Le club de boxe de Saint-Ouen se bat pour la réinsertion des détenues de Fleury-Mérogis

L’association RM Boxing a fait passer des diplômes de juge-arbitre en boxe à des femmes incarcérées à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (91).

 Fleury-Mérogis, jeudi 23 novembre. Les juges-arbitres, ici au bord du ring, doivent décider de l’issue du combat entre les boxeuses.
Fleury-Mérogis, jeudi 23 novembre. Les juges-arbitres, ici au bord du ring, doivent décider de l’issue du combat entre les boxeuses. LP/R.C.

    La journée était un peu exceptionnelle jeudi dernier à la maison d'arrêt des femmes de Fleury-Mérogis (Essonne). Douze femmes se sont vues remettre le diplôme de juge arbitre régional de boxe (BJAR). Une formation dispensée pour la deuxième année au sein de l'établissement pénitentiaire par Rachid Saadi, le fondateur du RM Boxing de Saint-Ouen à l'origine du projet Double impact. « C'est un petit diplôme, mais c'est très valorisant, sourit Ornella, l'une des lauréates. Je n'en ferais pas mon métier, mais ça va m'ouvrir les portes des galas régionaux si je veux arbitrer », apprécie la jeune femme à l'issue du gala de boxe organisé pour l'occasion au sein du gymnase de la maison d'arrêt.

    Quelques minutes auparavant, elle était autour du ring pour juger l'issue du combat disputé par plusieurs de ses codétenues. « Prendre des décisions, c'est aussi assumer ses responsabilités », approuve Ornella. Elle a travaillé dur pendant plusieurs mois sous le regard exigeant de Rachid Saadi. C'est la deuxième année que l'association de Seine-Saint-Denis intervient à la maison d'arrêt de Fleury pour former des femmes incarcérées au BJAR.

    « Elles ont été très impliquées. Au-delà des valeurs de respect et de discipline véhiculées par la boxe, elles apprennent à respecter les décisions de l'arbitre. Il faut les accepter. C'est la même chose dans la vie active », analyse Rachid Saadi.

    Un vrai outil d'insertion

    Sabrina, une autre détenue, le confirme. Elle a beaucoup appris à juger les autres, mais aussi se faire juger. « Je supportais très mal les critiques. Ça m'a permis de moins prendre les choses au premier degré. »

    Le BJAR n'est pas un morceau de papier sans valeur. « Dès leur sortie de détention, les lauréates peuvent intégrer la fédération et arbitrer lors de compétitions régionales (environ 80 € par gala). C'est un vrai outil d'insertion pour les remettre sur le droit chemin », apprécie Nadir Allouache, le président de la fédération française de kick boxing et de muay thai.

    Fort de ce succès, la nouvelle directrice de la maison d'arrêt des femmes de Fleury-Mérogis, arrivée en juin, entend renouveler l'expérience l'an prochain. « Ces femmes ont besoin d'être valorisées. Elles ne représentent qu'1 % de la population carcérale et on ne parle jamais de ce qu'elles font pour s'en sortir », relève Aude Boyer. « Là, elles sont souriantes, dynamiques, on ne dirait pas qu'elles sont en prison », ajoute-t-elle. Après de deux heures de défoulement, la réalité carcérale refait pourtant surface. A 11 h 50, la directrice demande aux détenues de réintégrer leur cellule pour 12 h 05, pour ne pas perturber l'emploi du temps de la journée.