Noisy-le-Sec : les sinistrés de la barre Stephenson seront fixés le 29 janvier

Un procès sur intérêts civils s’est déroulé ce lundi à la cour d’appel de Paris. Décision le 29 janvier.

 Paris, ce lundi. Quelques anciens habitants de la barre Stephenson, ici avec leur avocate Me Véronique Rey, se sont rendus au procès en appel sur les intérêts civils. La cour d’appel rendra sa décision le 29 janvier 2018.
Paris, ce lundi. Quelques anciens habitants de la barre Stephenson, ici avec leur avocate Me Véronique Rey, se sont rendus au procès en appel sur les intérêts civils. La cour d’appel rendra sa décision le 29 janvier 2018. LP/Carole Sterlé

    Ils ne s'étaient pas revus depuis le procès en 2015 à Bobigny. Quelques anciens locataires de la barre Stephenson, à Noisy-le-Sec, ont fait le déplacement jusqu'à la cour d'appel de Paris, ce lundi, où il était une fois encore question d'indemnisation. « J'espère une augmentation de ce qu'on m'a proposé à Bobigny, 10 000 € pour dix ans de ma vie, c'est du mépris, on s'est sentis humiliés », explique une ancienne locataire assise au fond de la salle. « Quand on a tout perdu, c'est un manque de considération pour les victimes et un mépris total pour les avocats », ajoute son conseil M e Véronique Rey qui s'est vu allouer en première instance 200 € au titre des frais de la procédure, « pour dix ans de travail ».

    Grâce aux policiers et pompiers, les locataires avaient pu sortir in extremis de leur immeuble, le 22 décembre 2007, après l'éventrement d'une canalisation de gaz par un engin de chantier. Trois explosions plus tard, les quatre étages s'étaient effondrés comme un château de cartes. En novembre 2015, le maître d'ouvrage (OPH93), le maître d'œuvre (Abrotec) et l'ingénieur en charge du chantier ont été condamnés à des amendes de 3 500 à 50 000 €. Plus d'un million d'euros d'indemnités ont été accordés aux 120 parties civiles, habitants de la cité, voisins, policiers et pompiers. Mais plusieurs ont fait appel de ces indemnisations, des habitants, des secours et l'entreprise Abrotec ainsi que son assureur qui trouve la note trop salée. Et c'est de cela dont il a été question cet après-midi à Paris.

    Si l'appel de toutes les parties a été fastidieux, l'audience en elle-même n'était pas très longue, elle a duré moins de trois heures. « Je ne comprends pas bien de quoi il s'agit », concède un ancien habitant, l'air désemparé. Lui n'a pas fait appel et a appris l'existence de ce procès par un ancien voisin.

    « Si vous n'avez pas fait appel du jugement, vous ne pourrez pas demander plus, si c'est le cas, vous pouvez partir ou rester », prévient la présidente. Quelques habitants décident alors de quitter la salle, tandis que les avocats commencent à plaider. Les plaidoiries s'enchaînent au pas de course. Les assureurs contestent les montants réclamés, l'avocat de l'entreprise estime que le tribunal de Bobigny a fait preuve de « générosité » au sujet des préjudices consentis. Des sommes allant de 1 000 à 30 000 € ont été prononcées au titre du préjudice moral. Préjudice corporel, préjudice de jouissance, préjudice moral… A moins d'avoir fait quelques années de droit, il est bien difficile de comprendre tout ce qui se joue. Mais pour les habitants, l'enjeu est simple : voir leur préjudice enfin indemnisé. « On a touché un peu d'argent de l'assurance habitation, après l'explosion mais rien pour le préjudice », explique une maman venue avec sa fille handicapée et relogée aux Lilas. Une jeune femme s'avance à la barre. Elle n'a pas d'avocat et les juges ne trouvent pas son nom dans le dossier. « Je vous assure que j'étais là, j'ai tout vu, à l'époque j'avais 14 ans », explique la jeune femme qui réclame 5 000 €. « Ah c'est pour ça qu'on ne vous trouve pas, vous étiez mineure… », déduit une juge en relisant l'ordonnance de Bobigny. La décision sera rendue le 29 janvier 2018.