Avant la vidange annuelle, l’eau de la piscine de Nemours a arrosé les fleurs de la ville

Après avoir vérifié que le chlore s’est bien évaporé, les agents des espaces verts ont pompé 7 500 litres chaque matin du mois d’août pour permettre aux végétaux de rester en vie. Un recyclage simple et intelligent, en cette période de sécheresse, pourtant peu développé.

Nemours, le 8 août. Les agents des espaces verts pompent l'eau de la piscine avant sa vidange pour arroser les massifs de la ville en cette période de sécheresse. DR
Nemours, le 8 août. Les agents des espaces verts pompent l'eau de la piscine avant sa vidange pour arroser les massifs de la ville en cette période de sécheresse. DR

    Rien ne se perd, tout se recycle, surtout l’eau. Au lieu de repartir bêtement dans le réseau d’eau, les 400 m3 de la piscine de Nemours, fermée depuis fin juillet, ont servi avant sa vidange au début de cette semaine à arroser les massifs de la ville. Une utilisation simple mais rare qui permet de garder en vie les espèces vivantes que sont les fleurs, alors que le Loing qui longe la ville a été classé en seuil d’alerte, empêchant le lavage des voitures et l’arrosage avec de l’eau potable.

    « Ça fait six ans que je cherchais quoi faire de cette eau. C’est dur de mettre à l’égout de l’eau qui peut servir, puisque l’agence régionale de santé nous impose quoi qu’il en soit de la rejeter déchlorée. J’appelais les pompiers, mais leurs camions sont pleins. Pour les agriculteurs la logistique est compliquée, énumère le directeur de la piscine, Antoine Garreau. Un jour, un élu m’a proposé d’arroser les plantes et voilà ! ».

    Chaque matin, vers 6 heures, les agents des villes de Nemours, rejoints par ceux de Saint-Pierre-lès-Nemours ont pompé dans la piscine de quoi remplir leurs petits camions-citernes et partir faire leur tour d’arrosage. Ils revenaient trois à quatre fois dans la matinée afin de pomper les 7 500 litres nécessaires quotidiennement. La moitié de l’eau du bassin a ainsi été recyclée. « Ce serait idiot de perdre cette eau, estime Bruno Landais (DVD), le maire de Saint-Pierre-lès-Nemours. D’autant plus qu’en cette période de restrictions, on n’aurait pas pu arroser. Les habitants n’ont pas fait de réflexion, alors qu’ils n’étaient pas au courant forcément de là où on prenait l’eau. Sans doute sont-il aussi contents d’avoir de jolies fleurs dans les rues ».

    Les communes situées plus loin ont été freinées par un problème logistique. « C’est difficile de faire 12 km avec un camion-citerne, comprend Antoine Garreau. C’était un test, j’espère que les autres communes vont se tourner vers nous la saison prochaine. On peut imaginer un système de grand bac itinérant. Et pour généraliser cette opération, il faudrait peut-être certaines piscines changent les dates de vidange pour les faire au printemps. En hiver, personne n’a besoin d’eau ».

    « Les jardiniers de la ville ont à cœur de prendre soin de leur production »

    Surtout qu’une fois décidée, l’organisation de la collecte suit. « C’est facile à mettre en place et cela permet d’avoir des fleurs dans la ville. Et on n’a pas envie de voir mourir nos pousses, poursuit Pascal Morlot. Les jardiniers de la ville, qui cultivent eux-mêmes leurs fleurs sous serre, et cherchent à obtenir une deuxième fleur, ont à cœur de prendre soin de leur production. »

    Selon la maire (LR) Valérie Lacroute, cette démarche devrait se pérenniser l’année prochaine. En vérifiant qu’il n’y a plus de brome ou de chlore dans leur piscine, les particuliers peuvent faire de même.

    Nemours met en place d’autres actions pour aborder la transition écologique. Un réseau de pistes cyclables va sillonner la ville pour rejoindre la gare, les écoles, les points stratégiques de la commune. Il fera partie de l’Eurovélo 3, dit Scandibérique qui relie Trondheim en Norvège à Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne.

    Une centaine d’arbres supplémentaires vont être plantés, dans les espaces verts existants, plus que dans les rues où se pose le problème de la cohabitation des racines avec les réseaux d’eau, d’électricité et de télécommunication. « Nous allons choisir des espèces dont les racines plongent au lieu de s’étaler. Il faudra aussi bien les tailler pour ne pas gêner la vidéosurveillance », avance Valérie Lacroute. L’interruption de l’éclairage la nuit n’est cependant pas à l’ordre du jour « pour ne pas causer d’insécurité ». L’idée d’installer des réverbères dont la lumière se déclenche au passage des passants n’est pas écartée, mais reste conditionnée par un problème de coût d’achat important.