« C’est toute ma vie, ici… » : le personnel soignant de la maison de retraite de Beaumont-sur-Oise sera licencié

Les employés de la maison de retraite de Beaumont, qui va se déclarer en cessation de paiements, ont appris ce jeudi, en marge d’une première réunion du Comité social et économique (CSE), que le personnel soignant sera licencié en fin d’année, du fait d’une dette importante et d’une mise en conformité avec la loi.

Sophie, employé depuis 40 ans à Beaumont, va être licenciée en fin d'année. LP/Frédéric Naizot
Sophie, employé depuis 40 ans à Beaumont, va être licenciée en fin d'année. LP/Frédéric Naizot

    « J’avais 19 ans quand je suis arrivée ici. Ma fille avait 8 mois, elle a quarante ans aujourd’hui. C’est toute ma vie ici… » Sophie, 58 ans, est au bord des larmes en quittant, ce jeudi après-midi, la résidence de la forêt de Carnelle, la maison de retraite de Beaumont-sur-Oise où elle vient d’apprendre qu’elle sera licenciée à la fin de l’année. « C’est très dur à vivre. J’ai pleuré. Cela m’a fait un coup. »

    Une réunion du CSE était programmée pour acter la déclaration de cessation de paiements de l’association qui gère la résidence. Un rendez-vous qui a été remis à lundi, le temps de fournir aux représentants du personnel les documents financiers qu’ils réclament, nécessaire pour analyser la situation et donner leur avis. Une réunion du personnel a toutefois eu lieu pour informer les salariés que les personnels soignants feront l’objet d’un licenciement économique en décembre. Ils sont huit salariés concernés sur les 17 de la résidence.

    Minée par les dettes, qui se chiffrent à 500 000 euros environ, alors que la mairie a déjà versé en février une subvention exceptionnelle de 300 000 euros, la résidence doit être municipalisée à l’issue de la procédure de liquidation ou de redressement judiciaire qui va être engagée après la déclaration de cessation de paiements. À cela s’ajoute la fin d’une anomalie : l’ARS a décidé de mettre fin à une situation illégale au regard de la loi de 2015 qui stipule que les résidences d’autonomie ne peuvent employer de personnel soignant. Ce qui était en cours à Beaumont depuis 9 ans, du fait d’une certaine tolérance. Les résidents seront ultérieurement transférés dans un autre bâtiment, neuf ou ancien, ce n’est pas tranché, l’immeuble actuel ne pouvant être rénové pour cause de coûts trop élevés.

    « Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup »

    Le maire de Beaumont-sur-Oise a par ailleurs indiqué avoir trouvé en 2020 un déficit de 500 0000 euros laissé, selon lui, par l’ancienne équipe. Ce que cette dernière conteste totalement. « Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup » estime Xavier Renou, conseiller municipal d’opposition, sur place ce jeudi. « Je voudrais savoir qui est responsable de ce naufrage, quelle autre solution peut être envisagée pour éviter de faire partir des personnes fragiles et un personnel soignant précieux. »

    Parmi ces derniers, Sophie, qu’un des résidents salue en arrivant. « Madame Sophie, c’est la meilleure. Quand on l’appelle la nuit, elle vient tout de suite », confie Jean-Guy, 73 ans. Sophie sourit. « Nous sommes une famille avec les résidents, réagit-elle. On les appelle par leurs prénoms. Ils sont contents qu’il y ait quelqu’un la nuit. Je fais les changes et s’il y a un souci, je suis là. Je peux faire un massage. On prend tous soins de nos résidents. » L’AMP de Beaumont (aide médico-psychologique) explique avoir fait « tous les métiers depuis quarante ans, ici » mais s’inquiète désormais. « Je n’ai plus d’enfants à charge, je commençais à vivre un peu plus tranquille. »