« Le plus dur est de demander de l'aide »

 « Le plus dur est de demander de l'aide »

    Doris est de nature optimiste, et la naissance de sa fille, il y a deux ans, lui a donné « encore plus d'énergie pour s'en sortir ». Cette Congolaise de 34 ans, arrivée en France en 2002, vit avec 350 â?¬ de RSA (revenu de solidarité active) et 170 â?¬ d'allocations. Elle a frappé à la porte du Secours catholique de Meaux en 2006 pour se faire épauler dans les démarches administratives.

    « Toutes ces démarches sont compliquées »

    Jean-Eric Bernard, animateur et référent étrangers, suit 70 dossiers comme celui de Doris. « Au début, j'avais des récépissés de trois mois, puis des titres de séjour d'un an. Je ne peux pas trouver d'emploi stable, regrette Doris. Le plus dur est de demander de l'aide. La réputation ne s'achète pas. Les gens vous dépannent d'une couche en souriant puis vous critiquent par-derrière. Sauf les associations, qui sont là pour nous aider. » Comme Doris n'aime « ni déranger ni dépendre des autres », elle a dû ravaler sa fierté et bénéficier des colis du Secours populaire et des Restos du cÅ?ur. « Le Secours catholique m'a aidée pour mes demandes de papiers, d'allocations familiales, pour rédiger mon CV, saisir le juge des enfants pour une pension alimentaire. Je ne connaissais pas mes droits et toutes ces démarches sont compliquées. »

    Doris a cumulé trois CDD dans des sociétés de nettoyage. Elle travaillait au-delà des heures légales. Du coup, quand elle a prétendu au chômage, les Assedic ont tout bloqué le temps de vérifier ses contrats. « Elle s'est retrouvée sans revenus durant quelques mois, je l'ai aidée à faire valoir ses droits, explique Jean-Eric Bernard. Heureusement, c'est une battante, et la naissance de sa fille lui a donné une impulsion supplémentaire pour s'en sortir. »

    Doris s'est retrouvée mère isolée dès le début de sa grossesse. Elle est bien loin, sa vie dorée au Congo, quand son père général servait le président. Sa mère s'est réfugiée en France, Doris l'a suivie quelques années plus tard. « Je pensais que ce serait mieux ici, mais j'ai déchanté. Sans jamais me décourager. »

    A force de combativité, Doris a suivi une formation d'auxiliaire de vie. Puis décroché en septembre un CDD d'un an dans une maison de retraite. Un travail de nuit qu'elle a aussitôt accepté. « Je gagne depuis trois mois entre 1000 â?¬ et 1300 â?¬, je suis ravie et j'espère être gardée. » Son rêve? Acheter un appartement. Et, miracle, elle arrive même à mettre de l'argent de côté.