5 minutes pour comprendre la bataille entre Meghan Markle et les tabloïds britanniques

La victoire judiciaire de Meghan Markle pour atteinte à la vie privée face au journal « Mail on Sunday » est symbolique. Dans un communiqué, la duchesse de Sussex y voit le début d’une réforme « de l’industrie des tabloïds », mais l’affaire est loin d’être terminée.

« C’est une victoire pour moi mais aussi quiconque a toujours eu peur de défendre ce qui est juste », a réagi Meghan Markle. AFP/BEN STANSALL
« C’est une victoire pour moi mais aussi quiconque a toujours eu peur de défendre ce qui est juste », a réagi Meghan Markle. AFP/BEN STANSALL

    L’affaire fait grand bruit outre-Manche. Jeudi, la cour d’appel a rejeté l’appel du tabloïd anglais Mail on Sunday qui contestait sa condamnation pour atteinte à la vie privée de la duchesse de Sussex, Meghan Markle. « Nous sommes maintenant collectivement assez courageux pour remodeler une industrie des tabloïds qui pousse les gens à être cruels et tire profit des mensonges et de la douleur qu’ils créent », a réagi cette dernière dans un communiqué.

    Comment en est-on arrivé là ?

    Pour comprendre cette histoire, il faut remonter au mois d’août 2018. À l’époque, le mariage entre l’actrice Meghan Markle et le prince Harry fait les choux gras des médias britanniques, dans un pays où la vie privée des célébrités est souvent considérée d’intérêt public. Dans ce contexte, la nouvelle duchesse de Sussex avait souhaité s’adresser à son père, Thomas Markle, par échange de lettres. Elle le suppliait de ne plus commenter dans la presse ses relations amoureuses. « Tu m’as brisé le cœur en mille morceaux », avait-elle notamment écrit.



    Cette lettre, passée par les mains de l’un ses proches conseillers Jason Knauf, a fuité dans la presse. Le Mail on Sunday, un tabloïd du dimanche appartenant au journal britannique Daily Mail, avait publié en « une » des extraits de ces échanges privés. S’en est suivi un scandale médiatique qui aboutit, entre autres, à la mise en retrait du couple royal, depuis exilé en Californie.

    Le Daily Mail, condamné à verser 530 000 euros

    Après un recours devant la justice, Meghan Markle avait remporté le procès contre le média britannique en première instance au mois de février dernier. Le Mail on Sunday avait été condamné à faire état en « une » de sa défaite au tribunal, et son éditeur à verser 450 000 livres (530 000 euros) à Meghan Markle, pour compenser ses frais de justice.

    Mais le tabloïd a décidé de faire appel, et en a profité pour arguer que la lettre de la duchesse à son père avait été écrite dans le but d’influencer le discours médiatique, donc que celle-ci relevait du débat public. Il déplorait notamment que la décision ait été prise en première instance sans passer par un procès en bonne et due forme.

    Rejetant l’appel, les juges de la cour ont confirmé la décision initiale qui statuait que, concernant le contenu de cette lettre, les « attentes en matière de vie privée de la duchesse étaient raisonnables ».

    Une décision qui fragilise les tabloïds britanniques ?

    La duchesse de Sussex a clairement indiqué que ce n’était pas la fin de son combat contre la culture tabloïd. Mais il est très peu probable que les choses changent durablement selon Caroline Lazard, journaliste à Point de vue, un média spécialisé dans les têtes couronnées. « Le fait que le droit britannique reconnaisse cette atteinte à la vie privée, c’est inédit », exprime-t-elle. « Mais les tabloïds continueront à commenter la vie royale, et inversement, la famille royale continuera à négocier avec les tabloïds. C’est du donnant-donnant ».

    La relation entre presse et famille royale a toujours été encadrée par le système de « Royal Rota », un procédé d’accréditations médiatiques exclusivement accordées à certains journaux pour assister aux évènements forts de la famille royale. « Le désastre de la mort de Lady Diana a fait bouger les choses du point de vue de la vie privée de la famille royale. À côté, l’échelle de l’affaire Markle-Miror est bien moindre », abonde la journaliste spécialisée.

    L’affaire est loin d’être terminée puisque le groupe Associated Newspapers Limited (ANL), société éditrice du Mail on Sunday, a prévu de porter l’affaire devant la cour suprême britannique, voir la cour européenne des droits de l’homme.