Seine-et-Marne : «Si nous ne rouvrons pas le 20 janvier, ce sera le dépôt de bilan», alerte un chef étoilé

Franck Charpentier, le chef du Quincangrogne, restaurant étoilé à Dampmart, est très inquiet. Après six mois de fermeture cumulés depuis la mi-mars, il calcule qu’il ne tiendra pas un jour de plus que le 20 janvier 2021, date espérée du redéconfinement.

 Dampmart (Seine-et-Marne), novembre 2019. Le chef du restaurant étoilé Le Quincangrogne risque le dépôt de bilan.
Dampmart (Seine-et-Marne), novembre 2019. Le chef du restaurant étoilé Le Quincangrogne risque le dépôt de bilan. LP/Valentine Rousseau

    Cinq ans après l'ouverture du Quincangrogne, le restaurant qu'il a créé en bord de Marne à Dampmart (Seine-et-Marne), et presque trois années après l'obtention de sa première étoile au Guide Michelin, en février 2018, le chef Franck Charpentier accuse le coup. Après des années de travail pour atteindre et se maintenir au niveau de l'excellence, la pandémie et les deux confinements ont sérieusement ébranlé son établissement. Le chef seine-et-marnais nous confie ses craintes et les enjeux vitaux du redéconfinement espéré le 20 janvier 2021.

    Vous avez dû fermer deux fois cette année en raison de la crise sanitaire. Comment vous sentez-vous ?

    Franck Charpentier. C'est déprimant, il y a un sentiment de ras-le-bol, d'angoisse, de peur. J'ai toujours une étoile mais, aujourd'hui, ce n'est plus ma priorité. C'est même le cadet de mes soucis. J'avais investi énormément pour ouvrir, avec des biens personnels et une partie en caution ( NDLR : ce sont deux millions d'euros qui ont été investis en tout avec un associé ). Il y a des aides mais ce n'est pas suffisant. On a pris un avocat pour essayer de récupérer la perte d'exploitation auprès des assurances.

    Votre restaurant est-il en danger ?

    L'objectif est de rouvrir et faire du chiffre. Les clients nous soutiennent. J'ai fait du foie gras pour les fêtes, ça part bien, je fais des bocaux à emporter et j'ai une centaine de commandes également. On commence à avoir des réservations sur février. Mais la vente à emporter, ou les plateaux-repas de notre partie hôtelière, ce n'est pas ce qui nous fait vivre. Avec l'annonce de la réouverture possible des restaurants au 20 janvier, on est sur un fil. En tout, on aura fermé six mois sur l'année. On essaye d'obtenir le fonds de solidarité, soit 10000 euros, pour novembre, et aussi les 20 % du chiffre d'affaires de 2019 pour décembre. Si on arrive à récupérer la somme assez vite, on arrivera pile-poil au 20 janvier pour pouvoir rouvrir.

    Et si ça ne suffit pas ?

    Ce sera le dépôt de bilan. On a 19 employés. Je ne sais pas dans quel état je serais. Je préfère ne même pas l'imaginer et ne pas y penser. On est sur les dents par rapport au réveillon du 31 décembre. Vers le 12 janvier, le pic de contamination va remonter de manière certaine. S'ils nous annoncent qu'on ouvre finalement le 1er février, ce sera catastrophique.