VIDÉO. « Un émeutier a essayé de rentrer chez nous » : à Nouméa, ces métropolitains ont eu la peur de leur vie

Alors que Nouméa a vécu son troisième jour d’insurrection, un couple de métropolitains sur place depuis trois mois raconte le chaos dans la capitale. Pour protéger leur quartier des émeutes, ils se sont organisés en « milice citoyenne » avec leurs voisins.

    « On a peur pour notre maison, on a peur pour nos vies. Ils caillassent et lancent des cocktails molotov », racontent Caroline et Nicolas* qui s’apprêtent à vivre leur troisième nuit d’émeutes. Installés depuis trois mois à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, ce couple de métropolitains se retrouve au cœur d’une violente crise insurrectionnelle.

    Depuis le 13 mai, l’archipel français est touché par de violentes émeutes dans lesquelles au moins quatre personnes sont déjà décédées, dont un gendarme de 22 ans. Le jeune officier, membre de l’escadron de Melun (Seine-et-Marne), intervenait dans le secteur de Plum, à l’Est de Nouméa, le 15 mai, lorsqu’il a été tué d’une balle en pleine tête. Une colère provoquée par le vote à l’Assemblée nationale d’une réforme électorale. Ce texte, qui donnera le droit de vote aux résidents de l’île présents depuis au moins dix ans, a déclenché la colère des militants indépendantistes qui y voient une « recolonisation » de l’archipel.

    « La violence et les actes de vandalisme augmentent de jour en jour. Ils crament tout, même les pharmacies, les vétérinaires, les stations-service. Il y a des quartiers où il n’y a plus d’électricité, ils ont coupé les arrivées d’eau aussi », raconte le couple, barricadé à son domicile situé dans le quartier central de Vallée des Colons. Derrière ces actes de vandalisme, des groupes de très jeunes indépendantistes radicaux qui sèment la terreur dans la capitale. « On a un voisin qui s’est fait braquer sa voiture. Un jeune émeutier a essayé de rentrer chez nous. On voit la fumée, on voit les tirs, cela fait trois jours que cela dure », confie Caroline et Nicolas.



    Et pour se nourrir c’est le système D. Le couple vit sur ses réserves et grâce aux petites épiceries parfois encore ouvertes. Du côté des grandes chaînes ont a tiré le rideau pour essayer d’échapper aux pillages : « La plupart des gros magasins, Carrefour, Auchan, sont fermés. Il y a des gens comme vous et moi, qui protègent le dernier gros magasin ouvert, Géant, pour pas qu’il ne soit pillé », rapportent-ils.

    « On s’est regroupés pour protéger notre quartier »

    En effet, face à l’ampleur du chaos, des groupes sont organisés dans la capitale calédonienne pour protéger les commerces et les logements des émeutiers. « On a mis des barrières et des palettes devant nos rues pour barricader notre quartier. On a créé un groupe avec nos voisins pour échanger sur la situation ». détaille la Française. « Une milice citoyenne » qu’elle assure pacifique : « On porte un brassard blanc pour signaler qu’on est juste là pour surveiller, qu’on ne cherche pas l’affrontement. On ne va pas prendre de risque, on n’est pas armés ».

    Mais les deux Français l’assurent, cette démarche fait d’eux des cibles : « Ceux qui sont là pour la casse se sont donnés comme consigne de nous tirer dessus. Il n’y a même plus de cause politique derrière ces actes, il n’y a pas d’ethnie visée, c’est juste de la violence gratuite », se désole Nicolas. Pour éviter que la situation ne dégénère un peu plus, l’Élysée a annoncé l’état d’urgence et instauré un couvre-feu dans la capitale. « Cela fait seulement trois mois qu’on est là, on a extrêmement mal au cœur de voir les beaux endroits qu’on n’a pas eu le temps de visiter partir en fumée », s’attriste Nicolas avant de s’interrompre soudainement : « Ils reviennent dans notre quartier, il faut qu’on descendent voir ».

    *Les prénoms ont été modifiés.