Polémique avant la mise en route du RSA

Le revenu de solidarité active (RSA) sera étendu à tout le département le 1er juin . Mais le conseil général dresse un bilan mitigé du test réalisé dans six villes.

Polémique avant la mise en route du RSA

    RSA. Trois lettres qui cristallisent beaucoup d'inquiétudes. Le revenu de solidarité active, expérimenté depuis mars 2008 dans 6 villes de Seine-Saint-Denis, va être généralisé à l'ensemble du département le 1 e r juin, en même temps qu'à la France entière.

    Jusqu'à présent, le président PS du conseil général, Claude Bartolone, avait surtout réclamé des moyens supplémentaires à l'Etat, tout comme les responsables de la Caisse d'allocations familiales (CAF), qui ont récemment obtenu des créations de postes supplémentaires (35 au total).

    Mais désormais, c'est l'efficacité même de cette allocation, censée remplacer le RMI et favoriser le retour à l'emploi, qui est mise en doute à travers une étude départementale.

    « Cette évaluation ne fait que confirmer nos craintes. La réponse apportée va aggraver la précarisation d'une population déjà fragile », assure Jean-Charles Nègre, vice-président PC du conseil général chargé de l'insertion.

    « Les chiffres, on leur fait dire ce qu'on veut »

    L'étude a en effet permis de comparer la zone expérimentale (Aulnay, Le Blanc-Mesnil, Clichy-sous-Bois, Livry-Gargan, Montfermeil, Sevran) avec huit villes restées au RMI*. Le résultat est surprenant. Sur une période allant de mars à décembre 2008, les allocataires qui travaillent (au moins une heure par mois) sont systématiquement plus nombreux dans la zone « RMI » (10,14 % en moyenne) que dans la zone expérimentale (8,40 %). Un paradoxe lorsqu'on sait que le RSA est censé favoriser le retour à l'emploi des érémistes, en garantissant au minimum le maintien de leurs revenus.

    « Ces calculs ne permettent pas forcément de conclure à une inefficacité du dispositif », soulignent néanmoins les auteurs de l'étude.

    Le sujet fait en tout cas débat : à droite, on s'étonne des réticences de la majorité départementale. Vincent Capo-Cannellas, maire et conseiller général (Nouveau Centre) du Bourget, dénonce une « vision idéologique » : « Les chiffres, on leur fait dire ce qu'on veut. La mesure va quand même bénéficier aux plus modestes, les aider à ne pas rester dans la trappe du RMI. »

    Mais pour atteindre cet objectif, il faudra un accompagnement à la hauteur, souligne Michel Raza, responsable du projet de ville RMI de Sevran : « Au-delà de l'aide financière, il faut agir pour consolider les emplois décrochés par les bénéficiaires. Il faut aller voir les entreprises, négocier les contrats avec ellesâ?¦ Pour cela, il faut du temps et des moyens. Ce qu'on n'aura pas forcément. »

    *Bobigny, Le Bourget, Bondy, Drancy, Noisy-le-Sec, Pavillons- sous-Bois, Romainville, Villemomble.