Les urgences envahies après le décès de deux motards

Le pire a été évité à l'hôpital de Lagny-sur-Marne, jeudi soir, où une centaine de personnes ont afflué après l'accident qui a coûté la vie à deux jeunes de Chelles.

 Les urgences envahies après le décès de deux motards

    « Une décharge émotionnelle très intense. » C'est ainsi que le psychiatre de garde a qualifié les événements de la soirée de jeudi au service des urgences de l'hôpital de Lagny-sur-Marne. Le personnel a dû gérer l'afflux soudain d'une centaine de personnes choquées après le décès de deux jeunes Chellois dans un violent accident de moto. Une situation extrêmement tendue qui a trouvé une issue pacifique grâce au dialogue.

    Quelques heures plus tôt, à Chelles, Mehdi et Grégory, 20 et 22 ans, faisaient la course avec leur moto de forte cylindrée sur la longue avenue des Sciences, qui traverse le quartier des Coudreaux. Ils arrivent à vive allure à l'intersection avec l'avenue Lavoisier quand une Renault Twingo vient leur couper la route. Le choc est particulièrement brutal. Les deux jeunes sont transportés dans un état grave à l'hôpital de Lagny. Le conducteur de la voiture est conduit en garde à vue.

    Mehdi et Grégory décèdent peu après leur arrivée à l'hôpital. Il est 20h30. Dans le hall d'accueil des urgences, une quarantaine de proches sont déjà là et attendent fébrilement. L'annonce des décès fait l'effet d'une onde de choc sur le groupe. Des cris fusent. Certains frappent de rage contre les murs. Une compagnie de CRS est appelée sur les lieux dans la crainte que la situation ne dégénère, d'autant que d'autres jeunes continuent d'affluer. Ils sont bientôt une centaine. L'hôpital décide de fermer les urgences et de rediriger les cas les plus graves sur les établissements des environs.

    Les CRS restent en retrait

    Le psychiatre de garde ce soir-là se trouve être le médecin-chef de la cellule d'urgence médico-psychologique de Seine-et-Marne. Un praticien rompu aux situations de crise qui est par exemple intervenu en Thaïlande en 2005 après le tsunami. « Dans ces cas-là, il faut tout de suite repérer les personnes les plus calmes et scinder le groupe pour empêcher un effet d'hystérie, raconte le docteur Toufik Selma. Le frère et un cousin des deux victimes ont parfaitement joué ce rôle. »

    Le psychiatre trouve les mots et ramène le calme. La cinquantaine de fonctionnaires de police restent en retrait. « Heureusement, car certains jeunes n'attendaient que ça pour en découdre », confie Toufik Selma.

    Il est 22h30 et les urgences rouvrent. La centaine de proches quittent les lieux après avoir été autorisés à pénétrer deux par deux dans la chambre des victimes. Hier, Thomas Le Ludec, le directeur de l'hôpital, avouait qu'il n'avait jamais vécu une telle expérience en vingt-deux ans de carrière.