Meurtre de Chrystelle et d’Amelle à Pantin : aux assises, un accusé sans compassion

Anwar G. comparait pour le double meurtre de ces mères de familles, qui le soupçonnaient d’attouchements sur l’une de leurs enfants.

 Archives. Les deux mères avaient été tuées  aux Courtillières.
Archives. Les deux mères avaient été tuées aux Courtillières. LP

    Anwar G., 54 ans, comparaît depuis ce lundi devant la cour d'assises de Seine-Saint-Denis, à Bobigny, pour le double homicide de Chrystelle et Amelle. Il est accusé d'avoir poignardé à mort les deux amies, le 10 juillet 2016, dans la cage d'escalier de leur immeuble des Courtillières, à Pantin (Seine-Saint-Denis).

    Chrystelle 31 ans, mère de trois enfants, sans profession, a été poignardée à six reprises par une arme blanche. Son amie Amelle, mère d'un petit garçon, à huit reprises.

    Les deux jeunes femmes s'étaient rendues à l'appartement d'Anwar G. après que la fille aînée de Chrystelle lui eut confié la veille les attouchements qu'elle aurait subis de la part de l'accusé.

    Accro aux drogues dures

    Immobile, le regard dans le vide, dans le box des accusés, ce dernier semble absent de son procès. Devant le récit des faits, il ne montre aucune émotion et s'assoupit même à certains moments. « C'est à cause des médicaments que je prends », explique-t-il à la présidente.

    Diagnostiqué schizophrène lors de sa détention, l'homme, originaire de l'île Maurice, dit avoir des visions et entendre les voix des victimes dans sa cellule.

    L'enquête de personnalité dévoile un homme accro aux drogues dures depuis l'adolescence. Héroïne, cocaïne, opium, occasionnellement un peu d'ecstasy. Au moment des faits, il est sous l'emprise de la drogue et de l'alcool. Les analyses urinaires révèlent la prise d'opiacés et le test d'alcoolémie est largement au-dessus des limites légales.

    Bisou sur la bouche

    Difficile de retracer précisément le déroulé des faits. L'accusé confond les dates, tient des propos contradictoires. S'il reconnaît avoir forcé la fille de Chrystelle à lui faire « un bisou sur la bouche », il nie « lui avoir passé de la crème solaire sur le ventre ».

    Il avait pourtant reconnu ces faits lors de son audition. Il était par ailleurs sous contrôle judiciaire dans une affaire de viol de mineure de moins de 15 ans dans le Val-d'Oise.

    A la barre les témoins qui se succèdent parlent d'un homme « déconnecté de la réalité ». Premier arrivé sur la scène du crime, un brigadier s'étonne du « détachement » d'Anwar G : « Il m'a demandé comment il allait faire pour regarder la finale de l'Euro de foot qui se déroulait le soir même entre la France et le Portugal. »

    Arrestation «surréaliste»

    Sa collègue décrit une « arrestation surréaliste ». Dans le car de police qui l'amène au commissariat pour être auditionné, Anwar G. flirte avec elle : « Il n'arrêtait pas de me dire que j'étais jolie et que je ressemblais à une actrice de Plus belle la vie. »

    Selon lui, il entretenait une relation « extra-conjugale » avec Chrystelle depuis 7 mois. Une version largement contredite par les avocats des familles des deux femmes. Selon les relevés téléphoniques, aucun échange entre Chrystelle et Anwar G. n'a été relevé.

    Ce soir-là, elle serait venue chez lui pour le confronter suite aux confessions de sa fille. Avec Amelle, elles seraient arrivées armées d'un ciseau à bois. S'il reconnaît avoir poignardé les deux femmes à de nombreuses reprises, il dit « s'être défendu » d'une attaque.

    L'accusé change ensuite de version au gré des questions. Les jurés ont une semaine pour démêler ses différentes explications. Ce lundi, Anwar G. n'a eu aucun mot de compassion pour les victimes et leurs familles.