Jardim à Monaco : les dessous d’un improbable retour

De nouveau aux commandes de l’ASM, dont il avait été éjecté trois mois plus tôt, le technicien portugais peut-il être l’homme qui va sauver l’équipe de la Principauté ?

 Leonardo Jardim retrouvera l’AS Monaco en Bretagne pour la demi-finale de Coupe de la Ligue face à Guingamp, mardi.
Leonardo Jardim retrouvera l’AS Monaco en Bretagne pour la demi-finale de Coupe de la Ligue face à Guingamp, mardi. AFP/YANN COATSALIOU

    Entre le canapé de Leonardo Jardim, dans son appartement monégasque, et le banc de touche du stade Louis-II, il n'y a qu'un kilomètre. Pourtant, le coach portugais (44 ans) et les dirigeants de l'AS Monaco évoluaient sur deux planètes différentes. En octobre dernier, Jardim avait été prié, sans élégance, de laisser sa place à Thierry Henry. Et, forcément, lui qui avait conduit l'ASM au sacre de champion de France en mai 2017, avait été vexé d'être traité de la sorte, même si son chèque de départ était agrémenté de beaucoup de zéros.

    Et il fallait une belle dose d'imagination pour croire que, trois mois plus tard, l'homme qui était jugé incapable de redresser la chute de l'équipe, serait rappelé pour la même mission. Mais la vaisselle cassée, même si elle est dorée à Monaco, n'empêche pas toujours les couples de se remettre ensemble. Et voici donc Jardim chargé de finir ce qu'il a commencé : la saison 2018-2019 des Monégasques.

    Quand sera-t-il sur le banc ?

    Il ne sera pas en poste ce samedi à Dijon. Jardim et ses dirigeants considèrent que le staff précédent a préparé correctement ce déplacement important pour le maintien (Monaco est à deux points des Dijonnais, actuels 18es et barragistes). Pour tous, il n'y a aucune urgence à précipiter de quelques heures son retour.

    C'est donc Franck Passi, l'adjoint de Thierry Henry, qui coachera en Bourgogne. L'équipe va ensuite partir pour la Bretagne préparer la demi-finale de la Coupe de la Ligue mardi à Guingamp. Jardim la rejoindra là-bas dimanche. Pour son retour officiel, le Portugais pourrait donc offrir, en guise de pot d'arrivée, une finale de coupe à son équipe et lui permettre de songer aussi, en plus du maintien, à un ticket européen en fin de saison.

    Revient-il avec les pleins pouvoirs ?

    On imagine mal Jardim revenir sans quelques garanties et des prérogatives élargies. Il devrait ainsi obtenir la tête du directeur sportif monégasque, Michael Emenalo, arrivé en novembre 2017 en provenance de Chelsea. Les deux hommes ont toujours entretenu des relations assez distantes. Jardim lui reproche surtout d'avoir affaibli l'équipe l'été dernier. Il n'a notamment pas digéré le départ de son compatriote Joao Moutinho vers Wolverhampton. Et il en tient Emenalo pour responsable.

    Le nouveau technicien de l'ASM devrait aussi obtenir gain de cause sur la composition de son staff. En octobre, la majorité de ses adjoints avait quitté le club. Nelson Caldeira, Antonio Vieira et peut-être José Barros devraient eux aussi revenir.

    Combien tout cela va-t-il coûter au club ?

    Ces deux licenciements d'entraîneur en moins de quatre mois ne manqueront pas de peser sur les finances de l'ASM. Sur ce terrain-là, Thierry Henry a d'ailleurs fait mieux que son prédécesseur. Le désormais ex-coach monégasque, qui était lié au club jusqu'en 2021, devrait toucher entre 10 et 15 M€ d'indemnités de licenciement, selon « Nice-Matin ».

    En octobre, lorsque Jardim avait été remercié, il était parti avec un chèque de 8 M€. Sur cette saison, Monaco aura ainsi déboursé quelque 20 M€ pour licencier deux techniciens avant de rappeler finalement le premier ! A moins que le Portugais ait accepté un arrangement financier à propos des 8 M€ qu'il devait toucher.

    Peut-il réussir l'opération sauvetage ?

    Avec des recrues expérimentées comme Cesc Fabregas, William Vainqueur ou le Brésilien Naldo et bientôt les Portugais Gelson Martins (Atlético de Madrid) ou encore Vinicius (Rio Ave), la tâche de Jardim semble plus aisée pour viser le maintien. Comme l'aurait été celle d'Henry d'ailleurs...

    Mathématiquement, l'objectif est largement réalisable puisque l'ASM n'est qu'à trois points du 17e. Mais, pour certains anciens, il ne faut pas croire que seul le nouveau changement de coach suffira. « Je suis très inquiet, souligne Delio Onnis, ex-Monégasque et meilleur buteur de l'histoire de la L1 (299 buts). Sincèrement, ce qui se passe me rappelle ce qui m'est arrivé en 1976. Tout le monde, devant notre mauvais classement, nous disait : Ne vous inquiétez pas, Monaco ne descendra pas. Et, à cause d'une nouvelle défaite chez nous à la dernière journée contre Lille (3-4), alors qu'on menait 3-1, on est tombés. Cette claque, je m'en souviens encore. Aujourd'hui à Monaco, c'est pareil. Le temps passe et rien ne s'améliore. »