Gonesse : la présence de benzène retarde l’ouverture du parc

Gonesse, cette semaine. Plus de vingt ans après l’arrêt de l’exploitation de la décharge, la nature a largement repris ses droits dans cet espace de 120 ha.
Gonesse, cette semaine. Plus de vingt ans après l’arrêt de l’exploitation de la décharge, la nature a largement repris ses droits dans cet espace de 120 ha. (LP/T.C.)

    Ce doit être le poumon vert de la ville. Un espace de 120 ha pratiquement vierge. Mais pour en profiter les habitants de Gonesse vont devoir encore patienter. L'ouverture au public du parc de la Patte d'Oie n'aura pas lieu comme prévu le 2 juillet. Il est reporté à cet été ou en septembre.

    « Après avoir procédé à des prélèvements dans l'air, on a eu connaissance d'un dégagement de benzène », indique Jean-Pierre Blazy, député-maire de Gonesse (PS). La zone concernée a été circonscrite et un cabinet d'expertise a été mandaté pour mener une étude complémentaire. Celle-ci indiquera si les émissions ont disparu ou pas, ce qui conditionne l'ouverture au public. Les experts suspectent que ce gaz provienne de… déchets hospitaliers.

    Une découverte surprenante ? En réalité, l'apparition de ce gaz s'apparente à une résurgence du passé. « C'est une histoire qui remonte aux années 1950, narre Jean-Pierre Blazy. Ici, c'était une décharge qui avait un statut municipal. » Pendant des années, le site a accueilli toutes sortes de déchets dont les monticules ont façonné le relief du parc. « Il est clair qu'ont été déposés des produits qui ont pollué, souligne l'élu. Un rapport du Bureau de recherches géologiques et minières dans les années 1980 indiquait que des fûts de trichloréthylène ont été enfouis. Le rapport préconisait d'arrêter l'exploitation du site mais la municipalité de l'époque n'a pas donné suite. »

    Le parc de la Patte d'Oie s'étend sur 120 ha. (Mairie de Gonesse)

    C'est en 1995, au lendemain de son accession à la mairie, que Jean-Pierre Blazy met un terme à la décharge et entame ce qu'il appelle aujourd'hui la « reconquête ». « On a mis en place un système de surveillance avec des piézomètres [des tubes enfoncés dans le sol qui permettent de faire des relevés] pour observer la pollution », souligne-t-il. Vingt ans plus tard, le système est toujours là, mais la nature a largement repris ses droits. « Ça n'a plus du tout l'aspect d'une décharge depuis longtemps, il y a eu des plantations », souligne Jean-Pierre Blazy.

    L'histoire de ce parc va être intégrée aux activités qui vont s'y dérouler, car la municipalité veut en faire un lieu consacré à l'écocitoyenneté et l'éco-urbanisme. Un parcours sur ce thème est envisagé avec des panneaux. Toutes sortes d'activités de loisirs seront possibles, « mais adaptées à un cadre rustique » - le parc gardera donc un aspect sauvage. « On travaille à adapter les chemins qui existent déjà à la marche ou au vélo », indique David Védie, directeur de l'urbanisme. Il est aussi question d'aménager un parcours de santé et des panneaux afin de mettre en valeur le paysage qui offre une vue imprenable sur Paris et toute la banlieue ».

    Reste pourtant à régler ce problème de dégagement pour rassurer les familles qui pourraient avoir des appréhensions à l'idée de se promener sur un site au passé si tumultueux.