Brest-PSG : Diallo contre Diallo, histoire d’un duel fraternel

De Tours à Monaco, Abdou et Ibrahima Diallo ont eu un parcours quasi-similaire jusqu’à leur arrivée dans le monde pro. Ce samedi, le défenseur parisien et le milieu brestois sont face-à-face pour la première fois.

 Formés à l’AS Monaco, les frères Ibrahima et Abdou Diallo ont dû quitter le club faute d’avoir la confiance de Leonardo Jardim.
Formés à l’AS Monaco, les frères Ibrahima et Abdou Diallo ont dû quitter le club faute d’avoir la confiance de Leonardo Jardim. Montage Icon Sports/LP

    L'histoire des frères Diallo est un quasi jeu d'ombre. Celle d'un parcours en tout point similaire. Pour en remonter le fil, il faut se rendre à Tours (Indre-et-Loire) et dans sa banlieue. Entre le quartier tourangeau de Sanitas et Joué-les-Tours. C'est là que leur maman les élève seule, avec leur petit frère et leurs 5 sœurs. Après avoir déménagé d'Angoulême (Charente), les frères déboulent au Tours FC en 2007. Abdou et Ibrahima ont beau avoir 11 et 8 ans, aujourd'hui 23 et 20, les éducateurs comprennent vite qu'ils ont à faire à deux promesses « surclassés dès leur première année, se souvient Yoann Lejeune, qui a entraîné Ibra à Tours. Chez ces garçons, on sentait déjà des prédispositions pour aller bout. » Peu avant leurs 13 ans, l'AS Monaco les repère et les fait signer au grand dam de leur club du moment.

    Ibrahima Diallo avec le maillot de Tours, sous les yeux de Boris Popovic, aujourd’hui sous contrat avec l’AS Monaco./DR
    Ibrahima Diallo avec le maillot de Tours, sous les yeux de Boris Popovic, aujourd’hui sous contrat avec l’AS Monaco./DR Montage Icon Sports/LP

    Les deux années qui suivent, chacun ira ensuite passer ses semaines au pôle Espoirs de Châteauroux (Indre) et le week-end en match avec Chambray-les-Tours. « Je me souviens qu'Abdou partait le dimanche en milieu d'après-midi avec son gros sac depuis Joué-les-Tours. Il allait prendre le bus jusqu'à Tours centre, puis un car qui mettait 3 heures à aller à Châteauroux, raconte un de leur proche. Il y faisait sa semaine, repartait le vendredi à Tours pour arriver à 22 heures. Le samedi, il allait à son match avec Chambray avant de repartir le dimanche. Ensuite, Ibra a fait le même chemin ». Au milieu de cet emploi du temps serré, les deux gagnent en maturité et en autonomie. Surtout pour l'aîné, Abdou, qui a toujours été « le grand frère qui gère un peu tout ».

    Les deux frères n'ont pas le temps de traîner dehors, pensent football et affinent leur ambition. Moins timide, Abdou confie déjà sa volonté d'être professionnel pour faire une grande carrière. Ibrahima, le discret, y pense mais en silence. Ils ont tous les deux 15 ans quand, ils rejoignent le centre de formation monégasque pour un parcours sans accroc entre les U17, U19 puis la CFA, même si Abdou est plus régulier que son frère. « À l'époque, Ibrahima a un problème de constance. Quand il avait envie de jouer il était très bon voire au-dessus des autres. Et parfois il était à la cool », se souvient un intime.

    A Monaco, ils n'ont pas eu la confiance de Jardim

    Au bout de leur formation, chacun y rencontrera le même problème : obtenir la confiance de Leonardo Jardim. Après un prêt concluant à Zulte Waregem (Belgique), Abdou sera le quatrième défenseur de l'ASM l'année du titre (2016-2017) mais décide de partir, malgré un attachement profond à son club formateur, quand il comprend que le technicien portugais ne compte pas vraiment sur lui.

    Pour Ibrahima, l'écueil est identique. A l'été 2018, il est prêté à Brest. Souvent hors du groupe, il y traverse six premiers mois compliqués. Mais le gamin, qui n'a quasiment pas d'ami dans le monde du football, s'accroche, épaulé par un grand frère omniprésent qui fait office de conseiller « Il ne disait pas à Ibrahima ce qu'il voulait entendre. Il l'a sorti de sa zone de confort. C'est aussi grâce à Abdou qu'Ibrahima a explosé l'année dernière », rappelle ce même ami.

    S'en suivent six mois pleins, où le milieu défensif est titulaire et choisit d'être transféré définitivement à Brest, alors que Monaco, qui souhaite construire une équipe XXL, ne lui garantit pas de temps de jeu et que Rennes fait le forcing pour le faire venir. Pourtant comme Abdou, il pense avoir le niveau pour jouer sur le Rocher. Et comme son frère, qui a signé à Mayence (Allemagne) en 2017 au lieu de la Fiorentina (Italie), Ibra privilégie le club où il jouera le plus.

    « Même si Ibra a un style de jeu plus engagé, Abdou a toujours été l'exemple à suivre en termes de réflexion, de sobriété et de travail », avoue-t-on dans leur entourage. Jusque-là tout se déroulait de manière quasi-identique mais ce samedi, à 17h30 sur la pelouse du stade Francis-Le-Blé, leur trajectoire, si longtemps parallèle, se croiseront pour la première fois.