La Courneuve : l’histoire de leur bidonville racontée à la Cité de l’Architecture

Paris, ce mercredi. Des anciens habitants du camp du Samaritain, à la Courneuve, découvrent les photos et récits de leur ancien bidonville dans une expo Cité de l’architecture.
Paris, ce mercredi. Des anciens habitants du camp du Samaritain, à la Courneuve, découvrent les photos et récits de leur ancien bidonville dans une expo Cité de l’architecture. (LP/C.S.)

    Les retrouvailles étaient chaleureuses ce mercredi au pied de la Tour Eiffel pour une poignée de familles roms. Elles vivaient à La Courneuve, dans le plus vieux bidonville d'Ile-de-France appelé le Samaritain (en référence à l'église du même nom), évacué en août 2015 après sept ans d'existence. Les associations et bénévoles toujours en contact avec une dizaine des quatre-vingts familles, ont réuni celles qui étaient disponibles à Paris ce mercredi pour visiter une exposition dédiée en partie à leur bidonville.

    « L'idée de cette exposition est de montrer comment on habite la marge du monde », résume Fiona Meadows, architecte et commissaire de cette exposition, chaperonnée par un comité scientifique de sociologues, anthropologues et géographes. Campement choisi ou subi, l'exposition s'intéresse à six « familles » de campeurs : les nomades, les voyageurs, les contestataires, les conquérants, les exilés et les infortunés. Ceux du Samaritain relèvent plutôt des deux dernières.

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    « A La Courneuve, on était tous ensemble, on avait nos repères »

    « On aimerait vivre normalement, comme tous les gens », commente en français Marinella, mère de deux enfants, désormais réfugiée dans un squat et à nouveau sous la menace d'une expulsion. D'autres ont retrouvé un « platz » comme on nomme le bidonville. Plus rares sont ceux qui ont pu compter sur une solution de relogement comme Ionel et sa famille, pris en charge par le 115, à Noisy-le-Grand, où il faut réinscrire les enfants à l'école. « A La Courneuve, on était tous ensemble, on avait nos repères », explique Teodora, 11 ans, en déambulant dans les allées.

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    Une succession d'expulsions

    Soudain des cris et des rires. « C'est Alissa ! » s'exclame une fillette en pointant une photo. Alissa, quatre ans tout au plus, arrive au pas de course, et sourit en se voyant sur la photo. Sur une table au fond de l'exposition, tous s'agglutinent autour d'une tablette vidéo qui fait défiler des photos du terrain. Des visages, des regards inquiets ou souriants. Quand on demande à la petite Mihaela, 6 ans, où elle vit désormais, elle répond : « Je ne sais pas ». Daniela, 20 ans et deux enfants, ne compte plus les expulsions vécues et préfère énumérer les villes où elle a vécu : « Sarcelles, Pierrefitte, Saint-Denis... »

    Une jeune femme sort son portable pour prendre des photos. « Ce sont des souvenirs... », explique Daniela, sans dire s'ils sont bons ou mauvais. Sur la même table, d'autres photos, en noir et blanc rappellent l'histoire de la Campa, cet autre bidonville de la Courneuve qui entre 1952 et 1971 a hébergé jusqu'à 3000 personnes.

    « Habiter le Campement », jusqu'au 29 août, à la Cité de l'Architecture, Palais de Chaillot à Paris, métro Trocadéro. Jeudi 26 mai à 18 h 30, débat avec des anciens du Samaritain et des anciens de la Campa, autour des cinéastes Jérémy Gravayat et Yann Chevalier.