Projet de prison à Noiseau : les opposants décidés à mener une « guérilla juridique »

Environ 500 habitants et élus ont manifesté ce samedi pour rappeler leur farouche opposition à la construction d’une prison de 800 places dans cette petite commune de 5 000 habitants. Et annoncer qu’ils sont prêts à user de tous les moyens pour l’empêcher.

Noiseau, ce samedi. Environ 500 personnes, dont plus d'une quarantaine de politique de tout bord, ont manifesté contre le projet de construction de 800 places sur des terres agricoles. LP/Sylvain Deleuze
Noiseau, ce samedi. Environ 500 personnes, dont plus d'une quarantaine de politique de tout bord, ont manifesté contre le projet de construction de 800 places sur des terres agricoles. LP/Sylvain Deleuze

    « Regardez, nous sommes des centaines de personnes à manifester malgré la pluie. » Comme le constate Didier, un habitant de Sucy-en-Brie (Val-de-Marne), plusieurs centaines de personnes, 500 selon la police, ont bravé ce samedi la pluie battante entre la mairie et l’emplacement du futur centre pénitentiaire de Noiseau.

    « On doit se battre et nous nous battrons encore. On ne lâchera pas », insiste un manifestant cramponné à son parapluie. Une mobilisation assez similaire à une réunion des opposants au projet, à la mi-mars. Près de 500 personnes s’étaient réunies dans la salle Vincent-Purkart.

    Plus d’une quarantaine d’élus de tous bords politiques – des Républicains au Parti communiste, en passant par le PS, l’UDI, le MoDem et LFI – ont montré leur détermination en tête de cortège. « Nous ne sommes pas contre la construction de prison (NDLR : de 800 places), bien au contraire puisque nous devons construire 3 000 places en Île-de-France. Seulement pas là, c’est un non-sens », estime Sébastien Eychenne, conseiller régional (LR).

    « Il faut arrêter l’artificialisation des sols que cela soit pour une prison ou le projet de centre commercial qui devrait être construit pas loin », martèle Vianney Orjebin, conseiller régional (LFI).

    Les élus rappellent certaines déclarations

    « L’état nous a sorti le 49.3 de l’urbanisme le projet d’intérêt général (PIG) mais nous ne céderons pas, rappelle Yvan Femel, le maire (LR) de Noiseau. Nous allons au contraire rappeler au président certaines de ces déclarations. » L’élu rappelle alors les déclarations d’Emmanuel Macron. « Il a dit que l’État ne passerait plus quand l’ensemble des politiques et de la population était contre un projet. C’est le cas ici. »

    Pour Olivier Capitanio, le président (LR) du conseil départemental du Val-de-Marne, ce projet de prison est même « une injure au bon sens ». Du côté des habitants et des militants, on ne compte d’ailleurs pas s’arrêter, comme le souligne Jocelyne Boulet, l’une des responsables de ce collectif contre l’implantation d’une prison à Noiseau, constitué il y a quatre ans.



    La construction d’un tel édifice sur les dernières terres agricoles du Val-de-Marne paraît totalement inappropriée pour les manifestants. « Il n’y a pas de transports collectifs, les terres sont gorgées d’eau », s’énerve un homme. Pour Didier, « ce projet n’est soutenu que par des hauts fonctionnaires qui n’y connaissent rien »…

    « Nous ferons des recours sur tout »

    Alors que le cortège avance dans les champs, Isabelle désigne du doigt les champs autour d’elle. « Ici, on produit du blé qui est raffiné à côté en Seine-et-Marne. Ensuite les boulangers du secteur en font du pain, explique cette habitante de la commune depuis vingt ans. C’est un circuit court ce que l’on doit développer pour lutter contre le réchauffement climatique. Et il faudrait tout détruire ? »

    Aucun n’envisage un passage en force de l’État pour imposer ce projet. S’il le fait malgré tout, « nous allons faire une véritable guérilla juridique, prévient Olivier Capitanio. Nous allons tout attaquer. » « Nous ferons des recours sur tout, acquiesce également Jocelyne Boulet. Nous devons gagner le maximum de temps car les gouvernements changent. » Jean-Claude, un habitant, est d’accord sur la méthode : « Nous devons faire traîner les choses. »