Ils avaient escroqué 1,5 million à la Sécu

Onze hommes, âgés de 50 à 85 ans, sont jugés à Bobigny pour avoir perçu des remboursements et des indemnités indus à partir de documents falsifiés.

Ils avaient escroqué 1,5 million à la Sécu

    Le plus âgé a 85 ans, le plus jeune aura 50 ans l'an prochain, un autre est décédé depuis la découverte de leur monumentale arnaque à la Sécurité sociale, il y a cinq ans, après un coup de filet du GIR 93 et des gendarmes. Une escroquerie qui vaut aujourd'hui à onze hommes, presque tous des Français originaires de l'ex-Yougoslavie, de comparaître au tribunal correctionnel de Bobigny pour « escroquerie en bande organisée » et recels, dans toute l'Ile-de-France, entre 2000 et 2004.

    Ce réseau d'escrocs à la hiérarchie bien ordonnée vivait confortablement aux frais de la Sécurité sociale, usant et abusant de faux certificats médicaux et de bulletins de salaire bidon ou trafiqués. Ils auraient ainsi perçu des centaines de milliers d'euros d'indemnités et de remboursements de frais médicaux.

    Alexandre, le « faussaire en chef » et doyen de la bande, connaissait parfaitement les arcanes et les failles de la CPAM (Caisse primaire d'assurance maladie). Il était le seul « vrai » malade du réseau. Sa maladie lui avait d'ailleurs déjà servi, puisqu'elle lui avait permis de sortir de prison pour raison de santé.

    Un coup de filet en juin 2004

    Partageur dans ses talents de falsificateur, il aurait « aidé » ses compatriotes à rejoindre le clan des arnaqueurs pensionnésâ?¦ La CPAM du 93 et la Caisse régionale (Cramif), blousées pendant plusieurs années, ont estimé leur préjudice total à plus de 1,5 million d'euros.

    Lorsqu'elles ont porté plainte, dès 2003 pour la Cramif et 2004 pour la CPAM 93, les administrations ont recensé une soixantaine de cas « litigieux ». Les onze fraudeurs, finalement mis en examen par le juge d'instruction Roger Le Loire, avaient fait profiter au moins soixante personnes de leurs talents de faussaire.

    L'arnaque aurait peut-être duré plus longtemps si l'un de ses chefs d'orchestre n'avait intéressé de très près des enquêteurs de la brigade financière. Au printemps 2004, le démantèlement d'une filière de blanchiment d'argent avait conduit au Serbe Miroslav, mis en cause dans une affaire d'investissements immobiliers d'une ampleur peu commune et manifestement suspecte, portant sur l'achat d'une cinquantaine de villas à travers tout le département.

    Un coup de filet fut mené en juin 2004 à Romainville, Montreuil, Drancy, Bondy, au Blanc-Mesnil, au Pré-Saint-Gervais, dans le Val-de-Marne et à Paris. L'inspection de certaines de ces villas, hébergeant les maillons du réseau, avait permis de comprendre le « bon usage » que faisaient les malades imaginaires des pensions obtenues : chez l'un d'eux notamment, les enquêteurs avaient saisi une Mercedes valant 30 000 â?¬ et quelque 40 000 â?¬ de bijoux. Arrêté à la fin de l'année 2004, Miroslav est décédé quelques mois plus tard.