Mort de Wildy Gourville : l’un des deux accusés acquitté, l’autre condamné à 6 ans de prison

Hervé Mendy, jugé aux assises pour la mort de Wildy Gourville, un jeune de 18 ans du Mée-sur-Seine, a été acquitté ce vendredi soir. Jonathan Miranda, lui, a écopé de 6 ans de prison. Un verdict rendu après 8 heures de délibérations.

 Wildy Grouville, 18 ans, tué d’une balle dans l’abdomen, était gardien de but au club de foot du Mée-sur-Seine dans l’équipe des U 19.
Wildy Grouville, 18 ans, tué d’une balle dans l’abdomen, était gardien de but au club de foot du Mée-sur-Seine dans l’équipe des U 19. DR

    Un verdict rendu sous haute tension, devant un cordon de policiers dans la salle d'audience où le public est entré au compte-gouttes. A 18 heures vendredi, après 8 heures de délibérations, la cour d'assises de Seine-et-Marne à Melun a rendu son verdict. Jonathan Miranda, dit « Jopomme », 22 ans, a été condamné à 6 ans de prison. Hervé Mendy, dit « Chacal », 23 ans, a été acquitté.

    Ils étaient jugés depuis ce lundi pour « violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner en réunion » et pour « violences volontaires avec arme ayant entraîné 8 jours d'ITT » suite à la mort de Wildy Gourville, touché d'une balle dans l'abdomen dans la nuit du 7 au 8 février 2016 au Mée-sur-Seine. Il avait dix-huit ans. Jeudi, l'avocate générale avait requis 12 ans de réclusion à l'encontre de « Jopomme » et 15 ans à l'encontre de « Chacal », qui était suspecté d'être le tireur. Les avocats des deux Melunais avaient plaidé l'acquittement.

    Pour Jonathan Miranda, la cour d'assises a estimé qu'il était coupable des violences sur Sofiane B., un des jeunes présents avec Wildy la nuit du drame dans la cage d'escalier du B53 square Alexis-Carel au Mée. Cette nuit-là, il se serait jeté sur Sofiane B., et dans le corps à corps qui a suivi, Sofiane B. l'a reconnu. En revanche, il n'est pas considéré comme le tireur.

    La cour n'a pas été convaincue par ses contestations d'innocence, lui qui disait être rentré chez lui après une soirée dans un bar vers 1 h 40. De fait, son téléphone portable a borné à deux reprises à 2 h 30 au Mée, à proximité du lieu du drame. Un portable trouvé sur lui lors de son interpellation. Autre élément accablant : il a pris la fuite aussitôt qu'il s'est su recherché sur les réseaux sociaux. Vendredi soir, son avocat Me Klotz ignorait encore si son client allait faire appel. Le parquet décidera la semaine prochaine s'il fait de même.

    Hervé Mendy, lui, a été acquitté. « Les éléments à charge étant insuffisants, le doute doit lui profiter », a indiqué le président. Le principal témoin a reconnu Mendy « à sa carrure », mais il est possible qu'il ait déduit sa présence parce qu'il est souvent avec « Jopomme ». La contradiction pointée sur son heure de retour chez lui est « insuffisante pour montrer sa participation aux faits reprochés », ajoute encore le président.

    Les proches de la victime entre colère et détresse

    Dans la salle, la famille de Wildy Gourville est comme assommée. Chez sa mère, Zahia Belabed, on sent la colère monter. « Alors personne n'a tué Wildy? Il s'est tué tout seul d'une balle dans le ventre? répète-t-elle. Je ne suis pas contente du tout. » Et soudain, elle explose en hurlant sa douleur et sa colère mêlées, en frappant du poing sur la table. Une proche sanglote : « Ils n'ont pas respecté les parents dans l'histoire… »

    Dans la famille d'Hervé Mendy, ce sont des larmes d'émotion qui coulent. « C'est une décision qui honore la justice. Ils ont entendu les lacunes, les manques, l'absence de preuves. Il n'y avait pas d'éléments suffisants pour condamner Hervé Mendy. Il a les mêmes droits que tout le monde. Il est libre ce soir après trente mois de détention provisoire et va pouvoir retrouver sa famille, sa compagne et sa fille », se réjouit Frank Berton, son avocat. Et de se tourner vers un proche de la famille Mendy : « Comme quoi, on peut faire confiance à la justice ! »

    Alors qui a tué Wildy Gourville ? « On ne le sait pas car l'enquête de police a été lacunaire », répond l'avocat. « Je l'ai dit jeudi à Mme Belabed : ce n'est pas un match, il n'y a pas de gagnants, pas de perdants. Votre douleur est éternelle ».

    Melun, ce vendredi soir. Les forces de l’ordre sont intervenues sur l’avenue Thiers, près du tribunal. LP/Sophie Bordier
    Melun, ce vendredi soir. Les forces de l’ordre sont intervenues sur l’avenue Thiers, près du tribunal. LP/Sophie Bordier DR

    TENSIONS A LA SORTIE DU TRIBUNAL

    Ce verdict intervient dans un contexte de tensions entre jeunes du Mée, solidaires de la famille Gourville, et d'autres du quartier Montaigu à Melun où ont grandi Miranda et Mendy avant que ce dernier ne déménage à l'Almont. Beaucoup étaient présents dès 9 h 30 vendredi matin quand les deux accusés ont clamé leur innocence avant que les jurés partent délibérer. Puis dès la mi-journée, beaucoup les ont rejoints au tribunal en attendant le verdict. Les forces de l'ordre se sont mobilisées, entre police nationale, municipale, compagnie départementale d'intervention, pour éviter tout dérapage…

    A l'énoncé du verdict, une fois la salle d'audience rouverte, l'information s'est répandue comme une traînée de poudre. Sur le parvis, des jeunes du Mée et de Melun se sont invectivés. Certains en sont venus aux mains. La police est intervenue en lançant des gaz lacrymogènes. Les jeunes se sont éparpillés. Puis des rixes ont repris de l'autre côté de la rue, face au tribunal. La police a bloqué l'accès de l'avenue dès la fin de l'avenue Thiers, avant le pont de chemin de fer, provoquant d'importants embouteillages. Aucune interpellation n'est à constater.

     (Seine-et-Marne), ce vendredi après-midi. Une importante présence policière était visible au palais de justice. LP/Sophie Bordier.
    (Seine-et-Marne), ce vendredi après-midi. Une importante présence policière était visible au palais de justice. LP/Sophie Bordier. DR