Budget rectificatif : croissance, déficit… l’économie française s’enfonce dans le rouge

Après des mois de crise du Covid-19, les chiffres sont catastrophiques : -11% pour le PIB en 2020 ! Alors que le 3e projet de loi de finances rectificative doit être présenté le 10 juin, il y a quand même des motifs d’espoir.

 Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, le 20 mars à l’Elysée. Le nouveau budget rectificatif doit être présenté mercredi 10 juin en Conseil des ministres.
Le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, le 20 mars à l’Elysée. Le nouveau budget rectificatif doit être présenté mercredi 10 juin en Conseil des ministres. LP/Frédéric Dugit

    Tous les voyants de l'économie française clignotent encore en rouge, alors qu'un troisième projet de loi de finances rectificative (PLFR) pour 2020 doit être présenté mercredi 10 juin en Conseil des ministres. Dans ce texte, les plans sectoriels déjà présentés face à la crise du coronavirus, ceux du tourisme et de l'automobile, seront gravés dans le marbre. Celui de la tech, annoncé ce vendredi 5 juin, et celui de l'aéronautique, dévoilé par Emmanuel Macron la semaine prochaine, font également partie de ce budget rectificatif. Au total : environ 40 milliards d'euros de mesures seront intégrés. Enfin, certains volets du plan d'aide européen y sont aussi inclus.

    Ce qui retient le plus l'attention dans ce nouveau texte, ce sont les prévisions macroéconomiques réactualisées pour 2020. Car pour présenter au chef de l'Etat puis aux parlementaires son budget, le ministère de l'Economie a mis ses chiffres à jour. Et ils continuent de faire froid dans le dos : une chute du produit intérieur brut (PIB), soit une croissance négative, à −11 % en 2020, un déficit équivalent à 11,4 % du PIB (contre « seulement » 9 % il y a un mois et demi lors du précédent budget rectificatif ) et une dette à 120,9 % du PIB.

    « Ce qui plombe ces chiffres mis à jour, c'est notamment le recul de la croissance au deuxième trimestre, note Bercy. Selon les derniers calculs de l'Insee, la mise sous cloche de l'économie pendant les huit semaines de confinement a entraîné une baisse de produit intérieur brut (PIB) de 20 % sur la période ».

    Pas de baisse de la TVA envisagée

    Malgré tout, les cols blancs de Bercy voient poindre quelques signaux encourageants. Le premier d'entre eux : la consommation des ménages. « Nous enregistrons un rebond, analyse le cabinet de Bruno Le Maire. Elle était de −32 % pendant le confinement, elle vient de remonter à −6 % lors de la première semaine du déconfinement. Il faudra s'assurer que cette reprise est durable. »

    Pour encourager les Français à consommer, Bercy exclut en tout cas d'avoir recours à une baisse de la TVA, comme vient de le faire l'Allemagne. « L'efficacité de la mesure est contestable car elle coûte très cher et est peu ciblée, précise Bercy. Lorsque cela a été fait par le passé, certaines entreprises s'en sont servies pour reconstituer leurs marges sans faire baisser les prix. »

    Autres lueurs d'espoir : alors que l'arrêt du tourisme a coûté un point de PIB, « à l'horizon fin 2020, les échanges touristiques devraient se rétablir à environ la moitié de leur niveau antérieur », estime Bercy.

    Au ministère de l'Economie, on estime désormais que la crise économique dans le sillage de l'épidémie de Covid-19 devrait être « temporaire ». « Voilà pourquoi notre priorité est de soutenir l'emploi et les entreprises, précise-t-on. D'autant que nous n'avons pas de problème pour nous endetter à long terme à des taux très faibles. Il viendra ensuite un temps où il faudra baisser les dépenses publiques. Et cela passera essentiellement par la reprise de la croissance. »

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