Paris 2024 : Laura Flessel veut «voir les Français heureux»

Laura Flessel, ministre des Sports et double championne olympique, a connu les Jeux en tant qu'athlète.

Paris, juin 2017. La ministre des Sports Laura Flessel dit analyser avec le ministre des Affaires étrangères les risques pour les sportifs français de se rendre aux JO d'hiver, à 80 km de la belliqueuse Corée du Nord.
Paris, juin 2017. La ministre des Sports Laura Flessel dit analyser avec le ministre des Affaires étrangères les risques pour les sportifs français de se rendre aux JO d'hiver, à 80 km de la belliqueuse Corée du Nord. LP/JEAN NICHOLAS GUILLO

    Quintuple médaillée olympique en escrime, Laura Flessel (45 ans) a vécu six JO, cinq en tant qu'athlète, un en tant qu'entraîneur. Désormais ministre des Sports, elle avoue son émotion de voir la France hériter de l'organisation des Jeux olympiques et paralympiques.

    A quelques heures d'une grande annonce pour la France, que ressentez-vous ?
    Laura Flessel.
    Comme avant une grande finale, c'est une poussée d'adrénaline. Je me souviens très bien de Singapour (NDLR : en 2005 pour l'attribution des JO de 2012), de ce silence qu'il y a eu dans la délégation française lorsque la victoire de Londres a été annoncée. Il ne faut pas banaliser ce rendez-vous de Lima. Paris et les Jeux, c'est plus de vingt ans d'espoir (NDLR : la France était candidate pour les Jeux de 1992, 2008 et 2012). On les a tellement voulus, ces Jeux !

    Peu de Français ont eu la chance d'assister à des Jeux olympiques. Vous qui y avez participé cinq fois en tant qu'épéiste, comment leur décririez-vous ce qui les attend en 2024 ?
    Les JOP (Jeux olympiques et paralympiques), c'est du grandiose et de la performance, un mélange de culture et de sport, un joli exemple de diversité. On va parler de manière positive de Paris, des territoires, de la France. On ne peut qu'être fiers d'organiser les Jeux de 2024.

    Quelle image des Jeux vous vient immédiatement en tête ?
    Sydney, en 2000. Lorsqu'on croisait des Australiens, quelle que soit l'heure du jour ou de la nuit, ils avaient le sourire. C'est ça que je veux pour les Français en 2024. Je veux les voir heureux, accueillir le monde et dire bonjour dans toutes les langues, essayer de reconnaître les sportifs venus du monde entier. Dans sept ans, il y aura de la performance, de la fierté, de l'émotion. J'ai vécu cinq JO en tant que sportive, un en tant qu'entraîneur, je peux vous assurer que c'est quelque chose d'inoubliable et de magique.



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    Ça représente quoi de participer aux Jeux olympiques ?
    J'ai décroché mon ticket pour Atlanta sur la dernière Coupe du monde, j'aurais pu être remplaçante, je m'en souviendrai toujours... C'était ma deuxième participation à une compétition internationale et je suis revenue avec deux médailles d'or. J'étais double championne olympique mais pas encore championne de France. (Rires.) A l'époque, j'étais la petite jeune, la challengeuse. Ces JO ont été très forts émotionnellement. Juste après nos médailles, avec Valérie Barlois (vice-championne olympique), on avait promis à Sophie Moressée (remplaçante) qu'elle ne repartirait pas sans rien, c'est pour elle qu'on a été chercher l'or par équipe. C'est ça, la magie olympique.

    Quand on a décroché le Graal, qu'est-ce qui fait qu'on y retourne ?
    Les frissons, la chair de poule. Les émotions sont à chaque fois différentes, c'est beau, c'est frais, ça fait monter les larmes. A l'intérieur de moi, la flamme olympique ne s'est jamais éteinte. Vivre des Jeux, c'est exceptionnel. Tout le monde veut connaître ça, qu'on soit amateur ou professionnel, à l'image d'un Roger Federer ou d'un Tony Yoka qui dit que si Paris a les Jeux en 2024, il repasse amateur. Les sportifs sont là pour décrocher des médailles mais aussi pour donner du plaisir, transmettre des émotions.

    En tant que ministre, quelles seront vos premières actions ?
    Nous sommes au travail depuis longtemps déjà. Nous sommes en passe de réussir la phase de candidature, nous avons désormais le devoir de réussir les Jeux. En parallèle de la création du Comité d'organisation (Cojo), on a six mois pour présenter la loi olympique et paralympique et mettre en place une gouvernance qui permettra de livrer et d'organiser les JOP dans les meilleures conditions. C'est une grande responsabilité. Les Jeux à Paris doivent également être l'occasion de revisiter le modèle du sport français. On ne pourra pas réussir sans synergie, c'est pourquoi il sera important de dialoguer avec le mouvement sportif.

    Comment allez-vous convaincre les Français qui sont encore sceptiques, ceux qui pensent que le budget de 6,7 Mds€ sera forcément dépassé et que Paris n'a pas besoin des Jeux ?
    Mais pourquoi ne se donnerait-on pas le droit de réussir ? 82 % de nos 15-25 ans disent oui aux Jeux. En 2024, ils en seront les acteurs. A nous de convaincre les plus sceptiques en les emmenant avec nous, en leur prouvant que l'on fera des JOP avec des coûts maîtrisés, que les JOP sont un investissement pour l'avenir. On va améliorer la pratique sportive. On va développer des valeurs d'estime de soi, de fraternité, de fierté.

    Où vous voyez-vous en août et septembre 2024 ?
    (Elle rit.) Dans toutes les enceintes sportives possibles ! Organiser les Jeux à la maison est une formidable chance. Alors, en 2024, je serai partout, et je fais le pari que l'ensemble des Français seront, eux aussi, gagnés par la magie des Jeux.

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