Orly : opération coup de poing aux Navigateurs et Aviateurs
Michèle ALLIOT-MARIE l'avait promis : « Nous allons mener des opérations coup de poing » contre le trafic de drogue. Moins de douze heures après cette annonce effectuée mardi soir au commissariat de La Courneuve (Seine-Saint-Denis), 150 policiers ont investi hier matin les quartiers des Navigateurs et des Aviateurs à Orly.
Objectif : perquisitionner les parties communes d'une dizaine d'immeubles de 1 500 logements au total, caves, cages d'escalier ou encore armoires électriques, à la recherche de drogue, mais aussi d'armes et de matériels volés. Trois jours après le guet-apens à l'arme lourde contre un fourgon de police à La Courneuve, la ministre de l'Intérieur a en effet pointé du doigt les responsables de cette agression : « Les trafics de drogue qui sont la plaie de ces régions. »
Hier, vers 6 h 30, c'est donc plus d'une trentaine de véhicules de police qui ont pris place rue Christophe-Colomb. Tandis que des CRS casqués, renforcés par la compagnie départementale d'intervention (CDI), sécurisaient les abords des immeubles en scrutant les étages pour éviter tout jet de projectiles, les policiers des brigades anticriminalité, accompagnés de chiens pour détecter les stupéfiants, perquisitionnaient les parties communes. Les moindres recoins sont inspectés : entre les tuyaux, sous les faux plafonds, derrière les compteurs d'eau et, lorsqu'une porte résiste, le pied-de-biche et la pince coupante sont utilisés. « Toutes les portes sont ouvertes sauf celle-ci. Viens, on l'ouvre », lance ce policier à son collègue. Pas le temps pour l'utilisatrice du réduit d'intervenir. En deux secondes, la porte cède. « C'est la police Madame », lance le fonctionnaire à l'attention de la mère de famille qui se hasarde sur le palier. « C'est un placard commun, vous ne pouvez pas y entreposer vos affaires. » « Le gardien m'a dit que je pouvais, répond la jeune femme, en pyjama. J'ai les clés, vous auriez dû me les demanderâ?¦ » Trop tard, la serrure a sauté.
Le butin : deux motos et trois scooters volés
« Ils font leur métier, confie sans rancune l'habitante. C'est bien de voir la police ici. On en a marre des voitures qui brûlent et des trafics. » Après plus de deux heures de fouille, le butin est maigre : cinq deux-roues (deux motos et trois scooters) volés. « Ils s'en servent comme pièces détachées, commente cet officier. Tous les jeunes de la cité savent que ces engins sont là et ils viennent faire leur marché. »
Un bilan qui n'étonne pas la plupart des fonctionnaires : « On vient souvent inspecter ces caves. Alors la drogue ou les armes, elles ne sont pas là, mais dans les appartements. C'est bien de montrer qu'on peut aller dans n'importe quel quartier, mais là, c'est beaucoup de moyens pour peu de choseâ?¦ » D'autres opérations du même type pourraient être menées. Et pour cause. Michèle Alliot-Marie a prévenu : elle sera « sans pitié » contre les trafiquants de drogue.
