Entre gestes barrières et inégalités, la rentrée scolaire sera tout sauf «normale»

Les enseignants s’inquiètent des conditions dans lesquelles se tiendra la rentrée de septembre 2020 avec le risque du Covid-19. Emmanuel Macron souhaite qu’elle soit «la plus normale possible».

 Le protocole sanitaire devrait rester le même à la rentrée :  lavage des mains et port du masque à partir de 11 ans.
Le protocole sanitaire devrait rester le même à la rentrée : lavage des mains et port du masque à partir de 11 ans. LP/Frédéric Dugit

    Des évaluations plus précoces pour juger du niveau scolaire, un soutien individuel renforcé pour les décrocheurs et le maintien de gestes barrières, voilà ce qui attend les 12 millions d'élèves pour la prochaine rentrée scolaire. Dans son intervention à la télévision le 14 juillet, Emmanuel Macron a souhaité qu'elle soit « la plus normale possible », mais la formule fait déjà sourire les syndicats d'enseignants qui la jugent bien trop optimiste!

    « La prochaine rentrée ne peut être que hors normes, ne serait-ce qu'en raison du contexte sanitaire et des inégalités qui se sont creusées entre élèves durant le confinement », prévient-on tant du côté du Snuipp-FSU (primaire) que du Snes (collèges et lycées). Autant dire que « l'objectif prioritaire d'établir un cadre serein propice à la reprise de la vie collective » que fixe Jean-Michel Blanquer dans sa traditionnelle circulaire de rentrée n'est pas gagné.

    Les gestes barrière devraient rester les mêmes

    C'est en tout cas dans des établissements sous pression de l'épidémie de Covid-19 que 12 millions d'élèves vont reprendre le chemin de l'école. Ceux qui n'avaient pas décroché ne seront pas trop dépaysés. Pour eux comme pour les adultes, les gestes barrière en vigueur depuis le dernier protocole sanitaire devraient rester les mêmes : ce sera lavage des mains, port du masque (dès qu'on a plus de 11 ans, autrement dit à partir du collège) et classe entière. Et pour éviter qu'ils ne se déplacent trop dans les couloirs des établissements, leur cours aura lieu dans la même salle et ce sera, « dans la mesure du possible », aux enseignants de bouger.

    Côté syndicats, on espère que ces gestes barrière suffiront : « On fera tout pour, insiste Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes. Nous-mêmes, on nettoie à la fin de chaque cours notre chaise, notre bureau, mais ce n'est pas toujours simple de faire respecter le port du masque aux élèves. Certains ont parfois bien du mal à le garder alors quand on va retrouver des classes complètes à la rentrée, cela risque d'être chaud », avertit-elle. Pour Guislaine David (Snuipp-FSU), le sous-équipement de certains établissements en… sanitaires est l'autre point noir « et ce n'est pas en deux mois que les mairies auront le temps de s'en occuper », note-t-elle, fataliste.

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    Emmanuel Macron veut la rentrée se fasse avec « une exigence renforcée » alors, dès le 14 septembre, ce sera le top départ des évaluations nationales en CP, CE1 et 6e. En 6e, ce dispositif sera même renforcé par un test de « lecture fluide » dès les premiers jours. Ce calendrier tambour battant fait tiquer au Snuipp-FSU. « S'il y avait une rentrée où il fallait reprendre doucement tant les enfants ont été secoués, c'est bien celle-là. Ces évaluations quinze jours après la rentrée, c'est bien trop tôt. On met inutilement les élèves et les familles sous pression », critique Guislaine David.

    L'autre grande priorité affichée est de rattraper « les décrocheurs » perdus de vue durant le confinement. Pour réduire les éventuels écarts entre élèves, le dispositif Devoirs faits va donc être musclé : 4 heures hebdomadaire seront proposées, de septembre à décembre, à chaque élève de 6e. Et toujours pour ces élèves, les collèges pourront proposer « un parcours de soutien à ceux qui éprouvent des difficultés à lire, écrire, compter » de 5 heures chaque semaine, pris sur d'autres disciplines que les maths et le français.

    « Des aménagements de programmes en 6e, 3e et Seconde auraient été plus pertinents. C'est ce qu'on avait demandé afin que les enseignants puissent travailler en petit groupe avec ceux qui ont été les plus pénalisés par le confinement. Mais on attend toujours la réponse », relève Frédérique Rolet, un peu sceptique sur les réelles chances de remettre rapidement à niveau ces brebis égarées.