Les 120 victimes de l’explosion de Noisy-le-Sec se partageront 1,1 M€

Bobigny, vendredi 26 février. Caroline, l’une des 120 parties civiles, remercie son avocate Me Mapche Tagne qui l’a accompagnée pendant les huit ans de procédure.
Bobigny, vendredi 26 février. Caroline, l’une des 120 parties civiles, remercie son avocate Me Mapche Tagne qui l’a accompagnée pendant les huit ans de procédure. (LP/NR.)

    «Surtout rendez hommage à Mme Bouvard », insiste Joëlle, l'une des 120 parties civiles au procès de l'explosion de la barre Stephenson, à Noisy-le-Sec. «Cette dame avait créé notre association Les survivants de Gay-Lussac. Elle est morte la veille du premier délibéré. »

    Le jugement de ce procès retentissant, qui s'est tenu en novembre, devait en effet intervenir le 26 janvier dernier mais il avait dû être reporté un mois plus tard, ce 26 février.

    Ce vendredi, devant la 14e chambre du tribunal correctionnel de Bobigny, une trentaine de victimes se sont déplacées pour écouter cet épilogue tant attendu. Les responsabilités pénales de la société Abrotech et de l'office HLM, OPH 93, ont été retenues. Les parties civiles devront se partager 1,1 M€ au titre des divers dommages.

    Huit ans de procédures

    Ce délibéré clôture huit ans de procédures et autant d'années de calvaire. Le 22 décembre 2007, premier jour des vacances scolaire, une explosion coupait la barre HLM en deux. Un tiers de l'immeuble disparaissait sous les gravats. Un engin de chantier avait malencontreusement percé une conduite de gaz. Par chance, tous les locataires avaient pu être évacués à temps. Il n'y eut aucun blessé mais des traumatismes qui durent.

    Devant la salle d'audience, Farida 41 ans, esquisse un timide sourire. Le tribunal lui a attribué 12 000 €, autant pour son mari et 6 000 € à chacun de ses deux enfants : « Je m'attendais à beaucoup moins. Même si on avait demandé plus. » Cette somme n'effacera pas sa douleur. Son appartement a été réduit en cendres et avec lui des souvenirs irremplaçables. « Je n'ai pas pu récupérer les images des deux enfants que j'avais perdus avant l'explosion. C'est surtout ça qui m'a traumatisé. »

    «Tous les matins, j'ouvre ma fenêtre et je vois ce trou »

    Farida et sa famille ont été relogées juste en face du cratère creusé par l'explosion. «Tous les matins quand j'ouvre ma fenêtre je vois ce trou, mais, ajoute-t-elle, Dieu merci nous sommes vivants. »

    C'est aussi ce que veut retenir sa voisine, Caroline qui remercie chaleureusement son avocate. « Vous allez pouvoir tourner la page. La procédure se termine enfin », lui glisse Me Véronique Rey. Caroline n'est pourtant pas tout à fait convaincue. Elle guette non sans appréhension les travaux de reconstruction qui s'annoncent pour le printemps : «Ça va être la boule au ventre pendant un mois à l'idée d'entendre les engins de chantier », redoute la locataire.