre de commandement opérationnel avait été activé en préfecture dès 19 heures, jeudi soir. Sur le terrain, ce sont pas moins de 254 sapeurs-pompiers, 324 gendarmes, 246 policiers, une soixantaine de CRS, et des gendarmes du GIGN qui ont été engagés toute la nuit pour lutter contre ces violences. « J’ai peur pour les policiers. On n’a plus les moyens et en face, ils en ont davantage. Dans certains secteurs, il n’y avait plus assez de grenades de désencerclement, les seules qui permettent de tenir les assaillants à distance. Je crains vraiment pour les vies humaines », déplore ce vendredi Christophe Gonzalez, le secrétaire régional du syndicat de police Alliance.