VIDÉO. Peut-on confondre un vin à 1,99 € et un vin à 70 € ?

FOOD CHECKING. C’est étonnant mais la réponse est « oui » ! Pour le prouver, on a rendu visite à un vigneron, Benoît Trocard, interviewé un connaisseur, Fabrizio Bucella, et organisé une dégustation à l’aveugle avec un grand sommelier, Gabriele Del Carlo.

    Un énorme tracteur enjambe les rangées de vignes et avance dans un bruit de moteur et de soufflerie. « La machine à vendanger secoue les pieds, les grains de raisin tombent sur des tapis et il ne reste que la rafle », commente le vigneron bordelais Benoît Trocard en montrant, derrière le véhicule, le squelette de la grappe dépouillé de tous ces fruits.

    Quelques minutes plus tard, l’engin bascule sa récolte dans une benne : c’est une immense cascade de fruits noirs ! « C’est très pratique ! Avec un seul conducteur, on arrive à ramasser cinq hectares par jour pour notre vin Château Trocard. » Au domaine, la bouteille du millésime 2 020 est vendue 8 euros. « C’est un de nos vins les moins chers, commente notre interlocuteur. Mais nous produisons aussi un pomerol, le Clos de la vieille église, vendu ici 70 euros. » Comment expliquer de tels écarts de prix ?

    Benoît Trocard a trois explications. D’abord, la main-d’œuvre. Dans les vignes de pomerol, ça n’est pas une machine à vendanger qui est à l’œuvre mais une « troupe » de 20 vendangeurs qui opère à la main, en coupant et triant chaque grappe, rafle incluse. « Cela a forcément un coût », remarque Benoît Trocard.

    Ensuite, il y a l’élevage en barrique. Une fois le vin pressé et vinifié, il est transféré dans des tonneaux pour y vieillir plusieurs mois. « Chacun coûte 800 à 1 000 euros pièce et ne peut être utilisé qu’une fois. Cela se répercute directement sur le prix de la bouteille de Clos de la vieille église à 70 euros. » À l’inverse, le château Trocard a 8 euros reste dans sa cuve de vinification en inox avant d’être embouteillé.

    Enfin, il y a l’appellation. « À l’est de bordeaux et adjacent à Saint-Emilion, Pomerol est un territoire vraiment minuscule. A l’échelle planétaire, la demande est importante et quand il n’y a pas assez d’offre les prix s’envolent. On vend 6 000 bouteilles de Clos de la vieille église à 70 euros et 300 000 bouteilles de château Trocard à 8 euros. La rareté se paye. »



    Mieux que ça : nous autres, consommateurs, sommes un peu masochistes, puisque plus le prix augmente plus notre plaisir augmente. C’est ce que nous a expliqué le génial Fabrizio Bucella, professeur à l’université libre de Bruxelles et Tiktokeur ès vin (@fabrizio_bucella) avant de jouer au Juste prix avec une autre éminence du vin, Gabriele Del Carlo, directeur de la sommellerie du groupe Raffles – Orient Express (Instagram : @delcarlofficiel). Pour en savoir plus, appuyez sur « play ».