Montreuil : au bout du fil, des ados motivés et solidaires

 Montreuil, samedi. Huit jeunes du quartier de La Noue ont monté des permanences solidaires et proposent leurs services à ceux qui en ont besoin. Ils ont par exemple récupéré des vêtements et des draps chez Huguette. (LP/E.M.)
Montreuil, samedi. Huit jeunes du quartier de La Noue ont monté des permanences solidaires et proposent leurs services à ceux qui en ont besoin. Ils ont par exemple récupéré des vêtements et des draps chez Huguette. (LP/E.M.)

    Pour l'instant, les appels se font rares, il faut bien l'avouer. Mais vu la détermination et la motivation de ces adolescents de La Noue-Clos Français à Montreuil, cela ne devrait pas durer ! Huit jeunes de 15 à 17 ans, le cœur sur la main, viennent de lancer des « permanences solidaires » deux samedis après-midi par mois pour aider les habitants qui en ont besoin. Vous n'arrivez pas à porter vos courses ? Vous avez besoin qu'on aille promener votre chien ? Vous aimeriez bien faire un brin de causette ? Amel, Thanina, Niamé et les autres sont là pour vous. « Et il y a toujours quelqu'un », promet Younès. Leur projet, imaginé et organisé au centre de quartier Annie-Fratellini, s'appuie aussi sur les animateurs qui se rendent, avec les jeunes, chez les personnes demandeuses.

    Ce samedi après-midi, le téléphone a sonné pour la première fois. Au bout du fil, Huguette et Albert, preneurs d'un coup de main pour se débarrasser de vieilles affaires. Des vêtements, des draps en flanelle, un petit lit pour bébé… Les adolescents emportent tout. Ils redistribueront ces dons à une association partenaire. « Au cas où, on sait où vous trouver maintenant, ça peut rendre service, considère la retraitée. Pour l'instant, je me débrouille, mais peut-être qu'un jour, j'aurai besoin de vous, j'ai 90 ans tout de même ! » « Si vous pouviez nous faire un peu de pub ? », lance Amel, en sortant du petit appartement de la rue Joliot-Curie. « Ils ont été très amicaux avec nous, commente Soukayna. J'aime bien parler avec ce genre de personnes, ils aiment bien raconter leur passé, leurs histoires. »

    Si tous partagent le plaisir d'aider, certains puisent leur engagement dans des souvenirs plus personnels. Célia s'est investie dans le projet en voyant, à la télévision et sur les réseaux sociaux, les conditions de vie des migrants de Stalingrad. Pour Yama, c'est un projet de court-métrage contre le harcèlement, réalisé au collège, qui a servi d'élément déclencheur. Son copain Younès, lui, a suivi le parcours de Moussa, cet humanitaire originaire de leur quartier, emprisonné pendant sept mois au Bangladesh. « Je me suis inspiré de ça, de ce qu'il fait », explique l'adolescent.

    « C'est rare de voir des jeunes de leur âge faire ce type de projets, ça démontre une grande maturité, constate Abdoulaye Sow, coordinateur adjoint de la structure. Ils sont modestes, les filles et les garçons sont mélangés, il y a une bonne entente. Il n'y a que du bon pour le futur, ils sont vraiment motivés ! »Pour preuve, les 400 prospectus « La jeunesse en action », distribués dans les boîtes aux lettres du quartier. Et tant pis si une habitante le jette sous leurs yeux, ils espèrent fort que ça va payer. Début mars, les ados présenteront leurs permanences solidaires aux acteurs du quartier. En projet aussi, la création d'une junior association pour rechercher des financements et être accompagné dans les démarches. Son nom ? Un espoir pour chacun.

    La solidarité, c’est leur credo !

    Renseignements au 01.48.70.66.24.