Carte du déconfinement : l’Ile-de-France passera-t-elle enfin au vert ?

Selon toute vraisemblance, une bonne partie des indicateurs du déconfinement devraient passer au vert pour la région parisienne. Mais la prudence reste cependant de mise. On vous explique pourquoi.

 Depuis le 11 mai, les Parisiens sont autorisés à se déplacer librement dans la capitale placée en zone rouge. Mais les collèges, parcs et jardins, contrairement aux zones vertes, restent fermés.
Depuis le 11 mai, les Parisiens sont autorisés à se déplacer librement dans la capitale placée en zone rouge. Mais les collèges, parcs et jardins, contrairement aux zones vertes, restent fermés. LP/Olivier Arandel

    Rouge ou vert? La question hante les Franciliens, coincés en zone rouge depuis le déconfinement du 11 mai. Surtout quand on sait que la réouverture des bars et restaurants, notamment, pourrait dépendre de cette fameuse classification. Si l'on se fie aux critères déjà en place et aux données disponibles, tout laisse à penser qu'au 2 juin, la région aurait de nombreuses chances de passer enfin au vert.

    En principe, trois critères sont pris en compte pour le passage d'une région ou département en « zone verte », selon l'article 2 du décret du 11 mai : la capacité de réaliser des tests virologiques, le taux d'occupation des lits de réanimation par des patients positifs Covid-19 ne dépassant pas 60 %, et le nombre de passages aux urgences pour suspicion de Covid-19 inférieur à 6 %.

    Depuis plusieurs jours déjà, les régions du Grand Est, de la Bourgogne Franche-Comté et des Hauts-de-France, qui restent en rouge, seraient théoriquement - et selon ces critères - déjà en vert. Plusieurs élus locaux ont d'ailleurs appelé à un changement de couleur « dans les meilleurs délais ».

    Pour l'Ile-de-France, certains critères vont aussi dans ce sens. Les capacités de réaliser des tests étant garanties par le gouvernement, il faut étudier de près les deux autres critères d'évaluation. Ainsi, au 27 mai, le taux d'occupation des lits de réanimation en Ile-de-France se situe bien sous la barre des 60 %, avec 666 lits occupés sur un total de 1 200 lits de réanimations dans la région (56 %, donc), selon l'Agence régionale de santé (ARS). Cette capacité de lits avait été augmentée à 3 000 au plus fort de la crise.

    Le Val-d'Oise, point noir de la carte

    En ce qui concerne les passages aux urgences, tout dépend des départements. Le 25 mai, seuls le Val-d'Oise et Paris dépassaient le seuil des 6 %, avec 1 220 passages sur 10 000 pour le premier (soit 12,2 %), et 659 pour Paris (6,59 %), d'après les données les plus récentes de Santé Publique France. Au niveau régional, le taux est de 4 % à la même date. Et tous ces chiffres ont tendance à baisser, selon l'ARS.

    Impossible pour l'instant de savoir si le placement du Val-d'Oise en rouge ferait basculer toute la région dans la même couleur, mais la question se pose, car l'ARS d'Ile-de-France gère la crise au niveau régional, et non départemental.

    Ces chiffres devraient vraisemblablement baisser, et il est possible que certains indicateurs passent du rouge au vert, selon le directeur de l'ARS d'Ile-de-France, Aurélien Rousseau. « On a surtout nos nouveaux indicateurs d'alerte qui sont aussi orientés positivement. On a moins d'appels au Samu pour suspicion de Covid-19. On a moins de passages aux urgences. Et puis, surtout, dans tous les tests que l'on fait, on a un taux de gens qui sont positifs qui est assez faible », a-t-il déclaré mercredi sur Franceinfo.

    Selon nos calculs, dans la semaine du 11 au 17 mai, tous les départements d'Ile-de-France affichaient des taux de tests positifs en dessous des 5 %… Sauf pour le Val-d'Oise, où 5,8 % des tests effectués se révélaient positifs. Reste une bonne nouvelle : le nombre de tests effectués baisse lui aussi, ce qui montre que le nombre de suspicions de Covid-19 diminue dans la région.

    « On est encore en tension »

    Pas question cependant de crier victoire trop vite. « Quand on a toujours 666 personnes avec le Covid en réanimation, qu'on a 7 200 patients hospitalisés dans les hôpitaux et cliniques d'Ile-de-France, on est encore en tension », a prévenu Aurélien Rousseau. La reprise de l'activité au 2 juin pourrait également faire repartir les chiffres à la hausse.

    On ne sait pas encore si d'autres critères pourraient être pris en compte pour le classement de la région en rouge, comme l'apparition de nouveaux clusters. Sur la quarantaine de foyers épidémiques que nous avons relevés en France, cinq ont éclos en Ile-de-France et dans l'Oise.

    « Nous dévoilerons très bientôt les indicateurs, les cartes, les mécanismes qui pourront nous conduire à prendre des décisions pour la suite. Nous travaillons sur un panel de critères. Un peu de patience », a expliqué le ministre de la Santé, Olivier Véran, à la sortie du Conseil des ministres ce mercredi.

    Il faudra attendre au moins jeudi après-midi et la prise de parole du Premier ministre pour confirmer ce passage de l'Ile-de-France au vert. Edouard Philippe a en effet prévu de dévoiler son plan final de déconfinement tant attendu pour le 2 juin.