Confinement : à Bordeaux, une émission de radio quotidienne pour les détenus

Faute de parloirs à la prison de Gradignan, une radio assure un lien quotidien avec les familles des détenus.

 Bordeaux (Gironde), le 21 avril. La radio la Clé des ondes a élargi le temps d’antenne consacré aux détenus de la prison de Gradignan.
Bordeaux (Gironde), le 21 avril. La radio la Clé des ondes a élargi le temps d’antenne consacré aux détenus de la prison de Gradignan. LP/Klervi Le Cozic

    « Protégez-vous les amis, prenez le soleil en promenade c'est de la vitamine D! » lance Nathan. Les messages arrivent peu à peu, enregistrés sur le répondeur de la radio associative. D'autres en laissent en direct, comme Ginette à l'attention de Bernard : « Ta maman va bien, je l'ai souvent au téléphone et moi je t'ai écrit une lettre ». Depuis le 20 avril, l'émission « L'autre parloir », proposée tous les mercredis depuis 1992 sur l'antenne militante, est devenue quotidienne. Pendant le confinement dû à la pandémie de Covid-19, la radio diffuse aussi chaque jour à 11 heures et 22 heures, « L'envolée », une émission faite à Paris, pour tous les détenus de France.

    « Pour leur dire qu'on ne les oublie pas »

    « Ça fait plus d'un mois que les détenus ne peuvent plus voir leurs proches à cause des mesures de confinement. Ils subissent encore plus leur isolement. Ces émissions sont là pour les soutenir et leur dire qu'on ne les oublie pas », explique Xavier Ridon, le directeur de La Clé des Ondes. Il a rejoint l'équipe de bénévoles qui assure désormais, du lundi au dimanche, une heure d'émission en direct depuis les studios installés dans le quartier Bacalan à Bordeaux (Gironde). « Un temps de libre antenne, où l'on respecte l'anonymat », souligne-t-il.

    Derrière les murs du centre pénitentiaire de Gradignan, le directeur André Varignon salue l'initiative. « Les détenus ne peuvent plus travailler, ni voir leurs proches, ils ont hâte de retrouver un fonctionnement normal, l'émission permet de maintenir du lien », raconte-t-il.

    Depuis le début du confinement, les détenus qui ont accès au téléphone ont reçu un crédit de 40 euros pour pouvoir appeler leurs proches. L'émission vient en complément. « Elle est diffusée de 19 heures à 20 heures, c'est le début de la période de solitude… », ajoute le directeur pénitentiaire qui s'est engagé à acheter une cinquantaine de postes de radio pour les détenus qui n'en ont pas les moyens.