Gournay : ils ne veulent pas d’immeubles au bord de la Marne

Des habitants se mobilisent pour ne pas voir pousser des immeubles dans leur commune, touchée par les inondations en janvier dernier.

 Gournay, samedi 23 juin. Manifestation à l’appel de l’association « Non au bétonnage de Gournay », qui s’inquiète de projets immobiliers en bord de Marne, zone inondée il y a quelques mois.
Gournay, samedi 23 juin. Manifestation à l’appel de l’association « Non au bétonnage de Gournay », qui s’inquiète de projets immobiliers en bord de Marne, zone inondée il y a quelques mois. LP/Gwenael Bourdon

    Isabelle Préaut n'a rien oublié de cet hiver 2018, lorsqu'il « fallait s'accrocher aux grilles des jardins pour ne pas être emporté par le courant ». C'était en février, lorsque la Marne en crue a envahi les rues, les caves, les maisons… Aujourd'hui, la Marne a retrouvé son lit, mais l'épisode est resté dans toutes les têtes à Gournay. Et certains voient d'un très mauvais œil les projets immobiliers fleurir, là où les maisons avaient il y a peu les pieds dans l'eau.

    Le collectif « Non au bétonnage de Gournay », qui organisait une manifestation samedi, en centre-ville, fait signer une pétition demandant à l'Etat, entre autres, d'« interdire les implantations opportunistes d'immeubles collectifs dans les zones inondables »… soit 80 % du territoire de la commune. En cause, plusieurs permis délivrés récemment par la mairie.

    Gournay, samedi 23 juin. Isabelle Préaut et Michel Ménard, deux habitants des bords de Marne. LP/Gwenael Bourdon
    Gournay, samedi 23 juin. Isabelle Préaut et Michel Ménard, deux habitants des bords de Marne. LP/Gwenael Bourdon LP/Gwenael Bourdon

    « Plus vous bétonnez en surface, plus ça ruisselle et plus le risque d'inondation est grand », affirme Michel Ménard. Comme Isabelle, ce dernier habite le long de la promenade André-Ballu, située en bord de Marne. Il a vu l'eau submerger le muret anti-crue, installé en 1986. « C'était la première fois depuis que ce mur existe. » La perspective de voir construire deux ensembles de 24 et 42 logements dans sa rue le fait frémir. « Cet endroit n'est pas fait pour les immeubles ! »

    Gournay, janvier 2018. Photo prise par une habitante, donnant sur son jardin et la promenade André-Ballu, inondés. LP/Gwenael Bourdon
    Gournay, janvier 2018. Photo prise par une habitante, donnant sur son jardin et la promenade André-Ballu, inondés. LP/Gwenael Bourdon LP/Gwenael Bourdon

    Les habitants envisagent de déposer des recours

    Le collectif ne remet pas en cause la légalité des permis de construire. « Ils sont conformes au Plan local d'urbanisme (PLU). Mais cela n'empêche que le maire engage sa responsabilité pénale, en cas de souci », estime Cassandra Nassato, trésorière de l'association. Les habitants mobilisés vont tenter de former des recours. Ils espèrent pouvoir rencontrer le préfet rapidement à ce sujet.

    « Je soutiens cette action », affirme sans hésiter le maire (SE) de Gournay. Eric Schlegel indique n'avoir pas d'autre choix que de signer les permis « s'ils respectent le PLU ». Mais, rappelle-t-il, il n'est pas en son pouvoir de déclarer une zone inconstructible. « L'Etat doit réfléchir au traitement des zones inondables. Gournay a les mêmes obligations, en matière de logements sociaux, que ses voisines. » Le parc social représente aujourd'hui 6,5 % des résidences principales à Gournay. Il faudrait y construire 180 logements sociaux d'ici 2019. Une densification contradictoire, selon Eric Schlegel, avec la prévention des risques d'inondation.

    L'élu avait interpellé par courrier le Premier ministre Edouard Philippe en février. C'est le ministre de la Cohésion des territoires Jacques Mézard qui lui a répondu. Notant qu'en treize ans, 504 logements ont été construits à Gournay, dont seulement 120 sociaux, il invite la commune à « poursuivre ses efforts ».