24 femmes tuées par leur conjoint en quatre ans

24 femmes tuées par leur conjoint en quatre ans

    Elles s'appelaient Nadine, Rahma, Stéphanie, Valérie, Jeanine, Djamila, Roxaneâ?¦ en tout vingt-quatre prénoms, égrenés hier matin d'une voix sombre par le procureur adjoint du tribunal de Bobigny, Patrick Poirret, autant de « dossiers d'homicides » conjugaux, commis en Seine-Saint-Denis entre 2005 et 2008. Vingt-quatre femmes victimes de la violence de leur mari, leur compagnon, ou d'un ex dont la séparation avait décuplé les rancoeurs. A l'occasion des 7 e s Rencontres de l'observatoire départemental des violences faites aux femmes, le procureur adjoint a présenté l'étude jusqu'alors inédite consacrée aux homicides conjugaux commis ces quatre dernières années

    Mieux protéger les victimes de violences conjugales

    L'examen de ces « femmicides », terme suggéré par M. Poirret, « conduit à opérer un certain nombre de constats et à formuler des recommandations », insiste le magistrat en présentant trois « préconisations » destinées à « mieux protéger les femmes exposées ».

    Première de ces mesures à développer, « se faire identifier comme victime », rappelle M. Poirret, en évoquant « la nécessité de révéler le plus tôt possible les violences conjugales, pour sortir du silence, obtenir aide et protection et faire appliquer la loi en déposant plainte ». La deuxième mesure concerne les couples déchirés autour des enfants : la « médiature judiciaire » telle qu'elle existe dans d'autres pays européens et qui permet à un juge, en cas de « situation à risque », de mandater une institution chargée d'organiser la remise des enfants de l'un à l'autre des parents. Ainsi, le père et la mère en conflit n'ont pas à se croiser. « Une telle mesure contribue à pacifier l'exercice de l'autorité parentale, tout en sécurisant les parents et les enfants », souligne le procureur. Troisième mesure enfin, « l'ordonnance de protection » que pourrait rendre le juge délégué aux victimes. Celui-ci pourrait désormais être saisi en urgence, dans un délai maximal de quarante-huit heures en cas de situation de danger pour une femme victime de violences, et ordonner des mesures de protection immédiates.