Déconfinement, écoles, impôts, racisme… Ce qu’il faut retenir de l’allocution d’Emmanuel Macron

Le président de la République a repris publiquement la parole ce dimanche pour présenter les contours d’une « nouvelle ère ».

    Deux mois que le président de la République ne s'était pas ainsi adressé aux Français. Le 13 avril dernier, Emmanuel Macron annonçait le début du déconfinement pour le 11 mai. L'épidémie était encore loin d'être maîtrisée et les Français devaient se préparer à quatre nouvelles semaines d'isolement, loin de la vie d'avant.

    Ce dimanche soir, le chef de l'Etat a tenté de tourner une nouvelle page. L'heure est à la refondation et à la relance de l'économie. Elle est aussi à la contestation, alors que des policiers se disent jetés en pâture par l'exécutif et que des milliers de personnes défilent dans le pays contre le racisme et les violences policières. Autant de points sur lesquels le chef de l'Etat a pris position. Dans un cadre solennel, à 20 heures à la télévision, pour un discours - enregistré - d'un peu plus de 19 minutes.

    Macron rend hommage aux Français

    Emmanuel Macron a d'abord souhaité remercier les Français et justifier ses choix. « Je veux ce soir penser à nos morts, à nos familles. Clore aujourd'hui le moment du confinement n'avait rien d'une évidence », explique-t-il. « L'Etat a tenu », s'est-il encore félicité. « Vous avez fait preuve d'un sens des responsabilités admirable », a-t-il continué, remerciant ceux qui ont continué à travailler pour assurer les services essentiels à la nation, rendant un hommage tout particulier aux soignants.

    « Des dizaines de milliers de vies ont été sauvées par nos choix, poursuit-il. La période a montré que nous avions des ressorts, de la ressource. Nous pouvons être fiers de ce qui a été fait », poursuit-il, concédant des failles, notamment une dépendance vis-à-vis d'autres pays du point de vue économique. « Nos forces, nous les conforterons. Nos faiblesses, nous les corrigerons. »

    L'Ile-de-France passe en zone verte

    L'épidémie marque un recul dans le pays, la stratégie de déconfinement n'est pas remise en cause et certains demandaient au président d'accélérer la cadence. Pour la phase II du déconfinement, l'Ile-de-France, Mayotte et la Guyane avaient été classés en orange, trois territoires au sein desquels le déconfinement devait être mis en œuvre de façon plus prudente, prévenait le Premier ministre Édouard Philippe. Reste qu'en ce dimanche 14 juin, tous les indicateurs sanitaires sont désormais au vert pour l'Ile-de-France.

    « À partir de demain nous allons pouvoir tourner la page du premier acte de la crise que nous avons traversé. Dès demain tout le territoire, à l'exception de Mayotte et la Guyane, passera dans ce qu'il est convenu d'appeler la zone verte », a déclaré le président de la République. Dans la région francilienne, les cafés et les restaurants pourront donc accueillir de nouveau du public dans leurs salles, et plus seulement en terrasse.

    Allègement du protocole sanitaire dans les écoles

    Depuis plusieurs jours, des voix s'élevaient pour réclamer une reprise plus rapide des enseignements scolaires et un allègement du protocole sanitaire. Les enjeux sont importants, alors que seul le quart des écoliers ont repris le chemin de l'école. Une situation qui freine de fait la reprise économique, avec de très fortes contraintes pour les parents. « Dès demain en Hexagone comme en Outre-mer, les crèches, les écoles, les collèges se préparent à accueillir à partir du 22 juin tous les élèves de manière obligatoire et selon les règles de présence normales », a annoncé le chef de l'Etat.

    Les lycées ne sont pas concernés par cette réouverture totale. Contacté par Le Parisien, le cabinet de Jean-Michel Blanquer explique que les risques y sont jugés plus élevés. « Il y a beaucoup plus de brassage dans ces établissements, le protocole sanitaire est maintenu et le contrôle continu prévaudra pour le baccalauréat », nous indique-t-on.

    Le second tour des municipales maintenu le 28 juin

    Au vu de l'évolution positive de l'épidémie, Emmanuel Macron a confirmé que le second tour des élections municipales se tiendra bien le 28 juin.

    Toujours sur le volet politique, Emmanuel Macron semble amorcer un mouvement de décentralisation. Cette page nouvelle, défendue par le président de la république, donnera davantage de « libertés et de responsabilités à ceux qui agissent au plus près de nos vies », comme les maires, les hôpitaux ou encore les universités.

    Les visites autorisées dans les Ehpad

    Le président de la République a annoncé que les visites dans les Ehpad, qui n'étaient plus possibles, seront de nouveau permises.

    Les rassemblements resteront encadrés

    Après l'annonce de cette accélération du déconfinement, Emmanuel Macron a tout de même appelé au respect de certaines règles de prudence, alors que le virus continue de circuler dans le pays. «Il faudra éviter au maximum les rassemblements », prévient-il, précisant que ces derniers resteront « très encadrés ». Emmanuel Macron n'a pas précisé si le gouvernement entendait autoriser des rassemblements de plus de dix personnes dans l'espace public.

    Pas de hausse d'impôts malgré la crise économique

    Emmanuel Macron entend conduire une reconstruction économique « forte, écologique, souveraine et solidaire », prévient-il. « Au total, nous avons mobilisé près de 500 milliards d'euros pour notre économie. C'est inédit. Dans combien de pays tout cela a-t-il été fait? » interroge-t-il.

    Le chef de l'Etat s'est engagé à ne pas augmenter les impôts et propose de bâtir un modèle économique plus fort et durable. Pour éviter les licenciements, Emmanuel Macron a rappelé l'ouverture de négociations lancées avec les partenaires sociaux. Il défend la nécessité d'investir et de relocaliser lorsque cela se justifie. « Il nous faut créer les emplois de demain par la reconstruction écologique », affirme-t-il encore.

    VIDÉO. Macron : «Nous n'augmenterons pas les impôts»

    Le chef de l'Etat a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre une relance sociale et solidaire, tournée vers la jeunesse, « qui porte la dette écologique et budgétaire de notre pays ». Cette relance sera préparée pendant tout l'été pour être mise en œuvre au plus vite, a-t-il détaillé, promettant de reprendre la parole en juillet pour « préciser (un) nouveau chemin et lancer les nouvelles actions ».

    Un mot sur la police et les contestations sociales

    Le président de la République ne souhaitait pas en faire un point central de son discours, mais il était inconcevable de ne pas évoquer le sujet du racisme et des violences policières, qui pousse des milliers de personnes dans les rues et a mis en grande difficulté le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, accusé par les forces de l'ordre de les avoir lâchées.

    « Je nous vois nous diviser pour tout. Nous sommes une nation ou chacun, quelles que soient ses origines ou sa religion doit trouver sa place […] Notre combat (contre les discriminations) doit se poursuivre et s'intensifier ».

    VIDÉO. Macron : « La République n'effacera aucune trace de son histoire »

    Emmanuel Macron a annoncé de nouvelles mesures pour l'égalité des chances et la lutte contre le racisme, regrettant un combat dévoyé par « les séparatistes ». Il a assuré que « la République n'effacera aucune trace de son histoire » et qu'elle « ne déboulonnera pas de statues ». Le président a enfin rendu hommage aux policiers et aux gendarmes, « qui méritent le soutien de la puissance publique et notre reconnaissance ».