Pantin : les deux mères de famille ont été tuées par un voisin

Crystelle et Amel sont mortes poignardées dimanche à Pantin, la veille de leur départ en vacances avec leurs quatre enfants. Le mobile du suspect reste mystérieux.

Pantin, (Seine-Saint-Denis), hier. C'est dans cet appartement du premier étage, placé sous scellés, que le suspect a été interpellé. La police y a également retrouvé un couteau, dont le propriétaire reste inconnu.
Pantin, (Seine-Saint-Denis), hier. C'est dans cet appartement du premier étage, placé sous scellés, que le suspect a été interpellé. La police y a également retrouvé un couteau, dont le propriétaire reste inconnu. (LP/Carole Sterlé.)

    Les valises étaient bouclées, la destination fixée. Crystelle et Amel, deux mères célibataires d'une trentaine d'années, devaient partir en vacances, lundi, avec leurs quatre enfants. « Ce sont des amies d'enfance, elles ont grandi ensemble et se voyaient toujours, même si Amel vivait à Dreux (Eure-et-Loir), elles devaient partir dans le Sud, dans un patelin espagnol », explique Hamza, frère aîné d'Amel, totalement désemparé à l'idée d'annoncer à son neveu et aux trois enfants de Crystelle, âgés de 4 à 11 ans, qu'ils ne reverront plus leurs mamans, parce qu'elles se sont fait tuer la veille à Pantin dans le quartier des Courtillières.

    « C'est terrible, ça s'est passé devant les yeux d'un gosse de 12 ans, il disait : C'est lui qui l'a tuée, en désignant mon voisin », explique, sidérée, une locataire de l'immeuble de l'agresseur présumé, Anwar G., Mauricien âgé de 50 ans, qui vivait en couple au premier étage, rue Lamartine. Cette voisine, absente au moment du drame, a découvert à son retour un « petit corps recroquevillé ». Elle a pensé à un enfant, renversé par une voiture. La police était déjà là et avait trouvé une seconde victime dans l'immeuble. Il s'agissait de Crystelle et d'Amel, frappées de plusieurs coups d'un objet tranchant, entre quatre et huit fois. Le voisin désigné comme le meurtrier était rentré chez lui, il s'est laissé interpeller par la police. Une lime à bois a été retrouvée dans l'escalier. Un couteau a aussi été découvert chez le suspect, sans que les enquêteurs de la PJ sachent encore à qui l'arme appartient.

    Crystelle voulait interdire à cet homme d'approcher sa fille aînée, Amel l'a accompagnée

    L'appartement a été placé sous scellés, les enquêteurs de la police judiciaire étant convaincus que tout a commencé dans le huis clos de ce logement, retrouvé « sens dessus dessous ».

    Les crimes, eux, ont eu lieu entre l'appartement et l'entrée de l'immeuble, comme en témoigne encore la sciure qui peine à couvrir les traces de sang. L'agresseur aurait rattrapé de force la seconde victime pour la faire à nouveau rentrer dans le hall.

    Si le scénario se précise, le mobile des meurtres, lui, reste encore nébuleux. Les policiers doivent démêler le vrai du faux des rumeurs qui bruissent. Pour les habitants qu'on interroge, en revanche, il semble acquis que Crystelle voulait sommer cet homme de se tenir à l'écart de sa fille aînée et qu'Amel l'aurait accompagnée.

    Ceux qui connaissent d'un peu plus près Anwar G. tombent des nues. « Toujours gentil, prêt à laisser sa place de stationnement », décrit Saliha, depuis quarante ans aux Courtillières. Une autre voisine décrit un « ami serviable », mais trouve qu'il était « nerveux depuis une dizaine de jours », en proie à des « problèmes personnels », croit-elle savoir. Il disait travailler auprès de personnes âgées à Paris.

    Aucune plainte contre lui n'a été retrouvée à Pantin. Mais il est mis en examen pour une agression sur mineur, survenue il y a trois ans, dans un autre département. L'auteur présumé de ce double crime devait passer une deuxième nuit en garde à vue, avant un probable déferrement aujourd'hui.

    Les quatre enfants des victimes, eux, ont été placés.