Service national universel : coût sous-estimé, mixité sociale… Le sévère bilan de la Cour des comptes

Les Sages épinglent ce vendredi dans un rapport le dispositif du SNU, service citoyen ouvert à tous les jeunes âgés de 15 à 17 ans, lancé voilà cinq ans par Emmanuel Macron.

« Plus de cinq années après son démarrage, les objectifs du SNU demeurent incertains et dès lors mal compris par le grand public », écrit la Cour dans un rapport publié vendredi. Le SNU est destiné aux élèves de seconde volontaires. (Illustration) LP/Arnaud Dumontier
« Plus de cinq années après son démarrage, les objectifs du SNU demeurent incertains et dès lors mal compris par le grand public », écrit la Cour dans un rapport publié vendredi. Le SNU est destiné aux élèves de seconde volontaires. (Illustration) LP/Arnaud Dumontier

    Objectifs « incertains », coût « largement sous-estimé », « difficultés de déploiement » : la Cour des comptes a dressé vendredi un bilan sévère du Service national universel (SNU), dispositif cher à Emmanuel Macron. « Plus de cinq années après son démarrage, ses objectifs demeurent incertains et dès lors mal compris par le grand public, en particulier par les jeunes qui en constituent pourtant la cible », écrit la Cour dans un rapport publié vendredi.

    Promesse de campagne du chef de l’État, le SNU a été lancé en 2019 avec l’objectif de le rendre à terme obligatoire pour toute une classe d’âge, soit environ 800 000 jeunes par an. Il comporte un « séjour de cohésion » et une « mission d’intérêt général » et ne concerne jusqu’à présent que des jeunes volontaires.

    « Catégories socio-professionnelles plus favorisées »

    La Cour déplore notamment qu’en « matière de mixité sociale comme d’engagement, les ambitions du dispositif ne sont pas atteintes ».

    « Les milieux d’origine des jeunes participants se caractérisent, depuis 2019, par une surreprésentation de jeunes dont les parents servent ou ont servi dans les corps en uniforme et de catégories socio-professionnelles plus favorisées », écrit-elle.



    En janvier dernier, l’ex-Premier ministre Gabriel Attal a annoncé le lancement des « travaux » en vue d’une généralisation du SNU « à la rentrée 2026 ». Cette généralisation, évoquée à plusieurs reprises ces derniers mois, se heurte à de vives résistances. Depuis mars, ce dispositif est intégré au temps scolaire, avec un stage de douze jours pour les élèves en classe de seconde, volontaires.

    « Sans pilotage budgétaire »

    Les Sages de la rue Cambon épinglent aussi le coût du SNU en évoquant « un dispositif sans pilotage budgétaire » et dont le coût est « largement sous-estimé ».

    « Le chiffrage du coût du SNU dans sa configuration actuelle et généralisé à l’ensemble d’une classe d’âge (soit environ 850 000 jeunes) est de 2 milliards d’euros » mais « il ne correspond pas à une évaluation du coût global du dispositif pour les pouvoirs publics », poursuivent-ils. Le coût de fonctionnement annuel du dispositif généralisé serait selon les Sages plutôt de « 3,5 à 5 milliards d’euros ».

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    En 2023, un rapport sénatorial estimait de son côté que le coût du SNU pourrait s’élever « entre 2,4 et 3,1 milliards d’euros par an », comme évoqué dans un rapport des inspections générales de 2018. Ce rapport recommandait même de « surseoir » à ce projet.