Monaco-PSG (0-0) : entre Mbappé et Luis Enrique, le point de rupture ?
Après avoir été dominé dans les grandes largeurs, le leader de Ligue 1 a livré une seconde période plus équilibrée et réussi à arracher le partage des points. Mais il ne s’est peut-être pas évité une crise suite à la sortie de Kylian Mbappé, remplacé à la pause et qui a suivi la fin du match en tribunes.
Il y aura donc deux lectures possibles à ce duel de la 24e journée de Ligue 1, ce vendredi 1er mars au soir. Si Paris ambitionnait de venir glaner à Monaco un poil de confiance, d’énergie et de mettre son sens du sacrifice à l’épreuve, le leader du championnat a sans doute atteint son objectif en venant partager les points au stade Louis-II. Mais s’il s’était déplacé en principauté pour venir quérir ce qu’il lui fallait de calme, de sérénité et d’unité sur le chemin de la Ligue des champions, le club de la capitale s’est possiblement loupé ce vendredi soir, et peut-être même dans les grandes largeurs.
Comme il en a pris l’habitude face à cette AS Monaco au profil de bête noire, Paris a de nouveau éprouvé les plus grandes peines du monde à résister à des Rouge et Blanc qui, ce vendredi, avaient tout misé sur l’attaque. Mais si après trois corrections de rang reçues sur le Rocher, Paris s’est cette fois épargné une défaite, quatre jours avant de retrouver la Real Sociedad en Ligue des champions, il n’a en revanche pas fait l’économie d’une « affaire » au retentissement capable de venir polluer l’atmosphère dans des proportions encore jamais atteintes.
Une sortie lunaire
Comme si l’annonce du départ de Kylian Mbappé en fin de saison n’avait pas encore fait assez de bruit, que le remplacement du capitaine des Bleus la semaine dernière, peu après l’heure de jeu, n’avait pas assez semé le trouble, Luis Enrique a, cette fois, clairement affiché sa rupture avec son attaquant vedette en décidant de le sortir dès le repos.
Kylian Mbappé a été titularisé sur le flanc gauche qu’il n’avait plus fréquenté depuis fin novembre, et sa dernière sortie de face à son club formateur a viré au cauchemar. Peu inspiré, comme l’ensemble de ses partenaires, le capitaine des Bleus n’est pas parvenu à sauver Paris de l’ultra-domination monégasque en première période. Les trois malheureuses percées parisiennes dans la surface adverse ont ainsi fait pâle figure face aux dix-huit tentatives monégasques, dont nombres d’entre elles ont érigé Gianluigi Donnarumma en véritable sauveur.
Un Paris dominé, un Paris asphyxié revenu sur la pelouse dans la peau d’un Paris amputé de son attaquant vedette, remplacé par son coach à la pause. Un choix audacieux, presque devenu lunaire lorsque l’attention des tribunes de Louis-II s’est écartée de la pelouse pour suivre les pas du « sanctionné » du jour, parti s’asseoir… en tribunes aux côtés de sa mère. Mais un choix qui a vu le leader de Ligue 1 reprendre les commandes du match et, à défaut de trouver le chemin des filets sur les frappes de Barcola et Vitinha, a au moins maîtrisé sa deuxième période.
À quatre jours du match le plus important de sa saison, la question est désormais de savoir quelles seront les conséquences de ce nul pas comme les autres. Ce vendredi, Luis Enrique a réaffirmé son autorité, comme aucun de ses prédécesseurs ne l’avait fait jusque-là. Mais il compte deux blessés de plus. Marco Asensio, touché à la jambe droite et contraint de quitter ses partenaires à la 39e. Et surtout Kylian Mbappé, touché lui au cœur, et sans doute dans son orgueil.
Dans le vestiaire, c’est en effet une scène des plus inhabituelles qui s’est jouée à la pause. Alors que Luis Enrique et Kylian Mbappé entretiennent depuis le début de leur collaboration, des rapports basés sur le respect, la confiance et le dialogue, leurs échanges sont faits de peu de mots ces derniers temps. Celui de ce vendredi, au terme d’une première période de piètre qualité livrée par son équipe, en est la parfaite illustration. D’une simple phrase, le coach espagnol a annoncé au capitaine des Bleus qu’il laisserait sa place à Randal Kolo Muani, sans la moindre explication.
Un petit « bonsoir » et un sourire
Dans les gradins de Louis-II, le public a vite compris en voyant ressortir Achraf Hakimi avec le brassard de capitaine, que le match de Kylian Mbappé était terminé avant d’avoir vraiment commencé. Mais la plupart des spectateurs imaginaient alors qu’il s’agissait là d’une des conséquences du tacle de Maripan qui avait « couché » et fait grimacer quelques secondes le capitaine des Bleus. Tout faux. Sa sortie du vestiaire tout en décontraction et son pas tranquille sur la piste d’athlétisme pour rejoindre sa mère en tribune – et non le banc de touche – ont levé les doutes. Ses signes de la main à l’endroit du parcage parisien, les selfies pris en chemin sur le bord du terrain ont confirmé que Kylian Mbappé n’était pas blessé.
C’est « 100 % une décision de l’entraîneur, dira d’ailleurs Luis Enrique en conférence de presse. Tôt ou tard, il faudra nous habituer à jouer sans Kylian. Et en tant qu’entraîneur, mon objectif est toujours de trouver le mieux pour l’équipe, ce que je considère comme étant le mieux pour l’équipe. » Et le coach de poursuivre sur sa gestion du cas Mbappé : « Je ne vais pas entrer dans ce jeu. Je suis un professionnel et ce que j’ai dit à vos collègues, c’est ce que je vais répéter jusqu’à la Real Sociedad. Il n’y a aucun problème, c’est simplement gérer une situation de la meilleure manière, de la façon que je pense être la meilleure. Rien d’autre. »
Escorté par le service de sécurité, Kylian Mbappé s’est, lui, sous sa casquette, simplement contenté d’un petit « bonsoir » et d’un sourire en passant devant les journalistes qui guettaient la moindre de ses réactions en zone mixte. Nul n’a encore la réponse, mais tous avaient la même question sur les lèvres : quelle sera la place de Kylian Mbappé mardi soir à Saint-Sébastien ? Sur le terrain ou sur le banc, telle est la question.
