Val-de-Marne : l’ex-néonazi interpellé en slip armé d’un fusil assure s’être calmé

Interpellé dimanche en slip et armé d’un fusil à pompe, alors qu’il « sécurisait son pavillon » suite à des détonations semble-t-il de feux d’artifice, Thomas C., néonazi repenti, a été condamné à six mois de sursis ce mercredi.

 Saint-Michel-sur-Orge (Essonne), juin 2008. Interpellé en slip, armé d’un fusil à pompe dans son jardin à La Queue-en-Brie, dimanche, l’ancien numéro 2 du groupe armé d’extrême droite dissout Nomad 88 a été condamné à six mois de sursis simple.
Saint-Michel-sur-Orge (Essonne), juin 2008. Interpellé en slip, armé d’un fusil à pompe dans son jardin à La Queue-en-Brie, dimanche, l’ancien numéro 2 du groupe armé d’extrême droite dissout Nomad 88 a été condamné à six mois de sursis simple. LP/A.V.

    Une stature de lutteur en chemise canadienne rouge, il se tient bien droit dans le box. Flanqué d'un masque, il souffre de problèmes respiratoires, le crâne rasé de près, les bras croisés sur des mains, atrophiée pour l'une, amputée pour l'autre, Thomas C. « peut s'expliquer sur tout », assure-t-il lors de sa comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Créteil.

    Le père de famille de 36 ans, ex-néonazi, numéro 2 du groupuscule armé Nomad 88 dissout peu avant son procès en 2010, a écopé ce mercredi de six mois de prison avec sursis simple pour détention prohibée d'arme. Dimanche soir, il avait été interpellé dans son jardin de La Queue-en-Brie, en slip, équipé d'un gilet par balle lourd et armé d'un fusil à pompe par la police qu'il avait pourtant demandé à sa compagne d'appeler après avoir entendu des détonations de tirs de mortiers.

    À l'énoncé de « l'arsenal » retrouvé lors de la perquisition de son domicile, grenades, munitions de 22 Long Rifle, gazeuse lacrymogène, couteaux, fusil à pompe… Mais surtout de sa condamnation en 2010 pour avoir participé deux ans plus tôt à une expédition dans une cité de Saint-Michel-sur-Orge (Essonne), on s'attend au pire.

    Fiché S

    Fiché S, celui qui se faisait appeler autrefois Tiskin avait avec son groupe armé néonazi arrosé à l'arme lourde un groupe de jeunes pour une histoire de caillassage. Personne n'avait été blessé malgré les 35 étuis de pistolet-mitrailleur ramassés sur place. Il avait alors été condamné à trois ans de prison dont vingt-quatre mois ferme après en avoir passé dix-huit derrière les barreaux. De quoi amener la préfecture de l'Essonne à notifier à cet habitué du stand de tir de Gif-sur-Yvette une interdiction de port d'arme en 2017. Interdiction qu'il a préféré ignorer, arguant sans ambages que « lorsqu'un document ne me plaît pas, je l'éjecte ».

    A l'audience, c'est un tout autre portrait de cet ambulancier, ancien champion handisport d'haltérophilie que dépeint pourtant avec une dramaturgie attendue son avocat Maître Jérôme Triomphe.

    Né sans pieds

    Celui d'un « battant » né sans pieds, amputé bébé pour pouvoir espérer marcher sur des prothèses, aux mains atrophiées, souffrant de graves problèmes respiratoires « qui aurait pu vivre des allocations handicapé » toute sa vie et qui a « préféré vouer sa vie à aider les autres ». En s'investissant comme bénévole à la Croix rouge, notamment lors des inondations de 2016 ou de l'ouragan Irma à Saint-Barthélemy en 2017.

    Comme il a « seulement voulu protéger sa famille dont son fils de 2 ans lui aussi né handicapé » ce dimanche soir en enfilant à la hâte un gilet pare-balles, acquis lorsqu'il travaillait dans pour une société de sécurité sur un site Seveso, et se munissant de sa Winchester SXP équipée d'une lampe tactique pour « scanner à 360 degrés et sécuriser son pavillon » comme il s'est justifié devant le tribunal.

    Un vocabulaire militaire

    Thomas C. a le verbe laconique. Utilise un vocabulaire militaire. Thomas C. est un amateur d'arme. Collectionne les grenades qu'il pensait « démilitarisées », les douilles et les cartouches de calibre 12, les insignes de la police. Chez lui, on a retrouvé une vingtaine de couteaux « pour le jardin et pour la pêche » et des armes d'airsoft.

    Pour son avocat pourtant, pour son patron et son collègue prêts à témoigner à la barre, Thomas C. « n'est pas cette chimère à laquelle on voudrait le ramener ». Il semblerait que le repenti, chez qui d'ailleurs aucune littérature liée à l'extrême droite radicale n'a été retrouvée selon une source policière, ait convaincu le tribunal. « Il faut que vous tourniez la page des armes, vous avez bien mieux à faire », a assorti le président à son jugement.