Val-d’Oise : enquête sur des diplômes bidons validés par les pompiers

 Une enquête administrative a été ouverte ce lundi par le directeur des sapeurs-pompiers du Val-d’Oise pour déterminer si des diplômes bidons d’agent de sécurité incendie sont délivrés. Un reportage, en caméra caché, d’Envoyé spécial est à l’origine de l’enquête.
Une enquête administrative a été ouverte ce lundi par le directeur des sapeurs-pompiers du Val-d’Oise pour déterminer si des diplômes bidons d’agent de sécurité incendie sont délivrés. Un reportage, en caméra caché, d’Envoyé spécial est à l’origine de l’enquête. (Capture écran/ France 2.)

    Des diplômes bidons, validés à la caserne de Marines après l'examen par un officier des pompiers du Val-d'Oise : le reportage d'Envoyé Spécial diffusé sur France 2 jeudi dernier, qui suggère que des candidats ont acheté leur diplôme d'agent de sécurité incendie, a fait l'effet d'une bombe. Une enquête administrative a été ouverte ce lundi par le directeur des sapeurs-pompiers du Val-d'Oise pour déterminer la réalité des faits.

    Il fait nuit noire, le journaliste d'Envoyé Spécial tourne en caméra cachée. Il arrive, sans la nommer, dans une caserne de pompiers vers 6 heures du matin, « à 40 km de Paris ». Il retrouve d'autres candidats et se prépare à passer lui aussi l'examen service de sécurité incendie et assistance aux personnes (Ssiap). En main, il dispose d'un boîtier électronique pour affronter le questionnaire à choix multiple dont les réponses sont quasiment toutes fournies par l'examinateur au fur et à mesure. Le test prend 10 minutes puis les candidats signent les 20 cases de la feuille de présence représentant les 20 demi-journées de formation qu'ils n'ont manifestement pas été effectuées. Une demi-heure plus tard, l'officier des pompiers entre en scène et remet les diplômes.

    Très vite, la caserne de Marines a été reconnue et identifiée sur les réseaux sociaux du Val-d'Oise. Tout comme l'officier qui valide l'examen : le colonel Philippe Duflos, arrivé dans le corps des sapeurs-pompiers du 95 en 1974, responsable du service prévention. C'est à ce titre qu'il valide, par délégation, l'examen.

    « Dès ce matin, j'ai confié à un officier supérieur une enquête administrative, avec comme délai de réponse la date de vendredi », confie ce lundi le directeur des pompiers du Val-d'Oise, le colonel Jean-Yves Delannoy. Il assure aussi vouloir respecter les droits de la défense et la présomption d'innocence. « Le colonel Duflos avec qui j'ai eu un entretien a clairement contesté toute implication. » L'officier valide depuis plusieurs années ces formations. « Il n'y a rien d'établi à ce jour en ce qui le concerne. Il préside le jury mais il n'est pas tenu d'être présent pendant les épreuves. Il ne contrôle pas la présence aux formations. Ce n'est pas lui qui présente les candidats, mais l'organisme formateur. Celui qui est visé dans le reportage n'est pas identifié à ce jour, ni le jour où cela s'est produit. » Plusieurs organismes effectuent ces formations à Marines. S'il y a un problème, « cela peut être l'organisme, le jury. Peut-être une connivence des deux », ajoute-t-il.

    Le directeur du Sdis 95 relève aussi des éléments manquants dans le reportage, concernant notamment l'épreuve pratique qui est associée au questionnaire dont il n'est pas fait état et qui semble même ne pas avoir eu lieu. Le candidat devant effectuer une ronde dans un ERP (établissement recevant du public), en particulier à l'hôpital de Marines, devant repérer des anomalies au niveau de la sécurité, remplir le cahier de rôle.

    L'organisation syndicale majoritaire chez les pompiers, l'Unsa, est montée au créneau dès vendredi, suivie par la CGT. « Il faut lever tous les doutes », souligne Jérôme François, pour l'Unsa. « Cela jette le discrédit sur les pompiers. Si cela est avéré, cela signifie aussi que nous avons des agents de sécurité bidon qui travaillent dans les hôpitaux, les magasins ! »