Bobigny : la retraite aux flambeaux contre la réforme mobilise plusieurs centaines de personnes

Plusieurs centaines de personnes ont participé à une marche lumineuse, entre la Bourse départementale du travail et la préfecture de Bobigny, organisée à l’appel de l’intersyndicale du 93.

 Bobigny, ce jeudi soir. Une marche aux flambeaux était organisée par l’intersyndicale départementale contre la réforme des retraites.
Bobigny, ce jeudi soir. Une marche aux flambeaux était organisée par l’intersyndicale départementale contre la réforme des retraites. LP/Claire Guédon

    « On lâche rien, on lâche rien, on lâche rien », résonne sur le parvis de la préfecture de Bobigny, dans un nuage de fumées et d'odeur de brûlé. La nuit est tombée, les torches s'éteignent mais pas la mobilisation. Plusieurs centaines de personnes se sont élancées ce jeudi soir depuis la Bourse départementale du travail pour une marche aux flambeaux contre la réforme des retraites.

    « J'ai 32 ans, je travaille depuis mes 18 ans et je ne veux pas voir ma retraite partir en lambeaux, résume Antonio, agent territorial à Bobigny. On nous force à passer d'un système solidaire à un système individualiste. »

    Le défilé est organisé à l'appel de l'intersyndicale de Seine-Saint-Denis qui réunit la CGT, FO, FSU, Solidaires, CFE-CGC, l'Unsa et l'Unef. Ce jeudi soir, le grand rassemblement départemental faisait écho à plusieurs autres marches aux flambeaux locales à Aubervilliers, Pantin, au Blanc-Mesnil et Villetaneuse.

    Bobigny, jeudi soir. Une marche aux flambeaux était organisée par l’intersyndicale départementale contre la réforme des retraites. LP/Claire Guédon
    Bobigny, jeudi soir. Une marche aux flambeaux était organisée par l’intersyndicale départementale contre la réforme des retraites. LP/Claire Guédon LP/Claire Guédon

    « Il y a un caractère symbolique dans cette manifestation, précise Kamel Brahmi, de la CGT 93. L'idée était d'écrire le mot « retrait » en lettres lumineuses sur le parvis de la préfecture de Bobigny et devant les services de l'Etat. »

    «Gouvernement autiste»

    A Villetaneuse, les agents ont même mis sur pied une opération « ville morte » toute la journée de jeudi : « Deux-tiers des services municipaux étaient fermés, explique Salim Hocini, secrétaire CGT de la section des agents territoriaux de Villetaneuse. Il y a beaucoup de gens qui soutiennent la grève ou qui la font mais ils sont invisibles. Cette journée morte, c'est notre façon de montrer que nous sommes là, que nos services rendus au public sont essentiels, qu'il y a une urgence sociale et que ce gouvernement est devenu autiste. »

    «C'est notre modèle social qui est attaqué»

    A Bobigny, le syndicat des avocats de France s'est également associé à la retraite aux flambeaux. Depuis qu'il s'est lancé dans la bataille contre la réforme des retraites, il y a deux semaines, le barreau de Seine-Saint-Denis fait preuve d'inventivité pour faire entendre sa voix : des dizaines de robes suspendues devant le tribunal et volant dans le vent, des tentes déployées pour une occupation nocturne de la salle des pas perdus et mercredi, un génial haka mené sur le parvis du palais de justice.

    « C'est une danse de combat, résume Me Meriem Ghenim, avocate au barreau de Bobigny. Ce soir, on se joint à l'intersyndicale parce qu'on estime qu'avec la réforme, c'est notre modèle social qui est attaqué. En Seine-Saint-Denis, 70 % de la population est éligible à l'aide juridictionnelle qui est extrêmement mal rétribuée par l'Etat. Ici, les gens ont besoin des avocats et avec la réforme, des cabinets risquent de fermer. »

    « C'est une guerre d'usure que le gouvernement a entamée, note de son côté Kamel Brahmi. En renouvelant nos types d'actions, on a l'impression qu'il y a un effet dominos : des secteurs d'activité se réveillent et rentrent dans le mouvement. »

    Ce vendredi 24 janvier, une soirée « de solidarité et de soutien aux salariés en lutte » est organisée partir de 19 heures, au théâtre l'Echangeur (59, avenue du Général-de-Gaulle), à Bagnolet.