Sarcelles, future place forte de l’économie numérique en Ile-de-France ?

Avec un FabLab et un incubateur, la communauté d’agglomération multiplie les initiatives pour développer l’activité et créer des milliers d’emplois.

 Sarcelles, jeudi 9 janvier. Thomas Segui, responsable de l’incubateur Numixs.
Sarcelles, jeudi 9 janvier. Thomas Segui, responsable de l’incubateur Numixs. LP/V.T.

    Et si Sarcelles devenait une place forte de l'économie numérique en Ile-de-France ? C'est l'ambition portée par la municipalité et la communauté d'agglomération Roissy-Pays-de-France.

    « Aujourd'hui, tout est à faire, nous avons beaucoup de retard, admet Charles Soufir, vice-président chargé du numérique. Mais nous engageons une transition, avec des initiatives structurantes ! »

    « Nous voulons créer un vrai pôle numérique, au niveau des Flanades, pour dynamiser notre ville », ajoute le maire (PS) Patrick Haddad.

    L'intercommunalité va ouvrir son « FabLab », dans les locaux de l'IUT de Cergy-Pontoise, situé à deux pas du centre commercial des Flanades. Avec son imprimante 3D, ses outils dernière génération, il vise à sensibiliser la population aux outils numériques.

    « Il sera ouvert à tous : entreprises, étudiants, professeurs, associations, habitants, énumère Charles Soufir. Le principe, c'est que tout le monde puisse s'approprier l'espace et dynamiser le territoire. »

    Des milliers d'emplois potentiels

    Le FabLab vient renforcer un début d'écosystème. À 500 m à peine, l'incubateur de start-up Numixs est entré en service au début du mois de décembres. Dix jeunes pousses travaillent déjà dans les locaux flambant neufs de l'hôtel d'entreprises. Dix autres devraient poser leurs valises dans les prochains mois.

    « Les boîtes ont déjà levé presque un demi-million d'euros, s'enthousiasme Thomas Segui, responsable de l'incubateur. On essaye d'amorcer une économie du numérique à dans le secteur. »

    Guy Bokongo. LP/V.T.
    Guy Bokongo. LP/V.T. LP/V.T.

    La structure recrute 70 % des entrepreneurs issus du territoire, 20 % d'Ile-de-France, le reste originaire de tout l'Hexagone.

    « Jusque-là, il fallait prendre le train à Paris, souligne Isaia, cela fait du bien de voir que, nous aussi, on peut monter nos structures », se réjouit Guy Bokongo, originaire d'Arnouville.

    Avec son agence immobilière en ligne « Simpl-Immo », celui-ci a d'abord été accompagné par l'association Creativ'et son bus de l'initiative. « Il y a un fort tissu associatif, mais il manquait un vrai espace économique, on l'a maintenant », se réjouit l'entrepreneur.

    « On peut s'en sortir autrement que par le sport et le rap »

    Ladji Dibatere, habitant de Goussainville, fondateur d'une entreprise de services funéraires au Mali, ressent une « énorme fierté » de travailler sur son territoire.

    « L'image de la banlieue change grâce à ce genre d'incubateur, appuie-t-il. Cela nous motive encore plus à s'en sortir. Oui, en banlieue, on peut s'en sortir autrement que par le sport et le rap. »

    Ladji Dibatere a créé une entreprise de services funéraires. LP/V.T.
    Ladji Dibatere a créé une entreprise de services funéraires. LP/V.T. LP/V.T.

    Dépasser l'échec d'EuropaCity

    La mission de l'incubateur est, surtout, d'offrir les premiers postes étiquetés « numériques » dans la commune, et plus largement dans l'agglomération. Dans un territoire, marqué par l'abandon d'Europacity, où le chômage est une rengaine.

    « Nous voulons offrir une nouvelle voie à nos jeunes, créatifs et surmotivés, appuie Charles Soufir. Le potentiel est énorme, on parle de milliers d'emplois ! » Aujourd'hui, le numérique représente à peine 5 % des emplois du territoire.

    Encore faut-il que les futurs besoins en recrutement puissent être pourvus par un public formé et compétent. Ce volet de formation, c'est la charge de l'école Simplon.co, gratuite et spécialisée dans le numérique. Une antenne s'est installée à Sarcelles, en 2017, au même étage que l'incubateur Numixs.

    « On essaye, un maximum, de faire tomber les barrières psychologiques, combattre les idées reçues, indique Soufiane Rouass, responsable de formation. Beaucoup de jeunes pensent que le numérique est réservé au Bac + 5, c'est faux ! »

    Simplon.co s’est installée en 2017 à Sarcelles.LP/M.G.
    Simplon.co s’est installée en 2017 à Sarcelles.LP/M.G. LP/V.T.

    Une maison du numérique d'ici à 2022

    L'école numérique a déjà accueilli quatre-vingt-huit jeunes. Tous ont été formés pour devenir développeur web - capables de créer des applications pour smartphone ou des sites Internet. La nouvelle promotion est, elle, axée sur le « développement opérationnel », mêlant des connaissances techniques et administratives.

    « Nous préparons les jeunes à des métiers d'avenir, en tension, où ils trouveront à coup sûr un emploi, vante Soufiane Rouass. Ensuite, c'est à l'intercommunalité de poursuivre avec des initiatives structurantes sur le long terme pour que l'écosystème grossisse. »

    Une est déjà dans les cartons. D'ici à 2022, Roissy Pays de France ouvrira une « Maison du numérique », adossée à l'IUT de l'université, où seront regroupés l'incubateur et le FabLab.

    « Ce sera aussi une vitrine pour les entreprises extérieures, que nous devons attirer à Sarcelles, souligne Charles Soufir. Nous essayons de bâtir l'économie locale de demain. Les graines sont plantées. » Elles doivent désormais pousser.