La biodiversité en danger en Ile-de-France : les conseils d’un expert pour agir

Un rapport révèle que plusieurs espèces sont menacées dans la région parisienne. Pour y remédier, un mot d’ordre : végétaliser

 Pour l’urbaniste et jardinier Julien Garnot, il faut planter arbres, arbustes et plantes partout où cela est possible en ville (comme ici sur le toit d’un lycée parisien) pour qu’ils puissent accueillir la biodiversité (photo d’illustration).
Pour l’urbaniste et jardinier Julien Garnot, il faut planter arbres, arbustes et plantes partout où cela est possible en ville (comme ici sur le toit d’un lycée parisien) pour qu’ils puissent accueillir la biodiversité (photo d’illustration). Mairie de Paris

    L'Ile-de-France n'est pas épargnée. Comme partout sur la planète, la biodiversité y est menacée et plusieurs espèces sauvages sont en grave déclin. Ce sont les conclusions du « Panorama de la biodiversité francilienne », publié jeudi 20 juin par l'agence régionale de la biodiversité (ARB). Des conclusions peu surprenantes quand on sait que c'est la région la plus peuplée, dense et artificialisée de France.

    Certains oiseaux, plantes à fleurs ou chauve-souris ont ainsi perdu une importante part de leur population. Celle du bruant jaune, par exemple, a chuté de 44 %, et de 41 % pour l'étourneau sansonnet. Mais la pire dégringolade concerne le moineau domestique : 73 % de ses effectifs ont disparu. Résultat : une uniformisation des espèces, qui pourrait s'aggraver, à terme, dans les grandes villes comme New York, Paris ou Tokyo.

    Planter, planter, planter…

    En cause, l'agriculture, le recul des forêts, la bétonisation et la pollution. Pourtant, cette baisse de la biodiversité n'est pas irréversible. Les populations de certaines espèces sont en baisse, mais aucune n'a disparu. En agissant à grande et à petite échelle, la situation pourrait s'améliorer.

    Pour cela, un mot d'ordre : planter. Si vous avez un jardin à vous, ou en copropriété, plantez des arbres et des arbustes, c'est ce que recommande l'urbaniste et jardinier Julien Garnot, directeur d'Urbanescence, structure qui accueille la biodiversité en ville. Pas de jardin ni de balcon ? Ce n'est pas grave, vous pouvez toujours vous inscrire dans un jardin partagé.

    Il est même possible, depuis 2015, de s'approprier un espace de terre en ville, comme le pied d'un arbre. C'est le « permis de végétaliser », qui permet à n'importe qui de faire des plantations.

    « Il faut aussi changer les pratiques », selon Julien Garnot. Selon lui, jardiniers professionnels comme amateurs ne sont pas correctement formés à la gestion écologique. « Certaines mauvaises pratiques subsistent, explique-t-il. Trop tondre les pelouses, par exemple, empêche aux fleurs de se développer et d'accueillir des pollinisateurs ».

    … Mais pas n'importe comment

    Planter oui, mais pas n'importe comment. « Il faut s'inspirer de la permaculture, poursuit le jardinier. Planter pour la nature, les insectes et les animaux. De cette manière, on crée un éco-système qui s'équilibre, qui sera durable ».

    Pour cela, privilégier les plantes locales, qui pourront s'épanouir correctement en Ile-de-France. Parmi les espèces à privilégier, les arbres, les arbustes et les plantes vivaces, favorables aux oiseaux, insectes et pollinisateurs.

    Pour les clôtures, par exemple, mieux vaut éviter le Laurier palme ou les thuyas, du « béton vert », selon Julien Garnot, très fréquemment utilisés, mais qui ne présentent aucun intérêt pour la biodiversité. À la place, le saule tressé « permet de créer une clôture naturelle et résistante, très favorable aux pollinisateurs », recommande-t-il. Pour ceux qui ont moins de place, vous pouvez choisir les arbustes, comme le sorbier des oiseleurs, l'érable champêtre, ou bien le merisier.

    Mais pour Julien Garnot, les initiatives individuelles doivent être accompagnées d'une véritable volonté politique. « L'OMS préconise 10 m2 d'espace vert par habitant en ville. Certaines communes d'Île France sont à 1 ou 2 m2 par habitant, déplore-t-il. Il faut que les politiques verdissent les espaces urbains ».

    Récemment, la maire de Paris, Anne Hidalgo révélait au Parisien qu'elle voulait « débitumiser » la capitale, en plantant des arbres dans des lieux phares : les voies sur berge, le parvis de l'Hôtel de Ville, l'arrière de l'opéra Garnier et la place située à l'avant de la Gare de Lyon. Un bon début, selon Julien Garnot, qui fait tout de même une mise en garde : planter des arbres ce n'est pas tout, il faut surtout en prendre soin.